Il a monté sa salle d’escalade à Hanoï!

Jean a décidé de monter son propre mur d’escalade, Vietclimb, à Hanoï, au Vietnam. Il est le premier à se lancer dans ce business. Il nous explique son histoire.

MLBT : Bonjour Jean, peux-tu nous expliquer pourquoi tu as décidé de t’implanter au Vietnam ?

Jean : Pour commencer, ma mère est vietnamienne, ma venue est donc liée à mes origines. J’ai fait l’ESC Rouen, puis j’ai pris 6 mois de vacances après avoir terminé mes études. Je suis arrivé à Hanoï et j’ai trouvé un petit job. Après les 6 mois, je suis revenu 6 mois en France et j’ai aussi passé 3 mois en Australie.

MLBT : Peux-tu nous parler un peu plus de la vie au Vietnam en tant qu’expatrié?

Jean : C’est un pays où la vie n’est pas chère. En ce qui me concerne, j’ai choisi de prendre tout de suite des cours de vietnamien. Ensuite, j’ai enchainé plusieurs jobs. J’ai travaillé à la mission économique  et j’ai trouvé un travail dans un cabinet d’architecture. Ensuite j’ai lancé mon entreprise.

MLBT : Ça fait combien de temps ?

Jean : Ça fait 1 an et demi qu’on est lancé mais ça faisait 1 an et demi que je travaillais pour trouver les fonds, l’emplacement, faire les travaux etc.

MLBT : Peux-tu nous expliquer le concept ?

Jean : Le principe est de faire un mur d’escalade pour tous. Je veux que ce soit adapté à toute la communauté de personnes qui font de l’escalade. Je suis le premier à faire ça à Hanoï. Ce n’est pas simple. Il faut savoir qu’au Vietnam, 80% des business ferment la 1ère année. L’idée est de faire un club indoor et toutes les semaines, on fait des sorties à l’extérieur pour ceux qui le souhaitent. Aujourd’hui, j’ai une centaine de membres.

MLBT : Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées ?

Jean : J’ai eu un très gros investissement pour la construction et j’ai eu beaucoup de difficultés à louer une salle de ce format, du coup j’ai dû tout faire moi-même. Au niveau des financements, j’ai trouvé un investisseur. Ça faisait 5 ans que je vivais à Hanoï donc j’avais un peu de réseau et j’ai fait les bonnes rencontres. Je n’ai pas voulu faire de prêt à la banque car les taux sont à 10%.

MLBT : Tu as dû embaucher des gens ?

Jean : Oui bien sûr, j’ai embauché une personne pour manager et j’ai un peu de personnel pour la réception, les cours d’escalade etc.

MLBT : Au niveau de la culture, quels ont été les challenges que tu as rencontrés?

Jean : Je pense qu’il faut rester calme et ne pas être pressé. Il y a un gros décalage entre nos deux cultures et il est difficile à surmonter. Ici, les normes ne sont pas les mêmes qu’en France. Par exemple, pour former du personnel, ça prend énormément de temps. Si tu es quelqu’un de stressé, tu ne tiendras pas ici.

MLBT : Quel est l’avantage de s’installer à Hanoï plutôt qu’à Ho Chi Minh ?

Jean : Ici, c’est la capitale, c’est beaucoup plus simple d’avoir des relations avec les institutions, notamment le ministère des sports, dans mon cas. Je compte essayer de me développer à Ho Chi Minh un peu plus tard. Au sud, il y a plus de gens et plus de business mais ce n’est pas la même mentalité. Étant donné que j’avais déjà pas mal de connaissances au nord du Vietnam, c’est là que j’ai décidé de commencer.

Ici il n’y a pas beaucoup de monde qui monte sa boite. C’est super risqué et il y a une forte restriction légale au Vietnam. Quand tu es étranger, tu ne peux pas avoir de nom sur les papiers officiels donc si ça se passe mal, tu dois partir. Tout dépend des relations que tu entretiens avec tes investisseurs. Mais moi je suis protégé par mon activité car je ne peux pas être remplacé si facilement. Une entreprise d’escalade n’est pas un simple café. Leur priorité reste de protéger le marché vietnamien.

Mais si on veut rester objectif, il y a des pays où c’est beaucoup plus dur. Par exemple aux États-Unis. Là-bas c’est très compliqué d’avoir un visa quand tu es expat et tu dois investir 1 million de dollars si tu veux monter ta structure.

MLBT : Pourquoi avoir décidé de t’implanter à l’étranger ?

Jean : Déjà, je n’aurais jamais pu monter une salle d’escalade en France ! Il y a beaucoup trop de concurrence. Moi ce que j’aime c’est créer. Le management ça me lasse rapidement. Mon challenge est de m’agrandir et de me faire un nom au niveau national. Si je suis venu ici, c’est pour le côté innovant du concept dans la mesure où, au Vietnam, ça n’existe pas. Évidemment, si j’ai fait ma salle d’escalade, c’est aussi parce que j’adore grimper.

MLBT : Comment ça se passe quand on arrive à Hanoï pour se loger ?

Jean : Moi j’ai fait deux mois dans un hôtel, j’ai logé chez l’habitant et j’ai pris une coloc. Pour ceux qui arrivent, il y a un site qui s’appelle « The new hanoyan » qui est pas mal.

MLBT : Et pour tout ce qui est santé et retraite ?

Jean : Pour la santé tu prends une assurance privée, ça coute environs 1500$/an. Et pour la retraite, tu ouvres une boite et tu grandis. L’avantage quand tu montes ton entreprise c’est que tu es plus libre, tu as le contrôle. Au Vietnam, ça coûte moins cher qu’en France au niveau investissement. En France tu es beaucoup plus taxé.

MLBT : Quand est-ce que tu t’es dit que tu allais te lancer ?

Jean : Je me suis intéressé à tout ça quand je bossais à la mission économique. A ce moment-là, je travaillais sur « comment investir au Vietnam ? ». C’est là que j’ai constaté qu’il y avait de grosses différences entre la théorie et la pratique. Toutes les démarches prennent énormément de temps et il est très courant de devoir donner des enveloppes.

Mon avis, c’est qu’il est difficile d’investir dans tous les pays, pas uniquement au Vietnam.

MLBT : Quelles sont les choses qui te surprennent ?

Jean : Une fois que tu te rends compte que c’est l’anarchie, c’est bon, tu deviens plus serein.

MLBT : Quel conseil tu donnerais à une français qui veut qui veut monter son entreprise à l’étranger, plus particulièrement au Vietnam?

Jean : Monter son entreprise demande beaucoup d’efforts et d’heures de travail mais ça te récompense plus. Ça vaut le coup si on est intéressé par son projet, qu’on a la force et la motivation. Je dirais qu’il faut y aller et que les restrictions ne sont pas pires qu’ailleurs, elles sont simplement différentes. Après, il ne faut pas penser que c’est tout rose. L’entrepreneuriat, c’est une utopie. Moi, pendant 1 an et demi je n’ai pas été payé, je vivais sur mes économies et aujourd’hui, je suis à 1000$ par mois. Mais aujourd’hui, je pense qu’il y a plus d’opportunités d’emploi à l’international qu’en France, notamment dans l’informatique, l’hôtellerie et le luxe.

       Maxence Pezzetta

Category: Entrepreneurs
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