Hubert d’Abobville, président de la Chambre de Commerce Européenne de Manille, nous reçoit dans son immense bureau boisé. Après nous avoir posé quelques questions sur nous, sur notre parcours etc, il commence immédiatement à nous raconter son fabuleux tour du monde qui l’a amené ici, aux Philippines.
Il a décidé de partir aux USA après l’IDRAC, son école de commerce? pour poursuivre ses études et faire un MBA. Parti 3 mois avant le début des cours, il décide de traverser tout le Canada et les États-Unis avant d’aller visiter des universités aux États-Unis. Il décidera finalement d’aller à l’université de Vancouver, au Canada. Après son année de MBA, Hubert d’Aboville rentre en France… en faisant le tour du monde par l’Ouest !
S’ensuit une histoire de plus d’une année pendant laquelle il voyagea de la manière la plus économe possible. Il devient chef d’un petit restaurant sur l’île d’Honolulu, deviendra l’invité spécial du capitaine d’un bateau très luxueux (alors qu’il y est entré en 3ème classe, devant dormir en cale avec les cochon et les volailles). Il traversera la Malaisie en stop. Il rencontrera un prince Népalais, traversera Kaboul en proie aux Russes et sera attendu par une foule en Iran, de l’autre côté de la frontière. Il fera la une des journaux et continuera son voyage modestement jusqu’en Europe. Il arrivera finalement à Paris en 1978.
Quelque temps après être revenu, Hubert d’Aboville et ses frères décident de faire le Paris-Dakar en moto. En tant que diplômé de l’école de commerce, c’est lui qui sera chargé de rechercher des fonds. Un de ses frères qui travaillait à l’époque en Afrique lui dit d’aller rencontrer Bernard Levy ! LE Bernard Henri Levy. Il nous raconte :
« Quand il me reçu ce samedi matin à 8h, je savais que j’avais 20 min. Arrivé dans son bureau, je lui explique mon projet en quelques mots. Il me demande simplement « qu’est-ce que tu as fait dans ta vie ». Je commence à lui expliquer que j’ai fait une école de commerce etc. Il m’interrompt en me disant : « Non mais qu’est-ce que TU as fait ». Je commence donc à lui raconter mon tour du monde… Je suis resté dans son bureau jusqu’à 12h30 !
Il s’avère que Bernard Henri Levy était très intéressé par l’Asie et notamment par les Philippines. A l’époque, il cherchait un patron pour cette zone. Il lui a proposé le poste en lui racontant les 50 prochaines années de ma vie. « Tu commenceras à tel poste puis au bout de 2 ans tu évolueras, au bout de 5 ans tu feras ceci et au bout de 10 ans cela… »
Hubert raconte : « A l’époque je n’avais aucune envie de travailler. Il a beaucoup insisté mais j’ai refusé. Quand je suis sorti de son bureau, j’avais un chèque de 70 000 francs dans les mains pour le Paris-Dakar !!! A l’époque c’était une sacrée somme ! C’était un lingot d’or. En réalité, il avait essayé de m’acheter, je le savais bien. J’ai promis à Mr Levy de revenir le voir après le Paris-Dakar. Il m’a accueilli un samedi matin pendant 3 minutes. Je lui apporte un album photos du Paris-Dakar que je pose sur la table basse (à sa demande). J’avais eu le temps de réfléchir pendant ce trip. Il me demande si j’ai réfléchi, je lui réponds que c’est d’accord. Il me demande ensuite quand je commence et je lui réponds que je dois d’abord aller au Népal et je lui propose de commencer le 1er avril ! Il me tend la main et me dit « 8h ». On était le 24 janvier et je venais de gagner deux mois ! J’étais jeune et inconscient ! »
Hubert d’Aboville nous explique qu’ensuite, tout est allé très vite. Il a fait 1 an de formation avant de devenir patron d’Asie, au bout de 3 ans il était patron de l’ASEA et encore quelques années plus tard il a évolué en Europe où il a installé sa famille. « Quand on est rentrés en France, j’ai dit à ma femme : « Dans deux ans je plaque tout et je monte ma boite aux Philippines ».
Sa femme était Philippine et à l’époque, il faisait 1 mois en Asie, 1 mois en Europe. « Je courrais tout le temps et je ne voyais plus ma famille ». Il donnera finalement sa démission au bout d’un an pour partir monter sa boite aux Philippines, pays dans lequel il vit toujours…
MLBT : Que pouvez-vous nous dire sur les Philippins ?
Hubert : Il faut savoir que ce sont des catholiques. Avec la colonisation de l’Espagne et des États-Unis, ils ont une culture judéo-chrétienne très forte. Ça nous rapproche beaucoup. J’ai trouvé cela très facile. On peut facilement rigoler avec les Philippins. C’est très facile de s’intégrer pour un européen ou un méditerranéen. Je n’ai pas eu de choc culturel.
MLBT : Si vous deviez dire quelque chose à quelqu’un qui veut venir ici ?
Hubert : Je dirais « Mabhouay » ! Ça veut dire bienvenue (précise-t-il devant notre air étonné).
