Sophie De Peretti s’est installée en Australie avec son mari depuis 1 an. Cette jeune femme s’est battue pour se faire une place dans le monde du travail de Perth. Elle accepte de nous raconter son histoire et son arrivée en Australie.
My Little Big Trip : Bonjour Sophie, comment en es-tu venue à t’installer en Australie?
Sophie De Peretti : J’ai fait l’ESC Toulouse et j’ai fait une année de césure en Working Holidays Visa (WHV) en Australie. Je logeais chez un de mes cousins qui habitait Sydney et qui avait une grosse maison qu’il avait transformé en hôtel. Le lendemain de mon arrivée, j’ai déposé des CV qui ont débouchés sur 3 boulots. Un stage en logistique internationale, un job de serveuse et un job dont la mission était de faire de la création de base de données dans un magasin. Je suis partie après ma césure mais je savais que je reviendrais. Pendant cette année, j’ai aussi beaucoup voyagé. Je suis aussi partie en Argentine pour faire un double diplôme.
Lorsque j’étais en Argentine, j’ai postulé pour un stage de fin d’études de 6 mois chez Microsoft. Au départ, je ne voulais pas du tout aller à Paris mais c’était une super opportunité. J’ai adoré ma 1ère année. C’était génial, super ambiance, super mission, super manager, c’était vraiment top.
A la fin de mon stage, j’ai enchainé les CDD : un chez Microsoft, un chez PWC, un chez Ernst & Young. Je faisais du marketing. Ensuite, j’ai travaillé en CDI chez Allergan pendant deux ans. Après notre mariage, au mois d’août, j’ai proposé à mon mari de partir. J’avais besoin d’un changement radical. Nos deux premiers choix étaient l’Australie et le Canada.
MLBT : Comment t’es-tu préparée avant de t’installer en Australie ?
Sophie : Dans les deux mois précédent notre arrivée, je me suis beaucoup renseignée. On avait le choix entre Sydney, Perth, et Melbourne. J’étais déjà allée à Sydney et Melbourne ne me tentait pas trop à cause du temps. J’avais entendu beaucoup de bien de Perth donc on est arrivés début 2012.
MLBT : Comment vous-êtes vous organisés pour l’installation en Australie ?
Sophie : Il a fallu qu’on trouve une voiture, un appart etc. Malheureusement, il n’y avait pas de site qui regroupait toutes les informations, ça m’a pris beaucoup de temps et je n’étais pas au point sur tout. J’aurais aimé savoir qu’il fallait des lettres de recommandations pour les jobs ET pour les appartements. J’avais imprimé tout ce qui concerne les taxes. Je savais comment faire par rapport à la retraite mais j’aurais aimé avoir des infos sur la retraite en Australie. En effet, pour la retraite en Australie, tu as ce qu’ils appellent le « super annuation ». L’entreprise cotise 9% de ton salaire pour ta retraite. Je trouve que c’est lorsque tu arrives que tu te rends vraiment compte que tout est différent.
Je pense que c’est important de se préparer à l’avance parce que ça permet de gagner du temps et de l’argent. J’ai des potes qui ont mis 3 fois plus de temps que nous pour s’installer parce qu’ils n’avaient rien préparé.
MLBT : Au bout de combien de temps as-tu trouvé du travail?
Sophie : J’ai trouvé au bout d’un mois. J’ai été proactive, j’ai harcelé les agences. Finalement j’ai décroché job chez Ernst. Pour ça j’ai dû passer 4 entretiens. Je pense que si j’ai été prise, c’est aussi parce que j’ai déjà eu une expérience dans cette entreprise en France.
Encore une fois, au niveau du recrutement c’est très différent de ce qui se fait en France. Les entreprises passent par les agences de recrutement plutôt que de trouver elles-mêmes les candidats. Malgré tout, il faut quand même essayer et appeler les entreprises directement. Si j’avais attendu que les agences m’appellent, je serais encore en train de chercher du travail. Je pense que le meilleur outil pour trouver du travail c’est soi-même.
MLBT : Quelle est la méthode pour trouver du travail en Australie d’après toi ?
Sophie : J’ai fait des très bonnes lettres de motivation qui étaient ultra personnalisées. Et surtout, je me suis donnée !
MLBT : Avec quel visa es-tu venue en Australie?
Sophie : J’avais un visa 457 grâce à mon mari. J’ai même plus de droits que lui en tant que conjoint de fait parce que je peux travailler dans le secteur d’activité que je veux. Je ne suis pas tenu à une industrie en particulier. J’ai trouvé un contrat de 8 mois chez Ernst&Young en remplacement de congé maternité. Et maintenant je suis depuis 3 semaines chez Bankwest. C’est un nouveau poste donc j’espère décrocher un CDI à la fin.
MLBT : Comment ça se passe dans le monde du travail?
Sophie : Ce que j’aime bien ici c’est que c’est très relax mais aussi très professionnel. Par exemple, tu n’as pas besoin d’être habillé en tailleur tous les jours. Il y a aussi une différence d’appréciation de la hiérarchie et j’ai vraiment pu voir la différence parce que j’ai fait la même entreprise dans deux pays différents. En France, si tu arrives à parler à un associé chez Ernst&Young c’est vraiment que tu gères. Ici tu bosses à côté d’eux et tu leur parles en tant que collègues. Au début, quand je suis arrivée chez Ernst, ça m’intimidait de parler aussi facilement aux associés, maintenant ça va.
MLBT : Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui veut s’installer en Australie et qui veut décrocher le même genre de poste que toi en marketing ?
