Pour cet article, je (Eugénie) parlerai en mon nom car Maxence n’était pas avec moi.
Le RAC, par où commencer ?
Chez Virlanie, presque tous les volontaires vont au RAC (officielement un centre social pour enfants) plusieurs fois par semaine. Nous n’avions passé que 10 min là-bas lors de notre premier jour et j’avais envie de tenter l’expérience. Je n’étais pas sereine vu ce que j’avais entendu jusque-là : une odeur pestilentielle, des adultes fous, menottés, qui hurlent et font leurs besoins sur eux, des enfants recouverts de galle… Autant de choses qui ne m’encourageaient pas à y aller.
Un soir, lors d’une discussion, les volontaires qui ont l’habitude d’y aller me disent : « Tu n’as qu’à y aller le mardi matin. C’est sport donc ce ne sont que des enfants en bonne santé psychologique et c’est dans une grande cour qui n’est utilisée que pour le sport. Le reste du temps, les activités avec les enfants se font dans une petite cour avec les enfants handicapés à côté ». Quand je dis « handicapés » comprenez aussi « qui ont la galle » et « pleins de poux ».
Je vais donc voir la responsable, Cathy, pour aller au RAC le mardi matin suivant. Malheureusement, elle me dit qu’il y a déjà assez de volontaires pour mardi et me propose de venir le mercredi. Je lui fais part de mes inquiétudes. Elle m’explique qu’effectivement les « specials » (= handicapés), seront à côté mais quétant donné que l’activité est destinée aux enfants psychologiquement sains, ça ne posera pas de problème. Donc je me lance. J’ai deux jours pour me préparer psychologiquement…
Mercredi matin 8h : A peine arrivée devant le bureau (lieu de rendez-vous), Cathy m’annonce que c’est une journée spéciale, car c’est une journée de Noël et qu’on ne pourra pas avoir les enfants. Du coup, soit nous sommes invités à la fête soit nous travaillerons avec les « specials ». Super, exactement ce que j’appréhendais. Tant pis, je me lance!
Nous sommes 3 à aller au RAC ce matin, Cathy, Pauline (une autre volontaire) et moi. Je suis la seule « nouvelle ». Nous arrivons en nous dirigeant vers l’endroit où les « specials » sont enfermés. A peine passé les grilles qu’ils se jettent sur nous pour nous faire des câlins. Un gamin dont les cheveux sont recouverts de sable (ou devrais-je dire de lentes et de poux ?) et la peau recouverte de croutes (la galle) se jette sur moi pour me faire un câlin. Je me laisse faire en essayant de me convaincre que je n’attraperai rien de tout cela.
En avançant un peu dans la cour, j’aperçois une femme complètement nue et allongée en bas d’un « lit superposé » (comprenez, deux planches de bois superposées). Cathy se dépêche d’aller lui chercher des vêtements et nous explique qu’il y a moins d’un mois, cette femme marchait et parlait. Elle a maintenant une maladie des intestins et probablement autre chose qui l’empêche de bouger.
Nous commençons ensuite les activités avec les enfants. Comme ce sont les « specials », il faut rester dans les activités très simples. Pas question de faire des cours d’anglais, de maths, ou de l’art plastique. Nous sortons donc les legos et jouets divers. Les enfants sont ravis et commencent à jouer. Jean-Paul s’est pris d’amitié pour moi et ne peut s’empêcher de me tenir par le bras pour que je joue et je peux sentir les croutes de galle dont sa peau est recouverte. Il faut bien comprendre que nous sommes les seuls à leur apporter un peu de détente. Ils restent enfermés toute la journée dans cette espèce de cour.
Pendant la matinée, de doux effluves d’excréments se font sentir. Nous sommes en effet juste à côté des toilettes. Pauline et Cathy m’expliquent qu’il est fréquent de retrouver certains excréments en plein milieu de la cour. Dans ce cas, elles les contournent et font comme si de rien n’était. Je ne peux m’empêcher de me dire que ça doit être bien pire en plein après-midi avec la chaleur.
Vous vous demandez peut-être pourquoi les enfants ne sont pas soignés ? Notamment de la galle et des poux ? Gardez bien en tête que le RAC ressemble plus à une prison qu’à un réel centre social pour enfants. Pour cette raison, même si on fournit des traitements, leur application reste à la bonne volonté des surveillants. Et les handicapés sont très mal perçus dans cet univers. A titre d’exemple, l’espérance de vie d’un enfant handicapé dans la rue est d’1 an !
La demi-journée se passe bien (si l’on peut dire vu les conditions). Nous restons 2h30 en tout et nous repartons le midi. Inutile de dire que la première chose que j’ai faite en rentrant a été de prendre ma douche et de me récurer le plus possible.
04-01-2013
bravo Eugenie quel courage. je fais de l humanitaire en brousse au Mali ça y ressemble.;mais j y retourne en aout pour la 3è fois