Présidente de la CCI Franco-Australienne!

Nous rencontrons Christine Caseris, Présidente de la Chambre de Commerce Franco-Australienne (FACCI) à Perth. Elle nous fait part de ses conseils pour les Français qui désirent s’implanter durablement en Australie Occidentale.

MLBT : Bonjour Christine, est-ce que tu peux nous donner la tendance au niveau des Français qui arrivent en Australie ?

Christine : Nous sommes très sollicités par les jeunes Français avant leur départ pour des stages ou des emplois. Un grand nombre d’entre eux cherchent un stage et attendent de nous qu’on leur trouve du travail ou qu’on leur donne une liste d’entreprises. Pour commencer, il faut savoir qu’on propose un service d’aide à la recherche d’emploi sur le site de la FACCI mais ce n’est pas notre vocation première. C’est un service que nous proposons en plus parce que nous savons que les Français ont des difficultés à trouver un emploi. Nous travaillons tout de même avec des chercheurs de têtes vers qui nous pouvons les rediriger. Nous les orientons vers des entreprises ou des organismes spécialisés. Pour vous donner une idée, nous recevons environ 15 demandes de stage par jour. Pour les recherches d’emplois, la tendance est beaucoup moins forte mais les Français nous contactent une fois qu’ils sont arrivés en Australie. Généralement, ils viennent en pensant que l’Australie est un Eldorado et qu’ils trouveront un travail en claquant des doigts. Après 3 semaines, ils se rendent compte que c’est compliqué de trouver un travail, ils se retrouvent à dormir dans leur voiture, ils paniquent et ils nous contactent. Ils viennent directement chez nous et nous demandent un coup de main. Nous recevons beaucoup de demandes de contacts d’entreprises.

MLBT : Mais comment fonctionne exactement la FACCI ?

Christine : Il faut savoir que la CCI est une association. Il y a donc des cotisations pour avoir accès aux services, à partir de 50 dollars par an pour les jeunes professionnels et les tarifs diffèrent selon les situations. Sans membres, les CCI ne fonctionnent pas et c’est grâce aux cotisations qu’on organise des évènements, qu’on aide des entreprises à se développer et à faire des études de marché. Le paiement des adhésions sert à développer cette plateforme. C’est grâce à cela qu’on peut se développer, aider les entreprises qui veulent s’installer etc. Nous avons déjà pas mal de partenariats, nous faisons des échanges, nous communiquons sur nos événements respectifs. Nous avons une grosse base de données de contacts. En ce qui concerne les « non membres », nous leur proposons de venir à des événements payants mais qui sont gratuits pour les membres.

Il y a 5 FACCI en Australie. Il y a une base de données fédérale mais nous avons aussi une base de données qui nous appartient au niveau locale. C’est grâce à cela que nous tenons les membres et non membres informés de nos événements.

MLBT : Quel message veux-tu faire passer aux francophones qui arrivent en Australie ?

Christine : Ce que je veux leur dire c’est que ce n’est pas la peine d’arriver avec un Working  Holidays  Visa sans être préparé et venir taper à la porte de la FACCI en demandant du travail parce qu’ils ne trouvent pas de travail ailleurs. Il faut s’organiser avant le départ. Et il faut être conscient que ce n’est pas parce qu’en Australie Occidentale il y a du travail que ça marche pour tout le monde. C’est réservé à certains domaines.

Pour donner une première idée du marché de l’emploi ici, il faut aussi connaître la tendance au niveau de l’enseignement. Depuis les 20 dernières années la majorité des étudiants de l’Australie Occidentale se spécialisent en Finance et Administration. Cela comprend bien entendu tout ce qui est comptabilité, business management etc. On a très peu d’ingénieurs. C’est pour cela que l’ingénierie française est très recherchée. Ici, chaque entreprise n’a pas sa filière ingénierie, ils font appel à des prestataires de services. Ils commencent tout juste à employer leurs propres ingénieurs. Alors maintenant, ils offrent des bourses dans les collèges-lycées pour sponsoriser les étudiants qui veulent devenir ingénieurs. Ils leur paient des bourses.

MLBT : Donc ça veut dire qu’on peut trouver un travail facilement en Australie Occidentale quand on est ingénieur ?