Sophie : Je conseillerai de ne pas s’arrêter à ce qu’on te dit. Il ne faut pas se décourager. Il faut accepter un travail et commencer à bosser le plus vite possible même si tu es serveur. Ce qui compte pour les australiens ce n’est pas ce que tu dis mais ce que tu fais. Il ne faut pas avoir peur de parler aux gens en anglais même si ce n’est pas ta langue natale. Il faut oser insister auprès des agences et appeler directement les entreprises. Et surtout, il ne faut pas avoir peur de parler parce que ça montre que tu as de la volonté et que tu oses.
Pour moi, il n y a pas vraiment de solution miracle. C’est difficile pour les gens d’école de commerce parce qu’il y a une concurrence très forte avec les australiens. C’est d’autant plus dur que l’Australie fait très attention à son immigration et ce encore plus à Perth parce qu’ils ne recherchent que des ingénieurs pour travailler dans les mines. J’ai eu beaucoup de chance de trouvé en marketing.
Je pense que la meilleure arme pour s’implanter quelque part c’est le culot.
MLBT : Est-ce que tu penses que c’est plus facile sur la côte Est?
Sophie : A mon avis c’est pareil parce qu’ il y a plus d’offres mais il y a aussi plus de monde. On est 1,5 millions à Perth, ils sont 4,5 millions à Sydney. La clef est de ne pas se laisser abattre et de toujours continuer.
MLBT : Comment ça se passe pour trouver un logement en Australie, plus particulièrement à Perth?
Sophie : La concurrence est rude. Quand tu arrives pour visiter un appart, il y a 30 personnes devant toi. Les visites se font en groupe et à la fin de la visite, il faut donner un acompte. Ensuite les gens surenchérissent sur les prix des appartements pour les obtenir. Ça fait donc augmenter les prix. Dans mon cas, j’ai eu la chance d’avoir deux propositions de logements. Pour la première que j’ai eue, il n’y avait pas beaucoup de concurrence. Ils ont appelé mes références en France et à Sydney et m’ont dit que je pouvais avoir l’appart. J’avais déposé un dossier dans une autre agence donc je suis allée le chercher tout de suite. Quand ils ont vu que je revenais chercher mon dossier, ils en ont déduit que j’avais un très bon dossier et ils m’ont proposé l’appartement directement.
MLBT : Comment ça se passe pour la mutuelle quand tu t’installes en Australie ?
Sophie : Tu es obligé d’avoir une assurance avec le 457. On paie 80 dollars par mois par personne mais ça ne te rembourse presque rien. J’ai un pote qui s’est cassé la clavicule. Il a payé 5000$ de sa poche et sa mutuelle a également payé 10 000 euros.
MLBT : Comment se passe l’intégration avec les australiens?
Sophie : Il y a beaucoup d’étrangers en Australie : des sud-africains, des européens. On ne connaît pas trop d’australiens, on fréquente surtout des italiens, des kenyans, des sud-africains, des irlandais. C’est très dur de s’intégrer chez les australiens, je pense que c’est dû aux différences culturelles. Les français fonctionnent beaucoup plus sur la bienséance et les rapports formels. Les australiens le sont beaucoup moins, les rapports sont beaucoup plus chaleureux et conviviaux au premier abord. Malgré tout, ils ne sont pas très curieux. Ils ont tout ce qu’il leur faut en Australie. C’est un pays qui fonctionne bien, qui a une super économie, de magnifiques paysages… Ils n’ont pas besoin d’aller chercher des éléments d’une autre culture.
MLBT : Est-ce que tu ressens une différence de traitement liée à ton visa ?
Sophie : Oui un peu. Il faut savoir que durant les deux premières années, tu es lié à ton entreprise. Après deux ans, tu peux demander la résidence permanente et ensuite tu as encore deux ans pour demander la citoyenneté. On sent tout de même qu’on n’est pas traité comme des australiens mais comme des visas 457. Malgré tout, ils ne peuvent pas se passer de ces visas parce qu’ils ont une forte pénurie de compétences ingénieures.
MLBT : Ton objectif est de rester en Australie?
Sophie : Oui notre plan est de rester au moins 4 ans. De toute façon si on part, ça sera pour aller dans un autre pays mais pas en France. Là-bas la situation économique est compliquée. Aujourd’hui, 25 % des jeunes diplômés sont au chômage en France.
Je trouve qu’en France on ne nous donne pas envie de rester. On ne valorise pas nos compétences. Aujourd’hui j’ai un vrai problème avec Paris. Si je rentre en France, j’ai plutôt envie de vivre à Bordeaux mais il n y a pas de boulot dans cette zone. Je n’ai pas envie de passer ma vie à me donner dans un boulot qui ne me plait pas. Ce que j’aime en Australie, c’est que nous ne sommes pas mis dans un moule. Je pense qu’ici, ils ont beaucoup plus d’ouverture d’esprit notamment dans le travail et je pense que c’est du fait de la culture anglophone.
Il y a pleins de gens qui m’ont demandé si la France me manquait. Il y a deux choses qui me manquent : ma famille/mes amis et la bouffe. Ici, ils ont un équilibre vie professionnelle et vie-privée qui est très bon. Un manager peut partir à 3h s’il doit s’occuper de son enfant malade. A contrario, en France, c’est presque mal vu d’avoir des enfants! Je pense qu’en France, on a beaucoup à apprendre sur le monde du travail de la part des anglophones. Les gens sont très jeunes d’esprit et dynamiques. Ça ne va pas les déranger d’avoir un manager qui a seulement deux ans de plus qu’eux. C’est moins hiérarchique qu’en France et je trouve ça formidable. Le boulot que j’ai aujourd’hui, je l’aurais eu en France avec 10 ans d’expérience alors que je n’en ai que 6.
Moyennement représentatif.
La plupart des francais galerent pendant plusieurs annees et encore…rentrer chez EY ca tient du miracle.