Gaëlle Courau est une jeune française arrivée en Australie depuis quelques mois. Elle partage son expérience en nous parlant de la vie de backpacker à Sydney.
My Little Big Trip : Bonjour Gaëlle, comment es-tu arrivée à Sydney ?
Gaëlle : J’ai fini mon alternance en septembre 2012 et je voulais essayer de trouver des boulots dans le web en France à Paris. J’ai eu beaucoup d’entretiens et pendant 4 mois ça a été déception sur déception. Par exemple ils me disaient que j’étais embauchée et au moment de signer le contrat on me disait que je n’étais plus prise.
J’ai fini par trouver une annonce de travail dans une bonne boite. J’ai été reçue pour cette annonce et on m’a fait une proposition pour un autre poste moins qualifié. Au moment où j’allais accepter je me rendue compte qu’il n’y avait pas de raison de rester en France. Je me suis dit, pourquoi ne pas aller voir ailleurs ? J’ai décidé de prendre un an et d’aller voir s’il y avait du travail dans d’autres pays. Je suis partie en février 2013.
MLBT : Pourquoi l’Australie ?
Gaëlle : C’était le meilleur mix par rapport à mes attentes. Je voulais partir très loin de la France et je voulais du soleil. Même si le temps n’est pas aussi bien que ce que j’imaginais (rires). Et j’avais entendu dire qu’en Australie, il y avait beaucoup de travail.
MLBT : Comment as-tu fait pour trouver du travail?
Gaëlle : Déjà, il faut savoir que j’ai deux emplois. J’ai eu la chance de trouver une annonce sur gumtree (site de petites annonces en ligne) d’une personne qui cherchait quelqu’un pour aider dans une agence de webdesign. Je crois que j’étais la seule à avoir postulé. Une semaine après qu’on se soit rencontrés, je bossais pour cette agence. Ce n’est pas un boulot à temps plein puisque je suis en free-lance (=contrat indépendant). L’avantage c’est que ça me permet de garder un pied dans le web
MLBT : Quelle est ta mission dans le cadre de ce travail?
Gaëlle : Je cherche des nouveaux clients, je m’occupe des clients qui existent déjà et je fais du webmarketing. Je fais aussi connaître la boite sur les réseaux sociaux. Le patron est tout seul donc il me confie plein de choses.
Ce qui est super c’est qu’il y a beaucoup de choses à exploiter dans ce domaine. L’Australie est en retard par rapport à la France. Par exemple ici, c’est le début de l’affiliation alors que c’est presque fini en France. Pour moi il y a plus de perspectives en tant qu’entrepreneur qu’en étant salarié. Je sais qu’il y a aussi beaucoup d’annonces sur les sites d’emploi en ligne notamment pour être account manager (=commercial). D’ailleurs j’avais eu un entretien téléphonique quand j’étais en France pour ce genre de poste. Ça prouve bien qu’il y a des offres et que c’est possible de trouver à partir de la France.
MLBT : Que font les gens autour de toi ?
Gaëlle : Ils ne sont pas du tout dans le web. Ils ont des petits boulots. Par exemple, mon deuxième emploi est un travail de street marketing et il y a beaucoup de gens qui font ça ici. Il est également très facile de trouver du travail où on fait du porte à porte. La restauration est bouchée parce qu’il y a beaucoup de personnes qui souhaitent travailler là-dedans. Surtout les français ! Et pour les hommes il y a aussi tout ce qui est construction, bâtiment etc.
MLBT : Et pour trouver un travail plus qualifié ?
Gaëlle : Je sais qu’il y a beaucoup d’entreprises qui proposent de faire les six mois et ensuite d’être sponsorisée. Même les boites de street mareting le font ! De mon point de vue, j’ai l’impression que ça va, que sur Seek.com.au (site d’offres d’emplois en ligne) il y a beaucoup d’offres. Surtout en tant que français parce qu’on est plus diplômés que les australiens. Maintenant ce n’est pas aussi simple qu’on le dit. On me disait qu’il y avait du travail à la pelle et plein d’argent mais ce n’est pas la cas à ce point.
MLBT : Est-ce que tu ressens le protectionnisme dans le travail ?
Gaëlle : Je ne l’ai pas trop senti parce que 80% des gens ne sont pas australiens. Il y a les asiatiques et les indonésiens et les backpackers.
MLBT : Y a-t-il beaucoup de français ?
Gaëlle : Tout le monde me dit que oui mais moi je ne les ai pas trop rencontrés.
MLBT : Et au niveau du budget, combien coûte 1 mois de vie à Sydney ?
Gaëlle : Environ 2000 euros. Pour moi le plus cher c’est la nourriture parce que je travaille beaucoup donc je prends souvent des plats préparés à emporter. Il y a aussi les loyers. Là je suis à l’hôtel, je paie 150$ par semaine mais je suis dans un dortoir avec 32 personnes !
MLBT : Nous avons entendu dire qu’il y avait des vols dans les auberges de jeunesse, est-ce que c’est vrai ?
Gaëlle : Dans les auberges de jeunesse les gens sont tous des bacpackers donc on ne se vole pas entre nous. Il y a des casiers pour les affaires précieuses mais c’est vrai que je me fais quand même voler ma nourriture toutes les semaines.
MLBT : Est-ce que tu aurais des conseils à donner aux gens qui pensent à partir en Australie ?
Gaëlle : Oui, j’aurais deux conseils. Le premier serait de voyager seul. J’ai remarqué que tous les gens qui ont voyagé à plusieurs ça s’est mal fini. Je ne parle pas forcément des couples mais plus des gens qui partent entre amis.
