J’ai monté ma société d’import-export

Arnaud d’Arles est arrivé au Cambodge en 1994, il a monté une entreprise d’import-export et il est aujourd’hui à la tête du groupe Thalias qui regroupe 6 différents business. Il nous explique comment il en est arrivé là et quelles sont les clefs de son succès.Entreprendre en Asie - Arnaud d'Arc - Thalias

My Little Big Trip : Bonjour Arnaud, pourquoi as-tu voulu t’expatrier entreprendre en Asie, plus particulièrement au Cambodge?

Arnaud d’Arles : Pour commencer, j’ai toujours voulu avoir ma propre affaire. J’ai fait l’INSEEC, une école de commerce à Bordeaux et j’étais à la Junior Entreprise (JE) en tant que président. Cette expérience m’a donné envie de m’expatrier et de trouver un terrain fertile pour entrepreneuriat.

En troisième année, il fallait que je fasse mon service militaire. Au départ, je voulais trouver un poste au Vietnam mais je n’ai pas réussi. J’ai envoyé des CV pour un stage et j’ai obtenu un poste en tant que contrôleur de gestion chez Accord, à Phnom Penh, au Cambodge. Mon objectif à l’issue de ce stage était de négocier un contrat VSNA. Au bout de trois mois, j’ai été embauché avec un contrat d’expatrié et j’ai enchainé sur 18 mois de VSNA.

MLBT : C’était en quelle année ? Comment était le Cambodge à cette époque ?

A.d’A : Je suis arrivé en 1994 et j’ai arrêté mon contrat avec Accord en 1997. A l’époque, il n’y avait pas d’électricité au Cambodge, pas de route, pas d’aéroport. C’était l’équivalent du Myanmar actuellement.

MLBT : Ça ne devait pas être facile de vivre et de travailler dans ces conditions ! Qu’as-tu fait ensuite ?

Entreprendre en Asie - Arnaud d'Arc - MalisA.d’A : En 1997, j’ai eu l’opportunité de créer une entreprise d’import-export pour la restauration à Phnom Penh. Je faisais venir les produits de France et je fournissais tous les hôtels de Phnom Penh en produits français de toutes sortes. Ça allait du shampoing au Camembert. J’ai commencé avec peu de moyens, simplement avec ce que j’avais mis de côté pendant mes 3 premières années, soit 10 000$.

MLBT : Tu travaillais seul ? Comment as-tu réussi à te financer avec seulement 10 000$ ?

A.d’A : Non, je travaillais avec ma belle-sœur. Par rapport au financement, je m’étais fait des contacts pendant mes 3 premières années chez Accor. Ces contacts ont soutenus mon projet avec des faveurs de paiement dans un premier temps. Par exemple, je pouvais les payer une fois que mes clients me payaient ce qui me permettait de ne pas avoir de besoin en fond de roulement. Ça m’a énormément aidé. Quand on n’a pas les moyens financiers, il faut avoir des moyens humains.

Le souci c’est qu’au bout de 6 mois, il y a eu des problèmes politiques avec conflits armés. Les hôtels se sont vidés et, comme les hôtels étaient mes clients, s’ils n’avaient eux-mêmes plus de clients, ils n’avaient plus besoin de moi. L’entreprise ne faisait plus de bénéfices mais nous avons décidé de rester au Cambodge. Le pays regorgeait d’opportunités et l’aventure nous plaisait.

MLBT : Tu as donc choisi de re-monter une entreprise ?

A.d’A : Nous avons créé « Le Topaze ». C’était le premier restaurant du pays où il y avait la climatisation ! Ça a tout de suite très bien fonctionné. Nous avons ensuite créé un gourmet shop et un boutique-hôtel. Le principe était de faire un complexe de 20 chambres très luxueuses sur les quais avec un grand restaurant.

MLBT : Tu n’as pas voulu essayer de monter quelque chose dans les pays voisins ?Entreprendre en Asie - Arnaud d'Arc - Malis

A.d’A : On a voulu essayer quelque chose en Thaïlande, à Bangkok. On a monté un restaurant français qu’on a revendu 6 mois plus tard. La vie à Bangkok ne nous convenait pas, c’était infernal, le bruit, les transports… Nous avons choisi de revenir à Phnom Penh.

MLBT : Pour t’occuper de tes précédents business ?

A.d’A : Oui, entre autres. Nous avons créé « Le Malis » -restaurant dans lequel nous avons passé l’interview- en 2006, l’hôtel « La Maracuya » en 2002, nous avons déménagé « Le Topaze » dans un endroit plus grand et plus luxueux et nous avons créé une chaine de café entre 2007 et 2008 qui s’appelaient « Café Sentiment ».

MLBT : Quelles sont tes perspectives de développement aujourd’hui ?

