Julia est arrivée en Australie il y a environ 1 an. Après avoir recherché un emploi pendant quelques temps sans succès, elle s’est lancée dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Elle a choisi de monter une édition petitjournal.com à Perth.
My Little Big Trip : Bonjour Julia, on nous a dit que tu avais monté une édition du petitjournal.com à Perth?
Julia : Oui, en fait le petitjournal.com, c’est un système de franchise. Pour la petite histoire, mon mari a eu une opportunité de travail ici et il se trouve que mon meilleur ami est ami avec le responsable commercial du petitjournal.com en France. J’ai donc rencontré un des fondateurs du Petit Journal avant mon départ, il m’en a expliqué le principe et il m’a suggéré de nous installer tranquillement puis d’étudier le marché.
On est arrivés il y a un an et on s’est installés. Dans un premier temps je cherchais dans le marketing direct pour me rassurer. En France, je travaillais pour Psychologie magazine. J’ai toujours été intéressée par l’écriture. J’ai envoyé plusieurs candidatures qui n’ont pas abouties. Pour être tout à fait franche, mon anglais n’était pas au top quand je suis arrivée.
My Little Big Trip : C’est donc à ce moment-là que tu t’es lancée ?
Juila : J’ai fait une petite étude de marché pour voir si il y avait du potentiel pour une édition du petitjournal.com. J’ai contacté un certain nombre de personnes. Elles m’ont confirmé qu’il y avait de plus en plus de français qui arrivaient à Perth et j’ai remarqué que la communauté française était en construction. La chambre de commerce franco-australienne (FACCI) a été créée très récemment et à part la Maison De France il y a peu d’endroits d’échanges pour les français. Ça me semblait donc être le bon moment de lancer lepetitjournal.com. C’est intéressant de créer du lien au sein des communautés francophones et francophiles et j’ai toujours été intéressée par l’écriture.
MLBT : Quel est le concept du petitjournal.com ?
Julia : Le concept est de donner de l’information locale aux francophones. Il y a bien sûr des sujets sur tout ce qui concerne les francophones mais aussi sur la communauté internationale. On retrouve trois niveaux de contenu : le contenu local, le contenu « France » et le contenu « Monde ». Il y a aussi une newsletter qui est parue tous les jours. En tout, on a 175 000 abonnés dans le monde.
MLBT : Quelle est ta mission en tant que représentante et franchisée à Perth?
Julia : En tant que franchisée, il faut écrire des articles, promouvoir le Petit Journal, s’occuper de la gestion de la publicité sur le site et sur la newsletter. En effet, la seule source de revenus est celle de la vente des espaces publicitaires. J’essaye vraiment d’accéder à tous les profils francophones à Perth. Ça peut être des étudiants, des permanents, des backpackers etc. D’après le consul, il y a 5000 familles et 5000 backpackers à Perth. De plus, le français est la première langue étudiée en Australie Occidentale! J’établis également des partenariats.
MLBT : Quel genre de partenariats?
Julia : Par exemple, j’ai un partenariat avec Le Forum qui est une librairie française. Le gérant m’écrit un article toutes les semaines sur leur coup de coeur littéraire et il est publié sur lepetitjournal.com. Je communique aussi sur les événements, par exemple, si la FACCI ou la Maison de France fait un événement j’en parle, je fais des flyers, je les distribue etc.
MLBT : Que penses-tu du marché de l’emploi en Australie ?
Julia : Pour les petits jobs tu peux trouver très vite. Pour un travail qualifié c’est plus compliqué. Le problème de Perth c’est que ça reste comme un « village » dans la façon de penser des employeurs. Ils ne savent pas qui tu es et ils ont besoin de références pour te faire confiance. Une astuce pour se faire connaître est de commencer en tant que bénévole.
Après, je ne sais pas si mon expérience est représentative. Un grand nombre des Français que j’ai rencontrés sont là depuis plus de 10 ans. Certains sont venus parce que l’époux ou l’épouse était australien/ne. D’autres ont monté leur boîte ou ont fait du bénévolat d’abord afin de trouver un emploi. Une chose est sûre, il faut faire beaucoup de réseau.
MLBT : Donc, trouver un travail en Australie, ce n’est pas si simple ?
Julia : Non. Je ne sais pas pourquoi en France tout le monde dit qu’il faut venir ici pour trouver du travail. Il ne faut surtout pas arriver comme ça en se disant qu’on trouvera autre chose que des petits boulots. Ici ils raisonnent en termes de réseaux, ils ne savent pas qui tu es, ils ont besoin de « garanties » et ça prend du temps.
Malgré tout, c’est quand même un pays où on sent que tout est possible. Il y a beaucoup d’énergie. A l’inverse de la France, les gens sont très optimistes. Du coup, c’est plus tentant pour monter sa structure. Dans mon cas, c’est quelque chose que je n’avais jamais envisagé avant d’arriver en Australie.
