L’Australie : un eldorado ?

Nous rencontrons Guillaume Prévost alors que nous venons tout juste d’arriver en Australie. Il faisait de la finance chez Total avant de venir s’expatrier en Australie, à Perth. Il nous parle de son intégration et de la recherche d’emploi…

My Little Big Trip : Bonjour Guillaume, comment en es-tu arrivé à t’expatrier en Australie ?

Guillaume : Tout d’abord, il faut savoir que ma femme est australienne. Je l’ai rencontrée en France. Elle est médecin et il n’y a pas d’équivalences entre la France et l’Australie concernant le diplôme de médecine. C’est d’ailleurs le cas pour la plupart des diplômes. Il n’était donc pas possible pour elle de trouver un travail qui correspondait à ses qualifications en France. Elle devait reprendre des études pour pouvoir exercer. Elle a essayé un temps mais, se rendant compte qu’elle n’y arriverait pas, nous avons décidé de nous expatrier en Australie. Et ça c’était il y a un an.

MLBT : Et toi qu’est-ce que tu fais dans la vie ?

Guillaume : Je fais de la finance. Avant d’arriver à Perth j’étais chez Total. J’avais regardé un peu sur internet. j’ai vu qu’il y avait 2 millions d’habitants avec un taux de chômage très faible. Je me suis lancé. Je ne me suis pas vraiment inquiété de mes perspectives d’emplois en Australie. Je pensais que ça serait facile.

MLBT : En réalité ce n’est pas le cas ?

Guillaume : Aujourd’hui ça fait 1 an que je suis là et je suis toujours en recherche d’emploi. Il faut savoir que l’Australie est un eldorado quand tu es australien ou natif anglophone. Il y a beaucoup de travail pour les locaux ou pour les personnes qui ont des métiers techniques. Par exemple, un géologue trouvera un travail rapidement en Australie Occidentale. Sinon, il y a aussi beaucoup d’offres d’emploi dans le service et la restauration.

MLBT : Et pour les autres il n’y a rien ?

Guillaume : Si, tu peux trouver. Par contre, si tu ne fais pas parti des profils techniques, tu vas devoir accepter un travail au moins 3 niveaux en dessous de tes compétences. Le seul moyen de trouver du travail en Australie quand tu n’es ni australien ni natif anglophone, c’est d’avoir un réseau.

MLBT : Est-ce que tu aurais un conseil à donner à ce sujet ?

Guillaume : Dans un premier temps, je vous conseille de choisir des petits boulots qui vous permettront de rencontrer des gens. Je connais un mec qui est venu en Visa Working Holidays (Visa Vacances Travail). Il cherchait dans le marketing mais il ne trouvait rien. Il était passionné de kitesurf donc il a commencé à donner des cours. Il en a donné un à un homme qui a décidé de le sponsoriser quelques semaines avant son départ.

MLBT : Qu’est-ce qui te plait en Australie ?

Guillaume : La qualité de vie, le climat méditerranéen, l’espace, la mer…

MLBT : Quels sont les salaires en Australie ?

Guillaume : C’est très variable. Quand tu sors d’école de commerce, tu peux t’attendre à avoir un salaire à environ 60 000 dollars par an. C’est l’équivalent de 40 000 euros en France. Mais je connais beaucoup de gens qui gagnent le double. Si j’avais le même poste que ce que j’avais en France, je gagnerai deux fois plus ! Par contre, si je veux récupérer le niveau que j’avais en France, il faudrait d’abord que je commence à un niveau très bas. Ça peut paraître décourageant à première vue mais on peut progresser vraiment très vite. Ce qui est super, c’est aussi que le marché du travail est assez dynamique. Ce n’est pas parce que tu as 45 ans que tu n’évolueras plus.

MLBT : Quelles sont les différences entre la France et l’Australie dans la vie quotidienne ?

Guillaume : Ici, la vie est tranquille. Les gens ne courent pas après l’argent parce que les salaires sont très élevés. D’ailleurs, après 40 ans, il est courant que l’une des deux personnes du couple arrête de travailler. Les australiens accordent une grande importance au cadre de vie. Ils commencent à 7h30 ou 8h du matin et finissent à 17h. Ils vivent avec le soleil.

Je pense que Perth est une région idéale pour élever une famille. C’est le paradis. Le climat est super, il y a la mer à côté et la nature tout autour. Les australiens en profitent ! Ils vont chercher leurs enfants à l’école à 15h30. Le travail s’adapte à la qualité de vie et pas l’inverse. Ils ne connaissent pas le stress ici. Leur expression favorite est le « no worries » (pas de problème/pas d’inquiétude).

C’est un pays heureux avec très peu de problèmes. Pas de problèmes politiques, économiques, ou militaires. Tout va pour le mieux. En plus, les australiens sont supers accueillants et très polis. C’est quelque chose qui m’a beaucoup marqué ici. Même quand tu croises simplement quelqu’un dans la rue il te dit bonjour et te demande comment tu vas.

