Nous rencontrons Cédric en fin d’après-midi, dans sa boulangerie. Il est le seul boulanger de Luang Prabang et il gère un autre commerce à Vientiane avec Bernard. Il nous raconte comment il est arrivé là.
My Little Big Trip : Bonjour Cédric, peux-tu nous dire comment as-tu été amené à t’ implanter et entreprendre au Laos ?
Cédric : Pour moi ça a été très simple. Je suis venu voir un ami au Laos, j’ai passé quelque temps avec lui et ses amis et ça m’a beaucoup plus. Quand j’ai commencé à me poser la question de rester vivre au Laos, Bernard m’a proposé qu’on s’associe pour monter une boulangerie.
MLBT : Et donc tu es venu directement, quelles sont les différences entre un mode de travail français et laotien ?
Cédric : Je ne suis pas venu immédiatement. Je suis d’abord rentré en France pendant 6 mois puis je suis revenu. Il faut savoir qu’en France, je travaillais 60h/semaine. Ici, je travaille beaucoup aussi mais c’est différent.
MLBT : Ah bon ? Pourquoi ?
Cédric : Ici tu n’es jamais vraiment déconnecté de ton travail. Je travaille 7 jours sur 7 mais le rythme est moins intense.
MLBT : Comment as-tu été perçu par les Laotiens quand tu as monté ta boulangerie ?
Cédric : J’ai été bien accueilli et bien perçu je pense. Par contre, la boulangerie n’a pas explosé tout de suite. Il y a eu une progression due à tout un tas de facteurs. Par exemple, avant on n’était pas dans les guides. Il a fallu le temps aussi que les gens découvrent, conseillent leurs amis etc. Ensuite les touristes ont vu qu’il y avait beaucoup de monde et ils sont venus à leur tour. On a l’avantage d’être dans une rue très passante. Nous avions fait le choix de ne pas faire de communication et en ce qui concerne notre stratégie, on voulait faire des produits de bonne qualité, quitte à les faire payer plus cher. On a mis un an à être rentables, notamment à cause des frais fixes comme l’achat du local, l’installation de la climatisation, l’achat du matériel etc.
MLBT : Quel était ton but lorsque tu as décidé de lancer ta boulangerie au Laos ?
Cédric : Mon but premier était de me faire plaisir, même si c’était risqué. Je voulais vivre une aventure. On a eu beaucoup de chance de ne pas avoir de vraie concurrence. D’autres commerces, comme par exemple les pizzerias, sont énormément copiées.
MLBT : Quelles sont les difficultés que tu rencontres en ayant décidé de t’implanter au Laos ?
Cédric : Le gros problème selon moi, c’est qu’ici, tu es isolé professionnellement. J’entends par là qu’il n’y a aucune stimulation professionnelle. Tu ne peux pas passer devant une autre boulangerie en te disant : « Moi aussi je veux faire ceci ou cela ». Ensuite, il faut savoir que tout demande beaucoup de temps ici et que tout fonctionne par le réseau, ce qui peut prendre encore plus de temps.
MLBT : Et au niveau des avantages ?
Cédric : Il y a beaucoup de gens doués ici. Je pense que c’est grâce à l’ambiance de travail et le fait qu’ils passent beaucoup de temps au travail. On loge notre personnel juste au-dessus de la boulangerie, donc il y a une certaine convivialité et un lien qui se crée. Ils vivent ensembles, mangent ensemble. Il n’y a plus de vie personnelle et professionnelle, tout est mélangé.
MLBT : C’est étonnant du point de vue français de loger ses employés. Pourquoi est-ce que tu fais ça ?
Cédric : Parce que les loyers sont chers et qu’il y a un certain nombre de mes employés qui viennent de la campagne. Les loyers augmentent énormément à cause des guest houses. Il y en a de plus en plus et d’autres qui sont en construction.
MLBT : Est-ce que tu as remarqué d’autres spécificités par rapport au pays ?
Cédric : Ici les gens travaillent très jeunes. Les études sont très chères et les gens ont besoin de gagner de l’argent rapidement, surtout les familles nombreuses.
MLBT : On a remarqué qu’il y avait beaucoup plus de femmes dans les commerces, est-ce une illusion ?
Cédric : Non, c’est vrai qu’au niveau commercial, généralement, il y a plus de femmes. La boulangerie est une exception car c’est un métier qui est plus dur physiquement donc il y a plus d’hommes. Les femmes font plus de pâtisserie et de cuisine. Globalement, elles sont plus fiables et plus ponctuelles. Il faut savoir qu’au Laos, ce sont les femmes qui s’occupent de la gestion du foyer.
MLBT : A ton avis, comment peut-on s’adapter au mieux si on décide d’immigrer et de travailler au Laos ?
Cédric : Je pense qu’il faut essayer de bâtir ses relations personnelles et professionnelles dans la durée. Les relations se construisent vraiment en plus de 6 mois. Ça ne sert à rien de venir juste pour faire un remplacement, sauf si c’est un premier boulot pour s’implanter dans le pays.
MLBT : Est-ce que tu as des conseils à donner à une personne qui souhaiterait s’implanter au Laos ?
Cédric : Pour moi, il faut d’abord faire un tour d’observation avant d’aller s’implanter au Laos. Pourquoi ne pas commencer en tant que salarié et ensuite monter sa structure. Je pense aussi, que pour s’implanter au Laos, il faut être patient et avoir beaucoup de retenue. Le Laos c’est bien si tu veux du changement dans ta vie.
Bonjour,
Je suis venu goûter vos sandwich il y a deux ans.. Et de lire votre parcours aujourd’hui c’est juste rêvant je suis laotienne d’origine.. Et je souhaite m’installer a Vientiane et je cherche des infos.. Je suis tapissiere décoratrice et je cherche des conseils…
Bravo !!! A tous ceux qui croient a leur rêves et osent les concrétiser!