MLBT : Quelles sont les raisons d’une venue en Australie ?
Julia : Nous sommes venus à Perth pour que nos filles soient bilingues et que j’en profite aussi pour améliorer mon anglais. On a eu l’opportunité de venir ici et on l’a saisie. En plus, ça permet une certaine ouverture d’esprit pour les enfants.
MLBT : Est-ce que tu aurais un conseil à donner à nos lecteurs?
Julia : On dit que l’Australie c’est paradisiaque donc les gens viennent comme ça avec un visa temporaire et ils pensent qu’ils vont trouver un travail rapidement. Ce n’est pas vrai ! Je connais des gens qui ont envoyé une centaine de CV et qui n’ont même pas eu un seul entretien. Mon conseil ce serait de trouver un travail depuis la France ou de venir voir comment ça se passe et de repartir ensuite. Je déconseillerais de tout lâcher et arriver ici en se disant qu’en un ou deux mois on aura un super job.
Autre chose, les Australiens cherchent une expérience australienne en priorité, d’où l’intérêt du bénévolat. Il faut aussi garder à l’esprit que les étrangers passent après les australiens. Après si tu veux faire du tourisme et améliorer ton anglais, tu pourras trouver des petits jobs sans trop de difficultés.
MLBT : Qu’est-ce que tu penses de l’image que donne la France de l’Australie ?
Julia : Moi je trouve que ce qu’on dit en France est biaisé. Je ne sais pas pourquoi les médias font ça. J’ai rencontré une fille, elle cumulait 3 jobs pour s’en sortir ! Nous, depuis qu’on est ici, on a perdu en qualité de vie à cause du fait que je ne gagne pas encore d’argent. En plus, je dois arrêter le travail à 15h pour aller chercher mes filles à l’école. C’est très compliqué de s’offrir une garderie après l’école parce que c’est facilement 50 dollars par enfant. Une baby-sitter c’est entre 15 et 25$ de l’heure.
MLBT : On entend souvent dire qu’il n’y a pas grand-chose à faire ici à par la plage.
Julia : Je ne suis pas du tout d’accord avec ça. Il y a tout de même pas mal d’activités qui sont proposées. À la différence de Paris, tu peux faire des activités sans être noyé dans la foule. Il y a des concerts, des manifestations sportives, des festivals et des activités pour les enfants. La seule chose, c’est que l’information est difficile à trouver donc, tous les vendredis, je publie un article sur ce qu’il se passe le weekend.
MLBT : Quel est ton ressenti sur la vie en Australie ?
Julia :L’Australie c’est surtout la faune et la flore, la plage, les paysages qui sont d’une très grande beauté… On peut aller à la mer tous les jours et on a beaucoup d’espace pour vivre. Par contre, pour moi qui aime Paris et les villes européennes, j’ai eu du mal à m’habituer au centre-ville qui n’est qu’un Business Center et qui est relativement mort le soir et le week-end mais ça évolue. Et il me manque la richesse de l’architecture des villes européennes…
Globalement, la vie ici me fait penser à des vacances. Il y a la plage juste à côté, il fait beau toute l’année, on finit sa journée de travail vers 17h, c’est très confortable surtout en famille. Après ça dépend de ce que tu attends dans ta vie.
Bonjour Julia,
C’est avec grand intérêt que j’ai lu ton article.
Je lis le petitjournal.com assez souvent et c’est vrai qu’un journal comme celui-là manquait au paysage …
Je partage ton point de vue concernant la vie en Australie. L’architecture manque mais aussi l’ambiance des villages, des régions, les expressions, … bref l’âme de ces endroits.
Comme tu travaillais dans « Psychologie Magazine » tu comprendras sûrement mon état d’esprit. En France, je donnais des cours de relaxation/sophrologie et de yoga en groupe ou en privé. Mais arrivée ici, j’ai dû faire le deuil de mon travail en accompagnement individuel parce que mon anglais n’est pas suffisant pour tout capter et donc la relation d’aide ne peut pas être aussi efficace. Et en plus, il semblerait que la sophrologie ne soit pas arrivée jusqu’ici … ?
Je me suis quand même donné un « coup de pied » aux fesses et je redonne un cours de yoga collectif chaque semaine en anglais, mais c’est loin d’être parfait …
Par ailleurs, constatant le manque de culture française à Adelaide, je viens d’écrire au « Forum » pour créer un espace-livres en français ici, car il y en a GRAND besoin.
J’espère que la suite sera positive
Merci pour cet article et très belle continuation à vous ! Et pourquoi pas, un article à venir sur « Le Forum » à Adelaide ??
Annabelle
Bonjour Annabelle,
Merci pour ton commentaire. Nous tenons juste à préciser que elles personnes interrogées sur My Little Big Trip n’ont pas rédigé les articles. Il s’agit de nous (Eugé et Max) qui avons mené toutes ces interviews
Max