Il faut savoir que tu ne peux pas faire de plans en Australie parce que, quoi qu’il arrive, tu ne les suivras pas. Ça ne se passe jamais que tu avais prévu. Et les amis qui partent ensemble n’auront pas forcément les mêmes envies surtout s’ils viennent avec d’autres personnes parce qu’ils ont peur d’être seul. Après quelques temps ils rencontrent plein de monde, ils n’ont plus peur d’être seuls et n’auront plus envie des mêmes choses que leur amis d’origine. Il faut partir dans l’optique qu’il ne faut pas prévoir quoi que ce soit. Tout peut changer du jour au lendemain.
MLBT : De quelle nationalité sont les voyageurs que tu rencontres ?
Gaëlle : Dans les auberges de jeunesse tu as 5 nationalités : français, anglais, allemands, suédois et italiens. Parfois des irlandais.
MLBT : Quelle est la moyenne d’âge ?
Gaëlle : Ça dépend des auberges, parfois c’est 19 ans, mais là dans la mienne c’est plutôt 25-30 ans.
MLBT : Que font-ils ? Quel est leur projet ?
Gaëlle : Ce qui m’impressionne c’est que tous ceux qui ne se sont pas français s’en foutent d’avoir un trou de 2 ou 3 ans sur leur CV. En France ce n’est pas la même chose. Si tu fais un an de voyage tu dois le justifier et si tu fais 2 ans ça commence à poser problème. Donc, dans les personnes qui voyagent, il y en a pas mal qui ont fini leurs études et qui veulent continuer à voyager jusqu’à ce qu’ils en aient assez.
Il y a un autre objectif pour les français, c’est d’apprendre l’anglais. Souvent, les français qui arrivent en Australie ne parlent pas du tout anglais.
MLBT : Que penses-tu de la communication que fait la France sur Australie ?
Gaëlle : Pour moi il y a un gros problème de communication en France sur l’Australie. Ce n’est pas aussi simple que ce qu’on dit en France. J’entendais qu’on trouvait du travail en 2 jours, que c’était super bien payé etc. Mais ce n’est pas du tout le cas. J’entendais aussi que travailler dans les fermes et faire de la cueillette de fruits se trouvait facilement et permettait de gagner beaucoup d’argent. Encore une fois, c’est faux. Tous les gens que je connais qui ont essayé de travailler dans les fermes ont vraiment galéré, tous les postes sont déjà pris. Après, j’ai aussi entendu dire qu’il y avait peut-être plus d’opportunité sur la côte est.
MLBT : (Rires) Rassure toi c’est exactement la même chose. On y a fait un tour et on a eu du mal à trouver du travail même peu qualifié parce que tout le monde pense que c’est l’eldorado grâce aux mines. Et quels sont tes horaires de travail ?
Gaëlle : Je travaille tous les jours de la semaine de 9h à 17h avec mon job de street-marketing et parfois le samedi. Il peut aussi arriver que je reste jusqu’à 19h. Et j’ai l’autre boulot en free-lance dans le web-marketing. Là je suis débutante je suis payée 18$ de l’heure. Je devrais passer à 20$ de l’heure la semaine prochaine et si je me dérouille bien je pourrais demander plus.
MLBT : Au total ça représente combien ?
Gaëlle : Environ 600$ par semaine. Ça fait environ 2400$ par mois.
MLBT : Un peu plus tôt tu nous as dit que tu dépensais 2000$ par mois. Du coup tu ne peux pas du tout économiser si tu veux partir voyager ensuite ?
Gaëlle : Ça dépend. Moi j’essaye de mettre de côté, de 100 à 200$ par semaine mais ce n’est pas évident. Quand on y réfléchit, c’est vrai qu’on peut gagner la même chose en France.
Sinon pour gagner de l’argent tu peux récupérer les taxes que tu as payées quand tu quittes le pays. Ça te fait récupérer 25% de ce que tu as gagné pendant l’année et tu peux aussi récupérer ce que tu cotises pour la retraite : 9%. Donc quand tu t’en vas, tu peux avoir une grosse somme d’argent sur ton compte.
MLBT : Que penses les voyageurs français quand ils arrivent en Australie ?
Gaëlle : La plupart sont très déprimés le premier mois en Australie, parce qu’ils sont seuls, loin de leur famille etc. Il y a aussi une sorte de désillusion. Ils ne s’attendaient pas à ce que la vie soit si chère, et que trouver un boulot soit si compliqué. Mais après quelques mois ils disent que c’est une des meilleures expériences de leur vie. Ils passent tous le cap une fois qu’ils comprennent que l’Australie n’est pas ce qu’ils attendaient. Autre conseil, mieux vaut arriver avec des économies. Pour moi, si tu n’as pas prévu de voyager avec prend 2 ou 3000 euros pour le premier mois et si tu veux voyager, prends tout ce que tu peux.
Sympa votre concept d’interview… j’étais en Australie en 2007, c’etait une période pivot, le cout de la vie etait encore faible, on vivait tres bien a sydney avec 800€/mois et il y avait encore beaucoup de tafs, à l’époque il fallait vraiment 2 jours pour trouver un job, mais c’est vrai que ca commencait à se durcir, d’apres ceux qui etaient la depuis plusieurs années… le golden age était en train de se finir… J’imagine qu’aujourd’hui ca doit erte effectivement difficile… La grande époque reste les années 80, quand le gouvernement australien payait le billet d’avion aux francais qui souhaitaient s’installer…
Ça semble limite incroyable aujourd’hui