Christine : Oui, tu trouveras plus facilement en tant qu’ingénieur. Par ingénieur, j’entends dans tout ce qui est minier, para-pétrolier, para-gazier. La majorité des gens qui viennent sont spécialisés en IT, en Business Management ou en marketing et dans ce cas, ils ont beaucoup de difficultés, même s’ils sont très qualifiés. Attention, tout ce que je dis là concerne l’Australie Occidentale et éventuellement le Queensland qui a les mêmes tendances que nous au niveau de l’emploi.

MLBT : Donc comment peuvent faire les personnes qui viennent et qui sont diplômés en commerce ?

Christine : Sur le site de la FACCI, il y a des liens de chasseurs de tête ou simplement des grosses entreprises. Je conseille de contacter Polyglotte qui est spécialisée dans le recrutement français. Je pense aussi que l’idéal est de commencer à chercher depuis la France et non pas d’arriver ici et de chercher sur place. Je le déconseille très fortement! Ça dépend du diplôme et de l’expérience bien sûr. Pour les petits boulots, il est évident qu’on peut venir sur place pour trouver.

Tous ceux qui veulent travailler en tant que serveur, laveur de voiture ou en construction, peuvent venir et ils trouveront sur place 5h par ci, 5h par là. Par contre, pour tous ceux qui cherchent un poste dans un bureau, il vaut mieux chercher depuis la France. Il n’y a pas grand chose dans le secteur des nouvelles technologies car se sont surtout les australiens qui se spécialisent là-dedans depuis 20 ans. Un employeur australien préféra donc embaucher un australien. Il est aussi évident que celui qui ne parle pas TRES bien anglais ne trouvera pas. Pour toutes les personnes qui veulent venir travailler 6 mois dans leur profession, je leur conseille de trouver depuis la France.

MLBT : Et ceux qui viennent un an pour voir et qui ensuite se disent qu’ils veulent rester et trouver un travail ?

Christine : Dans ce cas, pour ceux qui veulent vraiment s’établir, c’est différent. Il faut venir sur place, il faut être prêt à prendre n’importe quel boulot dans un premier temps pour subvenir à ses besoins. Ensuite, il faut trouver un sponsor.

MLBT : Comment on trouve un sponsor?

Christine : Eh bien, il faut faire du porte à porte, il faut montrer qu’on a plus d’expérience que les autres, qu’on est un élément valable et important dans l’entreprise. Ça peut être aussi faire un stage de 3 ou 4 mois gratuitement et faire un petit boulot le soir pour gagner un peu d’argent. Beaucoup le font et sont serveurs en parallèle. A l’issue du stage, l’employeur peut évaluer les capacités de la personne et décider de la sponsoriser avec un visa 457. L’avantage pour eux c’est qu’une fois que les procédures sont terminées et les frais payés, ils sont presque sûrs que l’employé va rester puisqu’il est relié à l’entreprise grâce à son visa. En revanche, l’entreprise doit prouver qu’aucun Australien ne peut faire le travail en question.

MLBT : Du coup est-ce qu’on a réellement une chance en tant que PVTiste? Il y a forcément un Australien qui pourra faire le travail dans toute l’Australie Occidentale, non ?

Christine : A vrai dire, nous avons un fort avantage en tant que Français. L’Australie reconnaît que la France produit de très bons employés au niveau du savoir-faire et de la technologie. Ils le savent et c’est reconnu au niveau mondial. C’est incomparable avec ce qu’on peut trouver ici ou en Asie. On a une très bonne réputation au niveau du travail.

MLBT : Pour les gens qui ont un niveau allant du bac à la licence? Est-ce que ces personnes peuvent trouver un job ? Nous avons l’impression que les profils recherchés sont surtout des bac+5 ou  des personnes ayant des compétences très techniques..

Christine : Pour ceux qui viennent de terminer leurs études sans expérience, c’est plus difficile car ils sont en concurrence directe avec les Australiens qui finissent aussi leurs études. Ça sera plus facile d’avoir un sponsorship si la personne a déjà de l’expérience ou qu’elle a déjà eu un poste dans une entreprise similaire à la leur. Honnêtement, pour une personne qui vient de finir ses études, il y a peu de chance qu’elle trouve dans son domaine. Pourquoi l’entreprise prendrait un Français qui vient de finir ses études en France alors qu’il a le même profil que quelqu’un qui parle bien anglais ?

