Qu’est-ce qui amène un Directeur Général d’une grande entreprise de Telecom à devenir un membre du directoire d’un stade et à y organiser des événements ? Nous avons rencontré Gaël dans cet immense établissement. Arrivés dans les locaux, deux équipes s’affrontent au basket sur le terrain et un événement est organisé à l’étage dans le cadre de Halloween.
My Little Big Trip : Bonjour Gaël, en quoi consiste cette affaire? Est-ce un stade ou un lieu d’organisation d’évènements ?
Gaël J. Campan: Les deux. Le concept est l’organisation d’événements dans le stade. Nous avons aménagé l’établissement de manière à ce qu’il y ait un espace VIP à l’étage. Toute la stratégie est basée sur les événements, même si elle a évolué entre le lancement et maintenant.
My Little Big Trip : Mais, avant toute chose, peux-tu nous expliquer comment tu en es arrivé là ? Comment as-tu été amené à t’intéresser à un stade ?
Gaël : Un concours de circonstances en réalité. Je n’ai pas eu, pour ainsi dire, une vie toute tracée. Certaines personnes ont une vocation et exercent le même métier toute leur vie. Ça n’a pas été mon cas. Quand j’avais 16 ans, j’aurai pu être footballeur professionnel. J’ai arrêté rapidement parce que le milieu ne me convenait pas. J’ai également décidé de poursuivre mes études.
My Little Big Trip : Quelle orientation as-tu choisie ?
Gaël : J’ai fait la fac de droit d’ Aix-Marseille. C’est un système qui me convenait très bien car je suis très indépendant. Je vais toujours à fond dans ce que je fais, j’aime les challenges, c’était parfait pour moi. Je suis allé jusqu’au doctorat et je suis devenu économiste. Un jour, j’ai eu une opportunité dans le Consulting. C’était au moment de la fusion entre Bossard et Gemini Consulting, à la naissance de ce qui est ensuite devenu Capgemini. C’était une période très intéressante car les deux boites n’avaient pas le même mode de fonctionnement et deux visions du conseil s’affrontaient.
My Little Big Trip : Combien de temps es-tu resté chez Capgemini ?
Gaël : J’y suis resté 3 ans. Au bout de 3 ans, je voulais être entrepreneur. J’ai donc monté ma propre boite de conseil avec plusieurs collègues. C’est à ce moment qu’un de nos anciens clients dans les télécoms est venu nous trouver, mon équipe et moi, pour l’aider à prendre le contrôle et à gérer 12 sociétés en Afrique subsaharienne. Cette mission a duré deux ans. Ensuite, j’ai vendu mes parts et immigré en Israël pour des raisons personnelles. J’y étais consultant indépendant pendant deux ans. Plus tard, une entreprise de télécoms m’a demandé de la rejoindre et de travailler en Sierra Leone comme directeur général, puis encore au Congo Kinshasa.
My Little Big Trip : Et quand est-ce que tu es arrivé au Cambodge ?
Gaël : Avec mon expertise des télécoms et des marchés émergents, un chasseur de tête m’a proposé de rejoindre Vimpelcom pour monter une filiale au Cambodge pour eux. J’étais CEO c’est-à-dire Directeur Général. J’ai travaillé trois ans et demi pour eux et j’ai arrêté en mai 2012. L’opportunité du stade est venue quelques semaines plus tard, quand ses actionnaires m’ont demandé si je voulais les aider à en superviser le développement.
My Little Big Trip : Est-ce que ce n’est pas angoissant d’aller dans les pays en voie de développement, voir sous-développés pour monter des business ? Rien n’est fait et ça peut être dangereux n’est-ce pas ?
Gaël : Il y a des bons et des mauvais côtés c’est sûr. Il est important de se connaître. Moi j’aime le challenge, j’aime les situations complexes qui demandent de la réflexion. Je n’ai pas d’appréhension à aller dans des pays hostiles. J’ai vécu 2 guerres civiles à Kinshasa. Il faut avoir un certain état d’esprit, une certaine manière de fonctionner. L’environnement est certes souvent hostile mais les conditions de travail sont exceptionnelles. C’est ce qui permet d’y réussir.
En plus, l’évolution n’est pas la même dans les pays émergents. Je n’aurais jamais pu devenir DG d’un opérateur télécoms si j’étais resté en France.
My Little Big Trip : Pour le stade, le concept est donc l’organisation d’événements. Comment te rémunères-tu ?
Gaël : Pour le moment, le but est de se faire connaître. On organise une petite dizaine d’évènements par mois. Nous proposons des événements liés au sport : boxe, volleyball (sport national au Cambodge), basket etc. mais aussi des événements liés aux loisirs : cirque, soirées, réceptions. Nous proposons un forfait à 19$ pour un mois où il est possible d’assister à tous les. Pour le lancement, si le porteur de la carte vient avec un invité, c’est gratuit pour l’invité.
My Little Big Trip : Quel conseil donnerais-tu à une personne qui décide d’aller s’implanter à l’étranger ?
Gaël : Il faut être capable de s’adapter au pays dans lequel on choisit de vivre. Pour ma part, je ne ressens pas le besoin de rester auprès de la communauté française. Je suis bien intégré ici, au Cambodge. Il ne faut pas avoir peur de sortir de sa zone de confort et croire en sa propre faculté d’adaptation.