MLBT : Donc la réputation de l’Australie est vraie ?

Guillaume : Oui mais il faut se battre. Ils font une immigration très sélective. Si tu es ingénieur tu trouves facilement, si tu es marketeur, c’est plus dur. A titre d’exemple, un géologue qualifié trouvera facilement un poste à 150 000$ par an.

Si je devais donner un conseil aux français, je leur dirai de rester humbles. Le français est connu pour avoir un côté très arrogant. A l’inverse, les australiens sont très humbles et très terre-à-terre.

MLBT : Est-ce qu’il y a une distinction entre la côte Est et la côte Ouest ?

Guillaume : Côté est, il y a de grosses mégalopoles. Ici, la ville fait 2 millions d’habitants et est très étalée. Quand tu vis ici, tu as l’impression que c’est tout petit. Il est fréquent de croiser des gens que l’on connait quand on se balade en ville.

Autre particularité de l’Australie occidentale, c’est une région plus protectionniste qu’ailleurs. C’est une des villes les plus riches du monde. Et les australiens de l’ouest ont l’impression d’alimenter toute l’Australie.

MLBT : Que peux-tu nous dire sur l’intégration professionnelle en Australie ?

Guillaume : Si on était australiens avec nos diplômes français, ça serait plus facile. Il ne faut pas oublier que c’est protectionniste ici. Ils ont un super modèle ici et c’est parce qu’ils se protègent! C’est pour cette raison qu’ils préféreront embaucher des australiens qui ont un diplôme au niveau licence, qu’un étranger avec un master. Il n’ont pas envie de se faire voler leur place ou leur argent par des étrangers. Les gens ne sont pas vraiment dans l’entraide quand tu n’es pas australien.

MLBT : Pourtant tu es arrivé avec une australienne et tu es marié avec elle, est-ce que ce n’est pas plus facile ?

Guillaume : J’ai rencontré un recruteur qui m’a expliqué que les australiens passeront toujours avant les étrangers même s’ils sont moins compétents. C’est pour cela qu’il faut avoir du réseau.

MLBT : Est-ce que tu peux trouver du soutien dans la communauté française ?

Guillaume : C’est ce que je pensais au début. Sauf que je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de vraie solidarité entre français. Un français qui a galéré aura envie que l’autre galère aussi pour connaître ce que le premier à connu. Il n’aura pas forcément envie que l’autre s’en sorte super facilement. Maintenant, bien sûr qu’il y a des exceptions. Ceux qui aident sont ceux qui sont vraiment tes amis, pas juste une connaissance.

Ici la réussite ne passe que par les autres. Tu ne peux pas réussir tout seul. Il faut savoir s’entourer.

MLBT : Comment ça se passe l’intégration en Australie ?

Guillaume : Je pense que ça dépend de l’âge que tu as. J’ai 31 ans et je pense qu’arriver à la trentaine, ta culture et ta personnalité sont déjà ancrées. On a donc des attentes plus précises de ce que l’on veut dans ses relations sociales. Quand on a une culture différente comme c’est le cas entre les australiens et les français, on n’a pas du tout les mêmes centres d’intérêt. Par exemple, un français sera intéressé par la politique et les bons repas et les australiens par le sport et tout ce qui concerne la nature.

Le problème c’est que ce que j’aime n’est pas forcément ce qu’ils aiment. Moi quand je pars faire une soirée avec des amis, j’aime quand on prend le temps même si on doit finir tard. Alors qu’ici, les soirées commencent plus tôt et se finissent plutôt. Globalement, je trouve que ce n’est pas évident de créer des vraies amitiés ici, notamment à cause des différences culturelles.

            Maxence Pezzetta 

Category: Expatriés
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2 Responses
  1. Lele says:

    Bonjour,
    J’ai quelques questions à poser à Guillaume.

    Je suis en 4eme année d’école de commerce à Paris, spécialisée en finance. L’année derniere j’ai fait un stage dans une petite agence de locations d’appartements à Bondi Beach. J’ai adoré cette expérience et j’aimerai démarrer ma vie professionnelle dans ce pays.
    J’ai la possibilité pour ma 5eme et derniere année d’etude de faire un double diplôme, un semestre à l’université de Newcastle en international business.

    Est-ce qu’un diplôme d’une université australienne permet de trouver un travail fixe dans le pays?

    Lors de mon séjour là bas l’année derniere, j’ai trouvé enormémement de petits boulots (leçons de français, babysiting, restauration…).
    J’aimerai, une fois diplômée, trouver un travail en finance ou en commerce international, du niveau de mon diplôme. Le double diplome avec l’université australienne est très cher. Est-ce vraiment un plus pour trouver du travail ensuite ?

    Je vous remercie par avance.

    Lea

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