Nous rencontrons Marie-Hélène, une des rares femmes qui a décidé de tenter l’aventure en s’expatriant au Laos. Elle nous explique ce qui l’a amenée à Luang Prabang, ses impressions, les difficultés auxquelles elle a dû faire face et ce qui lui plait au Laos. Marie-Hélène Machevin gère la Villa Maly à Luang Prabang, dans le nord du Laos. Elle est arrivée au Laos il y a près de 14 ans et nous reçoit dans son hôtel. Elle parait débordée, elle nous explique que la haute saison commence et que c’est la période des voyages de groupes. Elle parvient malgré tout à nous accorder un peu de temps…
My Little Big Trip : Bonjour Marie-Hélène, peux-tu nous expliquer ce que tu fais ?
Marie-Hélène Machevin : J’ai longtemps été responsable l’hôtel, j’ai évolué depuis peu et je suis maintenant en charge de tout ce qui est relationnel-clientèle. L’hôtel a été racheté en 2007.
MLBT : Pourquoi tu as choisi de le faire au Laos ?
Marie-Hélène : Au départ, je suivais simplement mon mari. Après notre séparation, j’ai choisi de rester ici pour ma famille et je me suis remariée avec un Laotien. Mais ce n’est pas facile de s’installer au Laos, il faut des visas et il est de plus en plus difficile de trouver un travail. Les employeurs attendent des diplômes de plus en plus pointus.
MLBT : La personne qui arrive ici et qui veut chercher du travail, comment peut-elle faire ?
Marie-Hélène : A Luang Prabang, il y a beaucoup d’opportunités dans le tourisme. Il faut donc privilégier l’hôtellerie et la restauration. Avant, même sans diplôme on pouvait trouver du travail. Il suffisait d’avoir de la bonne volonté et il y avait toujours un poste à disposition. En tant qu’Occidentaux, on était les bienvenus. En ce qui me concerne, je n’ai pas un contrat d’expatrié mais un contrat local. Dans ces conditions, ce n’est pas facile de capitaliser pour la sécurité sociale et pour la retraite. L’assurance santé est heureusement prise en charge par la compagnie.
MLBT : Quels conseils pourriez-vous donner à des gens qui décident de partir en couple au Laos ?
Marie-Hélène : Je leur dirais de faire très attention car le Laos est considéré comme un pays à risques. Comme toute l’Asie d’ailleurs. Il y a un attrait pour les maris européens, quelque chose qui les fait tomber sous le charme. Il est fréquent que les couples qui arrivent ici ne tiennent pas plus d’un an. Bien sûr, ce n’est pas une règle générale mais c’est fréquent.
MLBT : Il est vrai qu’on rencontre beaucoup d’hommes qui se sont implantés à l’étranger et qui ont fait ou refait leur vie avec une fille d’origine Asiatique. Mais, c’est un tableau bien noir que tu nous dresses, il y a bien quelque chose qui te plait dans ce pays pour avoir décidé d’y passer ta vie ?
Marie-Hélène : Oui bien sûr. Je crois que ce qui me plait le plus au Laos c’est la gentillesse des gens, le calme, les paysages et la sensation que tout est encore à faire. Il y a beaucoup d’opportunités au niveau économique. Comme je le disais plus tôt, on trouve des opportunités dans le tourisme. Il y a aussi beaucoup de barrages qui se construisent. Au niveau maritime il n’y a pas grand-chose parce que c’est un pays qui n’est pas délimité directement par la mer. Il faut passer par les pays voisins. Mais globalement, pour le Laos, je dirais qu’il faut avoir le coup de foudre pour le pays, on pourrait dire : « contre vents et marées ».
Au Laos, on y vient plus pour un développement personnel qu’économique. Ensuite, il faut savoir saisir les opportunités. On ne vient pas au Laos pour s’enrichir économiquement, on vient pour s’enrichir culturellement et spirituellement. C’est un retour aux sources.
MLBT : Mais toi finalement, comment s’est passé ton arrivée ?
Marie-Hélène : Moi je suis arrivée il y a 13 ans directement à Luang Prabang. Nous avons quitté le sud-ouest ou nous avions un Gite d’étape et des chambres d’hôtes. Mon mari était militaire et il est arrivé pour l’ouverture d’une compagnie de croisière. Au début je pensais que j’allais simplement y passer trois ans car c’était le rythme auquel on changeait de pays. J’étais venue une fois en reconnaissance pendant 15 jours et voilà tout. Je ne pensais pas que j’allais y passer le reste de ma vie.
MLBT : Et qu’est-ce qu’il faut regarder quand on part en reconnaissance comme ça ?
Marie-Hélène : On se balade, on regarde les gens, on va voir le marché. A l’époque, c’était tellement peu développé que le marché était plutôt un souk. Il y avait un seul produit d’entretien pour toute la maison !
MLBT : Et si tu devais donner un conseil à une femme qui décide de s’installer au Laos ?