A.d’A : Nous avons vendu l’hôtel à un fond d’investissement en 2007 et « Café Sentiment » a été revendu en 2009. Nous avons réinvesti l’argent dans le foncier. Avec la crise de 2008, nous n’avions pas pu faire tous les investissements que nous souhaitions. Nous les reprenons maintenant en construisant un coffee shop qui s’appellera « Khéma» et un service appartement qui s’appellera « Elita» . Les perspectives de développement au Cambodge sont très bonnes. On ne ressent pas du tout la crise européenne. Nous étudions également la possibilité de lancer le développement d’un resort dans le sud du pays, dans la région de Sihanoukville.

MLBT : Qu’en est-il de la société d’import-export ?

A.d’A : Je l’ai relancée avec la reprise de l’économie. Nous avons fait évolué notre manière de fonctionner car, maintenant, nous choisissons les marques que nous distribuons aux des hôtels.

MLBT : Tu n’as pas chômé ! Est-ce que tu as embauché du personnel ?

A.d’A : Bien sûr ! Au début je travaillais avec beaucoup d’expatriés et j’ai en même temps embauché des khmers que j’ai formés. Aujourd’hui, plusieurs d’entre eux sont managers.

Entreprendre en Asie - Arnaud d'Arc - Malis - Phnom PenhMLBT : Est-ce que tu aurais des conseils à donner concernant le travail et l’entrepreneuriat dans un environnement  multiculturel ?

A.d’A : Il faut aider les gens à se former et être capable de s’adapter au pays. Les khmers sont des gens qui travaillent très bien et qui sont très appliqués. Quand ils font quelque chose, ils le font avec amour et son très fiers de leur travail.

MLBT : Qu’en est-il de la limite entre la vie professionnelle et la vie privée ?

A.d’A : Tout dépend de son style de management. Chaque entrepreneur aura une manière différente de manager ses équipes. En ce qui me concerne, je fonctionne sur le paternalisme, c’est-à-dire qu’on est comme une grande famille. Lorsqu’un employé vient me voir avec un problème, même si il est d’ordre privé, je fais tout mon possible pour l’aider à résoudre son problème. Néanmoins, le Cambodge est en train d’évoluer et tend vers une organisation plus traditionnelle, d’autant plus que nous sommes de plus en plus nombreux et qu’il est difficile d’avoir du temps pour chacun des 200 employés. J’ai dû embaucher une personne qui s’occupe exclusivement des ressources humaines. Les ressources humaines au Cambodge comprennent l’embauche, le suivi professionnel, personnel et médical.

MLBT : Quel est le secret de la réussite selon toi?

A.d’A : Pour moi, il n’y a pas UN secret, c’est un ensemble de choses. La première chose c’est d’aimer travailler. Quand on est entrepreneur, on ne s’arrête jamais, l’entreprise est toujours présente même pendant les vacances et les moments de pause. Ensuite, il faut garder un esprit ouvert, ne pas essayer d’imposer notre savoir-faire, rester humble. Mais il faut tout de même garder un niveau d’exigence élevé.

MLBT : Selon toi, quelle est l’erreur classique des personnes qui ont échouées ?

A.d’A : Il y a énormément de personnes qui arrivent au Cambodge en situation d’échec. Ils viennent ici en dernier recours et ne sont donc pas dans de bonnes dispositions pour réussir ici.Entreprendre en Asie - Arnaud d'Arc - Malis - Phnom Penh

MLBT : Qu’est-ce que tu aimerais dire aux personnes qui envisagent l’expatriation ou l’entrepreneuriat en Asie, plus particulièrement au Cambodge ?

A.d’A : Il faut venir parce qu’on a envie de venir et non pas pour fuir quelque chose. L’idéal est de venir quand on est jeune parce qu’il faut beaucoup d’énergie. Il ne faut pas venir en pays conquis. Les gens ici veulent progresser et il faut prendre conscience que, de nos jours, l’énergie, l’économie, et la croissance sont de leur côté, pas du notre. Il faut être ouvert et courageux pour ne pas se décourager au 1er effort. Il faut aussi être très exigeant en termes de qualité. Enfin, pour avancer, il faut avoir une certaine éthique des affaires. Concernant l’apport financier, il est évident qu’aujourd’hui, 10 000$ ne suffiront pas à monter un business ici, le pays a énormément évolué. Une personne qui cherche la même situation qu’il y a 20 ans devrait aller au Myanmar qui est dans la même situation que la Cambodge il y a 20 ans.

     Maxence Pezzetta

Category: Entrepreneurs
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3 Responses
  1. DORIER says:

    Bonjour,
    Je suis en train de lancer une charcuterie à kep, et je voulais savoir si vous connaissiez un moyen pour avoir des boyaux pour les chipolatas (boyaux de mouton).
    Cordialement.
    Christophe DORIER

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