Un bistrot français à Vientiane!

Philippe Boucley nous a reçus dans son bistrot français, le Bistrot 22, en plein cœur de Vientiane (Laos). Entreprendre en Asie - Laos - Philippe Boucley - Bistrot 22Très très bon restaurant que nous recommandons chaudement  :grin: ! Il nous reçoit entre deux coupettes pour nous expliquer son arrivée au Laos et les différences culturelles entre les deux pays.

« J’ai commencé l’apprentissage à 16 ans et je suis très rapidement parti de chez mes parents. J’ai vite eu un besoin d’autonomie et d’être « hors du troupeau ». J’ai donc rapidement eu mon diplôme et ensuite j’ai bougé en France, en Angleterre et en Allemagne. J’ai fini par m’installer à Dijon où je suis resté 10 ans. Au bout de 10 ans, mon couple a explosé et j’ai travaillé 3 ans à Paris. J’ai retrouvé un de mes chefs de Dijon qui m’a parlé d’une personne qui cherchait un chef en Asie. J’ai pris le temps de réfléchir et comme je n’avais plus d’attache, je me suis lancé ! Je me suis dit que si je n’y allais pas j’allais le regretter. Et au pire, si ça ne me convient pas, je reviendrai.

MLBT : C’était dans quel pays ? Tu y as travaillé combien de temps ?

Philippe : C’était en Thaïlande.  Il y avait 5 partenaires, ça partait dans tous les sens, ils n’arrivaient jamais à se mettre d’accord. Il y a même eu un moment où ils voulaient faire de la nourriture vietnamienne, française, italienne et grecque ! J’ai quitté ce restaurant au bout d’un an.

MLBT : Tu es retourné en France ?

Philippe : Non, je voulais rester en Asie. J’ai travaillé quelque temps en Thaïlande et on m’a proposé un job dans un hôtel iEntreprendre en Asie - Laos - Philippe Boucley - Bistrot 22ci, à Vientiane. J’ai pris un vol Bangkok-Vientiane. J’ai passé l’entretien et je suis resté sur place 3-4 jours. Quelque chose m’a plus, je ne sais pas exactement quoi, probablement une atmosphère… J’ai accepté le poste et j’y suis resté 3 ou 4 ans. Ensuite, j’ai monté le restaurant « Chez Philippe » mais ça s’est avéré être une mauvaise association.

MLBT : Tu as toujours voulu entreprendre? Que s’est-il passé ?

Philippe : Je me suis associé avec une Laotienne. On avait mis un gros investissement et ça ne s’est pas bien passé parce qu’elle ne connaissait rien à la cuisine. Elle ne pensait qu’à faire du chiffre, elle voulait que ça rentre. J’ai réussi à m’en sortir et avec ce que j’ai réussi à récupérer, j’ai monté le Bistrot 22.

MLBT : Comment est-ce que tu t’es installé et comment est-ce que ça a évolué ?

Philippe : Si vous aviez vu ça ! C’était bien différent d’aujourd’hui. On a agrandi la pièce depuis le mois d’octobre 2012 mais avant on avait seulement 5 tables ! On a eu l’opportunité de racheter le commerce juste à côté, on en a profité.

MLBT : Quand tu dis « on » tu parles de qui ?

Philippe : Je me suis associé avec ma femme. Elle m’aide beaucoup.

MLBT : Comment ça se passe en ce qui concerne le management de Laotiens ?Entreprendre en Asie - Laos - Philippe Boucley - Bistrot 22

Philippe : Je gère 8 personnes, j’ai commencé avec seulement 5. Aujourd’hui j’en ai un qui est très bon et qui parle anglais. Il travaille avec moi depuis plus de 6 ans. Les deux autres viennent d’arriver. J’essaye de fonctionner avec eux par un management paternaliste, familial. Le secret est de communiquer un maximum pour essayer de comprendre comment cela fonctionne ici et éviter de se mettre à hurler. C’est vrai que ce n’est pas tous les jours facile. Ici, ils ne connaissent pas la course à a performance donc, si tu leur mets trop de pression, ils partent. Du coup, pour les fidéliser, il faut très bien les considérer et respecter les traditions. Par exemple, pendant le nouvel an laotien et pendant les fêtes, on ferme le restaurant pour qu’ils puissent passer ce temps-là en famille.

MLBT : Qu’est-ce que tu attends d’eux quand tu les embauches ? Ça ne doit pas être simple puisqu’il n’y a pas d’école d’hôtellerie ici.

Philippe : Pour ceux qui sont en salle, on veut qu’ils parlent anglais et qu’ils présentent bien. C’est vrai que ce n’est pas facile de trouver quelqu’un. Dès qu’ils parlent une langue étrangère, ils cherchent à se faire embaucher dans un travail de bureau. C’est beaucoup plus facile de que de travailler en salle ou en cuisine.

MLBT : Comment est-ce qu’on procède au Laos si on veut se faire embaucher ?

Philippe : Il y a plusieurs journaux locaux comme les Vientiane Mail par exemple. Mais les Laotiens écoutent surtout la radio. Depuis quelques temps, on constate l’essor d’agences d’intérim.

MLBT : Comment est-ce que les Laotiens se divertissent ?

Philippe : Comme beaucoup de personnes en Asie du Sud Est, ils adorent le karaoké. Ils font aussi beaucoup de sport comme par exemple le football, le tako et le badminton. Ils font aussi beaucoup de vélo.

MLBT : Quelle vision des français ont les laotiens ?

Philippe : Pour eux le françaisEntreprendre en Asie - Laos - Philippe Boucley - Bistrot 22 est quelqu’un qui a de l’argent. Mais ça ne concerne pas que les français, ça concerne plus généralement les falangs, c’est-à-dire les étrangers blancs. Ils trouvent que les français sont des gens arrogants. Mais ils font aussi des différences avec les Asiatiques dès lors que ce ne sont pas des Laotiens.

MLBT : Pourquoi venir au Laos ?

Philippe : Si tu cherches à t’enrichir, au sens occidental du terme, il ne faut pas venir au Laos. Par contre, si tu veux gagner en qualité de vie, le Laos est idéal. Ici la recherche de compétition ou tout simplement le stress, n’existent pas. Par exemple pour mon activité, je ressens très peu la concurrence. Il y a pleins de petits restaurants mais peu de « haut de gamme ».

Attention, la culture entrepreneuriale commence à venir au Laos et le niveau d’éducation des Laotiens augmente. Les moins de 30 ans commencent à avoir envie de voir au-delà des traditions familiales et ont envie de faire quelque chose pour eux. Plus ça va, Entreprendre en Asie - Laos - Philippe Boucley - Bistrot 22plus les laotiens prennent les boulots qui étaient avant réservés aux occidentaux, notamment ceux qui sont partis vivre quelque temps en Europe, aux États-Unis ou en Australie.

MLBT : Si tu avais un conseil à donner à des gens qui hésitent encore à partir, qu’est-ce que tu leur dirais ?

Philippe : Prenez le temps de bien comprendre l’essentiel. Il faut savoir s’adapter au pays. On ne peut pas avoir des règles complètement à l’identique de ce qu’on connait nous en France. Et je pense qu’idéalement, il faut venir avec un projet.

MLBT : Si tu devais changer quelque chose dans ton parcours, est-ce que tu changerais un élément ?

Philippe : Oui, je me mettrais à mon compte plus vite. J’avais peur du risque à l’époque, c’était une erreur. Il faut savoir prendre des risques au bon moment et se lancer sans se poser trop de questions.

      Maxence Pezzetta

Category: Entrepreneurs
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