Au beau milieu d’un village de pécheurs, perdu en plein cœur de Ko Lanta, nous faisons la connaissance de Patrick, plus communément connu sous le nom de « Patou ». Il a monté un restaurant assez design compte tenu des moyens du bord . Comme beaucoup de Thaï,
son restaurant est aussi sa maison, une petite pièce est aménagée en guise de chambre, et la salle du restaurant fait office de salle à manger. Gros bonus, le restaurant donne sur la mer et est monté sur pilotis. Lorsque la marée est haute, la mer arrive au niveau de la terrasse, ce qui donne l’impression de manger sur l’eau. C’est là que Patrick nous a accordé cette interview :
My Little Big Trip : Bonjour Patrick, peux-tu nous expliquer comment un français en arrive à monter un restaurant dans un village de pêcheurs ?
Patou : C’est une très longue histoire ! J’ai 55 ans aujourd’hui, j’ai voyagé toute ma vie et dans le monde entier. C’est une opportunité qui s’est dessinée au fur et à mesure du temps.
MLBT : Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton itinéraire ?
Patou : Quand j’avais 19 ans, j’ai quitté la France pour visiter l’Inde. Je suis ensuite parti en Australie où j’ai eu l’occasion de construire un restaurant à Melbourne avec un collaborateur espagnol. J’y suis resté quelque temps et j’en ai profité pour apprendre l’anglais. Je suis ensuite retourné en France… pour mieux repartir . Je suis reparti en Grèce, puis en Turquie. La France restait malgré tout mon point d’attache jusqu’à mes 24 ans et je ne pouvais pas m’empêcher d’y retourner régulièrement. Je suis ensuite allé une première fois aux USA pendant 2 ans, j’étais serveur dans la restauration. Au total, je suis resté près de 30 ans aux États-Unis avec de nombreuses interruptions.
MLBT : Tu es donc allé dans d’autres pays ?
Patou : Je suis allé en Amérique du Sud où je me suis retrouvé à Buenos Aires, en Argentine. Je travaillais pour des italiens qui avaient monté une pizzeria ultra moderne. Il faut savoir qu’à l’époque ça n’existait pas à Buenos Aires. C’est la première fois qu’on combinait dans un restaurant : musique, télévision, et nourriture de bonne qualité.
MLBT : Ça doit être super d’être à l’origine d’un nouveau concept ! Tu travaillais donc toujours dans la restauration?
Patou : Pas tout à fait, j’étais maintenant dans les relations publiques. On faisait venir 200 à 300 personnes chaque soir. C’était une grande réussite ! J’y suis resté deux ans. Ensuite je suis allé à Sao Paolo, au Brésil, pour monter le même concept, ça s’appelait Pizza Piola. En 1990, je suis retourné à New-York où des contacts avec qui je bossais auparavant m’ont demandé d’ouvrir un nouveau concept à Shelter Island. J’ai accepté. Au bout de deux ans, les propriétaires à qui on louait ont décidé de vendre et ce sont des américains qui ont racheté le restaurant. Ils m’ont demandé de rester. J’y suis resté pendant 17 étés.
MLBT : 17 étés ?
Patou : Ils ouvraient à partir de avril-mai jusqu’à la fin de l’été. C’était devenu grandiose, on recevait 500 couverts à diner le week-end et j’étais devenu DJ. C’était très luxueux, très chic.
MLBT : Comment en es-tu arrivé en Thaïlande ?
Patou : Déjà, il faut savoir que j’allais tous les hivers en Asie. Un peu par hasard, ayant envie de plage, je suis allé à Ko Phi Phi, Ko Lanta et Ko Lipe où j’ai rencontré mon ami Zach. Pendant 3 ans j’ai fait les allers retours pour aller le voir en Thaïlande. Nous ne sommes pas parvenus à lui obtenir un visa pour les Etats Unis. Puis j’ai décidé de venir m’installer en Thaïlande avec lui. J’ai acheté un bateau pour organiser des trips de pêche à la ligne en haute mer mais ça n’a pas vraiment fonctionné. On est ensuite allés jusqu’en Indonésie puis on est revenu en Thaïlande parce que Zach a trouvé cette opportunité.
MLBT : C’était déjà un restaurant ?
Patou : Pas du tout. Ce n’était même pas du tout comme aujourd’hui. C’était un bâtiment public monté au moment du tsunami pour servir de refuge à des moines. Il avait été monté par les moines Bouddhistes. Aujourd’hui c’est le maire qui nous le loue à 100 euros par mois. J’ai fait énormément de travaux et maintenant je reste toute l’année ici.
MLBT : Ce n’est pas trop dur de passer de New-York à Koh Lanta ?
Patou : Non, il y a des périodes pour tout dans la vie. J’ai déjà bien fait la fête, c’est vrai que parfois ça me manque les grosses fêtes du samedi soir mais je suis content de ma vie ici.
MLBT : Comment se passe ton intégration dans un village de pêcheurs Thaï ?
Patou : Très bien, je suis très bien accepté. Ils n’ont pas vraiment de préjugés. Ils s’en fichent que je sois blanc. En plus, on donne des cours d’anglais à des petites Thaï tous les week-ends.
MLBT : Est-ce que tu aurais un conseil à donner aux gens qui souhaitent partir à l’étranger ?
Patou : Je dirais « Go for it »! Je trouve ça dommage qu’il n’y ait pas de programme d’échange qui permettent de faire voyager les jeunes. L’école du voyage reste la meilleure de la vie !
MLBT : Merci beaucoup Patou pour toutes ces réponses qui motiveront surement nos lecteurs à aller voir de l’autre côté des frontières