Marie-Hélène : Si une femme vient en couple, avec son mari qui est expatrié par exemple, il faut qu’elle trouve quelque chose à faire pour s’occuper. Pour les familles, il faut aussi savoir qu’il n’y a pas d’école française à Luang Prabang. Ça c’est un vrai problème. Par exemple, ma fille qui avait 12 ans allait à l’école à Vientiane, elle était en immersion totale dans une famille Laotienne dès son arrivée. Ça a été très difficile. Pour faire des études supérieures il faut trouver une faculté dans un autre pays comme par exemple à Singapour, en Thaïlande ou revenir en France. Mais la réadaptation pour les enfants est difficile après la vie plutôt agréable qu’ils ont eue a Vientiane.
MLBT : Si une de tes amies t’appelle et te dit qu’elle veut s’installer au Laos, tu lui dis quoi ?
Marie-Hélène : Je lui dirai de prendre ses précautions, de bien préparer son voyage. Qu’elle ne vienne pas du jour au lendemain comme ça, qu’elle se prépare son départ. Par exemple, pour quelqu’un qui vient sans boulot, il faut au moins avoir des économies pour pouvoir vivre pendant 6 mois. Il faut aussi se renseigner sur la sécurité sociale et pour la retraite, c’est un budget à prévoir.
MLBT : Comment bien se préparer quand on vient au Laos ?
Marie-Hélène : Déjà, la première chose serait de faire une analyse médicale complète et ne pas venir si on a des problèmes médicaux. Il faut absolument partir en gardant en tête qu’il faut trouver une occupation, surtout à Luang Prabang, et se renseigner sur le site de l’ambassade. Pour rencontrer des gens, le point de rencontre : le centre culturel ou « Maison Desproges ». C’est un moyen de se rassembler, lors des visites consulaire par exemple, et d’avoir accès aux informations importantes.
Le Laos s’adresse à des gens qui sont aventuriers. C’est très important, on ne va pas au Laos comme on va à New-York ou en Espagne. On arrive dans une civilisation complètement différente avec une langue qu’on ne comprend pas, une écriture qui n’est pas la nôtre, la nourriture n’est pas la même, les habitudes ne sont pas les mêmes. Il faut être débrouillard et patient, il faut savoir se passer de tout un tas de choses. Le Laos, soit on s’y fait, soit on s’en va.
Il faut aussi savoir que les Laotiens vivent avec des codes. Tout est très hiérarchisé, le style vestimentaire notamment. Grâce à cela on peut tout de suite savoir à quel groupe ils appartiennent. Un autre code, il faut savoir que la personne âgée à toujours raison, il faut la respecter. Ici, il faut donner et montrer qu’on donne. C’est une culture très ostentatoire. C’est très important de montrer qu’on a de l’argent, car c’est malheureusement ce qui compte énormément pour la majorité des gens d’ici.
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MLBT : Est-ce qu’il est facile pour un expatrié de s’intégrer ?
Marie-Hélène : C’est très facile. Beaucoup de laotiens se souviennent du protectorat français, il y a une certaine reconnaissance. En plus, il reste des traces des français et c’est quelque chose de rassurant.
Par contre, il faut aussi se rendre compte qu’on est dans un pays tropical, il y a donc des animaux tropicaux. Si on a peur du moindre geiko ou margouillat qui passe, ce n’est pas la peine de venir ici.
Au niveau des pharmacies on a de la chance car on trouve tout ce dont on a besoin à Luang Prabang et ce en vente libre, pas besoin d’ordonnance pour avoir ses antibiotiques…
Par contre, attention à la corruption et au respect des lois: parlons du code de la route. Si tu respectes ton code tu es mort, il faut suivre le mouvement et surtout anticiper et prévoir les bêtises que vont faire les autres. Il est très difficile de trouver un bon avocat. Et ce qui est génial, c’est que je n’ai pas du tout le sentiment d’insécurité ici, on n’a vraiment pas grand-chose à craindre.
MLBT : Si c’était à refaire ?
Marie-Hélène : Oui, je pense que je le referai surtout parce qu’il y a la dimension humanitaire. Depuis que je suis là, je me suis aperçue que je pouvais faire a petite échelle quelque chose pour les enfants des villages très pauvres. Mon mari et moi essayons avec des associations de réfugies d’aider a la construction d’écoles dans les villages pauvres qui n’intéressent personne… Ça me booste vraiment, le sentiment de pouvoir aider, c’est très important pour moi !
Bonjour Fabienne,
Native du Laos et y ayant vécu toute mon enfance jusqu’à 16a, j’y suis retournée après 40a d’absence l’année dernière pour 15j, tout les souvenirs sont à nouveau là. Je souhaiterai maintenant y retourner vivre et monter une boutique de mariage, pouvez vous me donner quelques informations pour savoir comment on peut s’installer et quels en sont les conditions étant Française.
Merci pour votre réponse et vos conseils.
Bonjour Fabienne,
Merci pour ton commentaire. Nous tenons juste à préciser que les personnes interrogées sur My Little Big Trip n’ont pas rédigé les articles. Il s’agit de nous (Eugé et Max) qui avons mené toutes ces interviews
Max