Franck Touch est un Franco-Khmer qui a renoué avec son pays d’origine il y a un peu plus de 10 ans. Il est aujourd’hui à la tête de Khmer Dev’ et dirige plus de 150 personnes. Il accepte de répondre à nos questions.
MLBT : Bonjour Franck, pourquoi t’es-tu expatrié au Cambodge et pourquoi as-tu décidé d’entreprendre en Asie ?
Franck Touch : En ce qui me concerne, j’ai remarqué deux motifs d’expatriation chez les expatriés qui m’entourent. Le premier est celui de la fuite. Les gens fuient la France ou l’Europe, le mode de vie occidental. Ils en ont assez du stress et de la pression quotidienne et viennent chercher un nouveau mode de vie. Le second choix d’expatriation est lié plus spécifiquement au pays d’accueil. Les expatriés choisissent alors un pays pour ses valeurs, pour les personnes, pour le rythme de vie…
Dans mon cas, c’est la deuxième option qui a été décisive du fait de mon histoire personnelle.
MLBT : Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Franck : Je suis Franco-Cambodgien, de mère française et de père cambodgien. Je n’ai jamais connu mon père car il a disparu pendant la période des Khmers Rouges. En 2001, je pars avec ma mère faire un voyage au Cambodge. Lors de ce séjour, je suis parti à la recherche de ma famille. J’ai eu la chance de la retrouver et ça m’a marqué à vie. En reprenant l’avion pour rentrer en France, je savais que je reviendrai. 3 mois plus tard, j’ai posé ma démission.
MLBT : Que faisais-tu en France à ce moment-là ?
Franck : Je vivais à Nantes. Je travaillais dans une entreprise qui faisait de la veille commerciale. On relevait dans la presse des opportunités de business et des appels d’offres. J’étais Directeur du Système Informatique dans cette entreprise. Ça a très bien marché, aujourd’hui l’entreprise représente 6000-7000 clients avec les plus grands groupes du BTP. Au fur et à mesure, mon activité a évolué vers des fonctions d’out-sourcing et j’ai travaillé avec la Tunisie et la Roumanie. Ça m’a donné une certaine expérience du business avec les pays émergents.
MLBT : Qu’a dit ton patron quand tu as annoncé que tu partais ?
Franck : En réalité, j’ai démissionné au bout de 3 mois après mon retour du Cambodge. Pendant tout ce temps, je n’étais pas vraiment présent. J’étais hanté par le Cambodge ! Un beau jour, je suis allé trouver mon patron et j’ai démissionné. Il tombait des nues. Il m’a demandé pourquoi. Je lui ai répondu que je voulais aller vivre au Cambodge mais que je ne savais pas encore trop ce que j’allais y faire. Il m’a donné son accord.
Le soir même, il m’a invité dans un superbe restaurant à Nantes et au bout de quelques minutes, il m’annonce qu’il refuse ma démission. Je lui explique que je lui trouverai un remplaçant et que, de toute façon, je ne demande pas d’indemnités. Il refuse de nouveau. Il finit par m’annoncer qu’il veut m’envoyer au Cambodge pour la boite. Il voulait créer une sous-traitance de programmation informatique là-bas. Il avait besoin d’une personne de confiance et, étant donné que j’étais là depuis la naissance de l’entreprise, il me connaissait et savait que je me battrais pour que ça fonctionne.
MLBT : Quelle bonne nouvelle ! Tu as dû être soulagé !
Franck : Oui c’était inespéré ! Je suis parti deux mois plus tard faire une étude de marché pour qu’on puisse s’assurer de la faisabilité du projet. En rentrant, je présente le business plan sur 3 ans et on a décidé de lancer le projet.
MLBT : Comment s’est passé le lancement une fois sur place ?
Franck : J’ai commencé avec deux informaticiens, on travaillait avec le minimum. Au début, nous n’avions même pas la climatisation ! J’ai commencé par développer le business pour le marché français et je me suis lancé sur le marché local. Nous avons les activités d’une SSII classique. Nous faisons du développement de base de données, de la création d’intranet, de la sécurité réseau, du web ranking, de la formation, de l’audit-consulting, de la numérisation…
MLBT : Est-ce que tu aurais un conseil à donner à une personne qui souhaite monter son entreprise au Cambodge ?
Franck : A mon avis, il ne faut pas créer sa société à l’arrivée. Dans un premier temps, il vaut mieux travailler pour quelqu’un et voir comment ça se passe, quels sont les us et coutumes du pays. Ça permet également de créer son propre réseau, ce qui facilitera la tâche par la suite pour avoir des clients. Ici, si tu n’as pas de réseau, tu n’auras pas de clients. Donc le mieux est de passer un ou deux ans dans une entreprise pour comprendre le business, le network, le client, les salaires, les prix, les ressources humaines etc. Pour le reste, il faut savoir faire preuve d’énormément de patience et de persévérance.
MLBT : Pourquoi venir entreprendre en Asie ?
Franck : Au Cambodge l’administration est très facile ! Beaucoup plus qu’en France et même que dans la plupart des pays voisins. C’est un très bon marché pour les PME-PMI. En effet, avec un marché de 14 millions d’habitants, les gros groupes ne sont pas très intéressés pour s’implanter au Cambodge. En plus de cela, si tu es capable de travailler et de t’investir, il est très facile de gravir les échelons.
Tres bonne organisation ayant fait affaire avec eux via des entreprises ou ONG pour la création de site internet. Par contre cela ne fonctionne pas aussi bien dans les provinces reculées ou j’ai moi même développé une société d’informatique après y avoir vécu 2 ans (Mondulkiri). Elle prenait en charge la vente, réparation et formation en informatique ainsi que l’accès a internet en fibre optique. La partie internet a très bien fonctionne (Jeux vidéos Khmer – Sabay) mais le reste n’a jamais réellement décollé malgré de très bon contact local au sein d’organisation ou gouvernement et des prix très bas (2,5$ par formation de plus de 10h). Les besoins sont peu important pour le moment (2013-2014) et la communauté ethnique local que j’ai voulu aider en les faisant travailler pour moi et en les formant complètement n’était pas vraiment motivée malgré un salaire plus élevé que la moyenne. Mon erreur a été de vouloir embaucher du personnel local (pour les aider) au lieu de me faire aider par des cambodgiens de Phnom Penh ayant de hautes qualifications en marketing meilleur que les miennes étant informaticien de métier. Donation du contenu de la société a des ONG et retour a Phnom Penh assez triste du piètre résultat. Je pensais pouvoir aider beaucoup plus au développement de la province via cette société. Cordialement Thomas