Hubert : Il faut être prêt à l’ouverture et à la compréhension. Il faut être prêt à s’intéresser à leurs mœurs, à leurs habitudes, à s’adapter. C’est aux expatriés de s’adapter au mode de pensée, au mode culinaire, à la différence culturelle etc.
MLBT : Qu’est-ce qu’on trouve ici et que les expatriés n’ont pas trouvé ailleurs ?
Hubert : Il y a 30 ans, quand on partait à l’étranger, on était une poignée d’aventuriers. Aujourd’hui ça n’existe plus beaucoup. Aujourd’hui, les jeunes viennent pour travailler dans des grands groupes ou bien dans l’informatique. Ils rentrent dans un système d’expatriation et bougent tous les trois ans. Il y a de plus en plus de ces profils parce que les entreprises cherchent où on peut investir.
Ici on a 7% de croissance. A titre de comparaison, l’Asie a 5% de croissance. En France, on ne peut rien faire avec nos 0,1% de croissance. Le système est mort. Il n’y a plus aucune prise de risque. Aujourd’hui, les gens vont donner plus de 100% de leurs revenus à l’Etat ! La conséquence c’est que 85% des français soutiennent Depardieu.
MLBT : Quels conseils vous donneriez à des gens comme nous ?
Hubert : Je leur dirais de faire comme vous ! Partez en courant ! Et communiquez sur le fait de partir ! Vous avez tout, vous avez la jeunesse ! Moi, à votre place, je serai devenu révolutionnaire, j’aurais pris les armes. Et aujourd’hui les armes, c’est la communication ! Construisez votre propre monde que ce soit en Belgique, en Afrique du Nord, en Amérique du Nord ça n’a aucune importance ! Soyez créatifs !
MLBT : Quelles sont les opportunités professionnelles ici aux Philippines ?
Hubert : Elles sont majoritairement dans l’informatique. Si quelqu’un veut trouver du travail ici, il vaut mieux venir directement sur place.
Si j’avais un conseil à donner, je dirais de suivre son bien-être ! C’est ce que j’ai fait toute ma vie. Il ne faut surtout pas aller à contre-courant de ce qui nous apporte du bonheur. La vie passe très vite. Il ne faut surtout pas faire l’inverse de son bien-être sinon c’est la catastrophe ! Ne jamais se laisser influencer par des schémas qu’on essaye de nous imposer sinon, vous serez malheureux toute votre vie.
MLBT : Mais est-ce qu’on ne risque pas d’être des marginaux ?
Hubert : Quand j’ai été recruté par Mr Levy, j’ai été pris sur la base de mon tour du monde. Ça n’avait rien à voir avec mes études. On recrute sur l’énergie qu’on dégage, sur les rêves qu’on veut réaliser et pas sur les études.
Il faut s’éclater dans la vie ! Moi, j’ai 58 ans. Aujourd’hui, je suis dans le 3ème tiers. Je me sens comme à 35 ans. Et on peut s’éclater toute sa vie. Je ne fais que des trucs qui m’éclatent. J’aurais pu gagner beaucoup d’argent en restant dans mon schéma de carrière initial. Faire ce que je voulais faire m’a amené à être directeur de la chambre de commerce européenne !
Quand j’avais 35 ans, j’ai voulu faire le CFA pour me remettre dans un schéma professionnel. J’y suis allé, j’ai eu un entretien, et je me suis fait refouler parce que j’étais trop « atypique » alors que, justement, ce que je voulais c’était me remettre dans un schéma. Finalement, je suis allé à l’INSEAD de Singapour pendant 8 jours. C’était génial ! Et ces crétins de français qui m’ont refusé ! Le mot « atypique » ne m’a jamais arrêté. Pour moi c’est une qualité, ça m’a donné de l’énergie.
Surtout suivez, ne résistez pas au bonheur de ce qu’on a envie de faire ! On n’est pas là pour s’emmerder ! La vie est tellement courte qu’il faut la croquer à pleines dents ! En faisant ça, vous aurez 100 fois plus qu’en restant dans votre boite à chaussures. Faites 1001 choses ! Il faut se protéger de ces schémas dans lesquels on vous mets avec un chausse-pieds dans une chaussure trop petite ! Vous aurez quelque chose que tous les autres n’ont pas.
Et gardez en tête qu’il n’est jamais trop tard pour sortir de ses chaussures et mettre des tongs ! Et ce, que vous ayez 25, 35, 45 ou 55 ans ! En France on n’est trop coincés. On n’a pas le droit d’avoir peur à 20 ans, vous ne pouvez pas avoir peur à 20 ans, vous n’avancerez pas !
Après lecture j’ai trouvé votre super et très motivante, car j’ai ntention de venir installé au phillipines dans 2mois. Plus exactement a Mactan afin de monté un commerce de la restauration mon mêtier. En effet âges de 28ans et maman de 2 jeunes enfants je souhaite fuire le system français actuel pour pouvoir faire ce que j’aime et assurer un avenir a mes enfants. Jaimerais avoir votre avis.
Merci