Nous rencontrons Olivier durant sa pause entre midi et deux. Voilà maintenant plusieurs années qu’il est arrivé au Cambodge. Il est aujourd’hui à la tête de plusieurs entreprises. Il est également Directeur Général Asie de Poema assurance.
My Little Big Trip : Bonjour Olivier, quand as-tu souhaité partir pour le Cambodge ?
Olivier Valeix Galman : Mon histoire avec le Cambodge a commencé il y a très longtemps. J’avais 12 ans lorsque mes parents ont décidé de recueillir un enfant qui fuyait le Cambodge pendant la période des khmers rouges. Il avait 20 ans quand il est arrivé chez nous. Depuis, je me suis toujours dis que je viendrais au Cambodge. L’installation s’est faite progressivement. Je suis venu plusieurs fois en vacances et j’ai décidé de m’installer ici en 2007.
MLBT : Tu avais déjà quitté la France pour vivre dans un autre pays ?
Olivier : Oui, déjà je suis Israélien d’origine. J’ai vécu 5-6 ans en France et j’ai ensuite décidé d’aller vivre en Polynésie Française, à Tahiti. J’ai fait mon service militaire là-bas, je suis retourné en France pendant 2 ans et en Polynésie par la suite.
MLBT : Comment en es-tu arrivé à avoir ta propre compagnie d’assurance ?
Olivier : J’ai fait des études de médecine à l’origine. Pendant mes années d’internat, j’ai fait de l’informatique médical et de fil en aiguille, cette opportunité m’a permis d’avoir une opportunité chez Poema. J’y ai travaillé quelque temps et on m’a proposé de monter une annexe du groupe en Asie. J’ai ouvert des bureaux en Thaïlande, Laos, Cambodge et au Myanmar (depuis 2 mois).
MLBT : Tu emploies donc des khmers, la différence culturelle ne pose pas de problème ?
Olivier : Tous mes associés sont franco-khmer. J’ai monté toutes mes sociétés avec mon frère. Il y a des différences culturelles mais c’est ça qui est intéressant, c’est ça que je suis venu chercher et je m’y attendais en venant habiter ici. Il faut savoir s’adapter à la culture étrangère autant dans la vie que dans le travail. Au Cambodge, les gens sont très ouverts et favorisent l’échange et l’intégration. C’est dû à leur histoire.
MLBT : Est-ce que tu as connu des gens qui sont venus s’implanter ici et qui se sont plantés ?
Olivier : Oui. J’ai vu plein de personnes arriver pleines de bonne volonté et qui se sont planté au bout de 6 mois. Les gens tombent dans le piège de la facilité. Ils ne connaissent pas le business qu’ils doivent monter, ne comprennent rien à la culture ou montent des business qui ne sont pas originaux et où la concurrence est rude. J’ai racheté deux affaires comme ça.
MLBT : Est-ce que tu aurais un conseil a donner à une personne qui veut s’implanter au Cambodge et y monter son entreprise ?
Olivier : Il faut être vigilant et ouvert. Il faut avoir la tête sur les épaules, être bien organisé et ne pas se faire avoir. Il est très important de comprendre la façon de vivre du pays et ne pas essayer de la changer. Moi c’est quelque chose que j’adore, m’adapter au pays en remettant en cause mes acquis. Au niveau business, j’ai eu la chance d’avoir mon frère. C’est mon point de sécurité. Il est khmer et je suis français, à nous deux, toutes les portes nous sont ouvertes dans ce pays. Il faut savoir que tout peut changer du jour au lendemain ici au Cambodge. Il faut savoir être en alerte et surveiller ses arrières. Également, il est très important de rester discret, il vaut mieux monter plusieurs petits business qu’un seul gros. De cette manière, on n’attire pas l’attention sur notre business et on évite d’attiser les mauvaises intentions.
Il faut aussi ben se rendre compte que l’environnement politique et économique peut changer très rapidement. A titre d’exemple, j’ai rencontré un couple qui avait décidé de monter un casino. Ils ont fait toutes les démarches administratives et ont dépensé beaucoup d’argent pour l’installation. Trois jours après l’ouverture, un décret passait qui interdisait les casinos. Ils ont tout perdu.
MLBT : Mais ils ne pouvaient pas le prévoir n’est-ce pas ?
Olivier : Non, c’est pour ça qu’il est très important de TOUT sécuriser, essayer de s’assurer contre le risque politique. Pour ma part, je ne serais pas là si je n’avais pas eu un frère khmer. Je n’aurais jamais rien monté au Cambodge. Aujourd’hui ,je ne travaille et ne m’associe qu’avec des franco-khmer.