Nous sommes à « La Patate » à Phnom Penh, repaire des francophones de la ville. Philippe Janowski, accepte de nous raconter comment il a monté son entreprise « Cambodia Pocket Guide », qui comme son nom l’indique consiste à créer et à distribuer des guides de poches sur le Cambodge. Mais l’histoire de Philippe commence bien avant… Replongeons nous en 1986…
Philippe : Tout a commencé en 1986. J’étais étudiant à l’université, j’étudiais le portugais pour devenir traducteur interprète. Et comme on n’apprend jamais mieux qu’en allant dans le pays, je suis parti pour le Portugal, ma moto et moi. J’avais 20 ans et je vous garantit qu’à l’époque, c’était la grande aventure! Ce voyage m’a ouvert les yeux sur le voyage en solitaire, j’étais transformé et je n’avais qu’une envie c’était de repartir. Je m’étais fixé l’objectif de repartir quand j’aurais du temps et de l’argent.
My Little Big Trip : Beaucoup de personnes se le disent aujourd’hui et ne le font jamais. De toute évidence tu y es arrivé. Que s’est-il passé ensuite ?
Philippe : J’ai fait mon service militaire et en revenant j’ai acheté une moto et je suis parti faire le tour du Brésil pendant 1 an. Toujours dans l’objectif d’améliorer mon portugais. Au bout d’un an je suis rentré en Belgique, je m’étais engagé auprès de ma copine à revenir au bout d’un an et j’ai tenu parole. Mais j’étais resté sur ma faim. De nouveau, je savais que j’allais repartir.
My Little Big Trip : En couple cette fois ?
Philippe : Non, le couple n’a pas duré, elle n’avait pas les mêmes ambitions que moi. Moins d’un an et demi après mon retour, je suis reparti au Brésil et j’ai enchainé par un tour d’Amérique du Sud pendant 1 an. Je suis rentré au bout d’un an parce que j’ai eu une opportunité professionnelle. Sans cela je ne serais pas rentré. J’ai travaillé pendant 1 an et je suis reparti.
My Little Big Trip : Waow, quel parcours! Tu es allé où?
Philippe : J’ai racheté une moto pour aller en Inde. J’avais prévu 2 ans. Puisque les 2×1 an n’avaient pas été suffisantes, ça me semblait juste. Cette fois-ci, je n’avais plus de limite. Rien ne m’attendait, ni job, ni personne.
My Little Big Trip : Et finalement ton voyage a duré combien de temps ?
Philippe : Il a duré 7 ans ! Quatre ans après mon départ, je me suis décidé à rentrer. Sauf qu’en 2001, à cause des attentats du 11 septembre, la situation était dégradée au Pakistan et en Iran. Impossible de traverser ces pays. Or, c’était ma route… Je me suis dit que si je ne pouvais pas traverser, je ne rentrais pas. Je suis donc reparti pour la Mongolie et j’ai continué mon périple pendant 3 ans.
My Little Big Trip : En fait tu n’es jamais retourné en Belgique ?
Philippe : (rire) Non jamais. Je suis arrivé au Cambodge, je me suis associé et j’ai lancé une ligne de guides de poche et de plans de poche. C’était il y a 9 ans. Les guides de poches n’existaient pas, on les distribue gratuitement et nous nous finançons grâce à la publicité. Aujourd’hui, nous sommes présents à Phnom Penh, Siem Reap et Battambang.
My Little Big Trip : Tes guides s’adressent à quel genre de public ?
Philippe : Les expatriés et les voyageurs en général. Il y en a pour tous les goûts avec des gammes de prix pour satisfaire les backpackers comme les diplomates (dit-il en nous tendant un de ses guides). J’ai également lancé une revue qui s’appelle « Elite » et qui est destinée à un public plus aisé.
My Little Big Trip : Tes guides sont vraiment de bonne qualité ! Du coup, une fois que tu en as fait un tu es tranquille n’est-ce pas ?
Philippe : Non ce n’est pas si simple ! Nous les rafraichissons tous les 3 mois et il y a une dizaine de produits donc ça demande beaucoup de rigueur. Il y a également des annonceurs et des réductions disponibles dans les guides donc il faut sans cesse entretenir de bonnes relations avec nos partenaires.
My Little Big Trip : Finalement, quel est le secret pour réussir en entreprenant à l’étranger comme tu l’as fait ?
Philippe : La première chose est d’avoir un peu de chance et la seconde est de s’investir à fond. Monter une entreprise, que ce soit en France ou à l’étranger demande beaucoup de travail et de rigueur. Il y a toujours des obstacles (les clients, le gouvernement, les fournisseurs…). Il faut toujours relativiser et s’engager dans le travail sans jamais lâcher le morceau. Il faut s’investir dans la qualité et ne pas faire de concession.
My Little Big Trip : Et quelle a été ta chance ?
Philippe : J’ai eu beaucoup de chance avec mes associés et partenaires qui s’investissent dans la qualité et qui ne se laissent pas distraire. Ils sont très rigoureux.
My Little Big Trip : Donc tu es bien implanté au Cambodge, tu comptes y finir ta vie ?
Philippe : Oui. J’ai une femme qui est Cambodgienne et on a un bébé de 5 mois Ma vie est ici maintenant.