Ou alors, je suggère de venir faire n’importe quel boulot et de proposer un stage gratuit à une entreprise ; Au moins il y a un vrai avantage pour l’entreprise par rapport à l’embauche d’un Australien. Autre possibilité, il faut réussir à être embauché soit dans entreprise australienne qui a un lien avec la France, soit dans une entreprise minière qui exerce des activités en Afrique francophone. Ils ont besoin d’interprètes et de traducteurs. Dans ce type de jobs, il y a aussi des entreprises australiennes qui ont des activités avec la France. Le seul lien valable qu’il y aura sera la langue.

MLBT : Les visas Working Holidays s’arrêtent à 30 ans. Nous avons constaté qu’un grand nombre d’entre eux vient en visa étudiant et essaye de trouver du travail durable une fois sur place.

Christine : En réalité, c’est la même procédure que pour les autres au niveau du travail, sauf qu’en plus, ils sont restreint à ne travailler que 20h par semaine. Moi j’ai le cas d’une famille qui est venue en visa étudiant. Le mari a demandé un numéro ABN pour monter son activité. S’ils viennent avec une idée précise pour monter une entreprise c’est aussi une possibilité. Mais c’est très difficile d’avoir la résidence permanente par la suite ! Il faut demander un visa investisseur qui nécessite 500 000 dollars d’investissements.

MLBT : Au niveau de l’intégration, comment ça se passe avec les francophones ?

Christine : C’est une culture très différente de la nôtre. Les Australiens ont un très grand respect d’autrui. On attend en ligne pour prendre le bus, on ne klaxonne pas n’importe comment, on fait la queue à la banque. Et ça s’applique pour tout. Par exemple, on va dans un parc, on laisse un pull, le lendemain le pull est toujours là. Il y a des problèmes avec des jeunes qui oublient ce civisme qui ne fait pas parti de notre culture. Les Français ne sont pas bien considérés dans certains États parce que prendre le pull-over sera considéré comme un vol. Je pense qu’il faut s’informer de ce qui se fait ou non dans un pays. Ce n’est pas parce que les Australiens sont accueillants qu’on peut faire n’importe quoi. C’est un problème de différence culturelle. Faites une recherche avant de venir, renseignez-vous, préparez-vous!

MLBT : Où  pouvons-nous nous renseigner?

Christine : Il faut se renseigner auprès de l’ambassade australienne à Paris qui peut peut-être vous conseiller. Le problème est qu’aujourd’hui il n’y a pas de passage à l’ambassade parce que la demande de visa se fait en ligne. On ne peut pas communiquer sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Pour ceux qui ont des questions, il ne faut pas hésiter à envoyer des mails car c’est comme ça que ça se passe en Australie. Tout est simplifié ici. Ça aussi c’est important de le savoir. Il faut vraiment prendre le réflexe de s’informer. On ne peut pas arriver dans un pays sans savoir comment ça fonctionne.

Venir faire un Working  Holidays Visa et des petits boulots, c’est génial pour ceux qui viennent dans ce but. Mais ce n’est pas ceux-là qui ont des difficultés. Ceux qui ont des difficultés sont les gens qui ont fini leurs études et qui cherchent quelque chose dans leur domaine. Ce sont eux qui finissent dans leur voiture!

MLBT : Mais pourquoi viennent-ils pour se retrouver dans une misère pareille ?

Christine : Ils viennent parce qu’ils entendent que c’est le boom économique, que les conducteurs de camions dans les mines gagnent 120 000$ à l’année. Ça les fait rêver. Ils viennent de finir leurs études et se disent qu’ils vont tenter leur chance ailleurs. Ils sont aussi persuadés qu’ils parlent bien anglais et quand ils arrivent ici ils se rendent compte que ce n’est pas le cas. Il y a un fort problème d’anglais car ils disent qu’ils sont bilingues alors que ce n’est pas le cas.

En tous cas, ce que j’ai envie de dire c’est : « contactez-nous avant de venir ». Faites des recherches, faites une étude de marché. Ne venez pas en disant simplement que vous allez vous implanter. Venez aussi avec des contacts. N’hésitez pas à nous contacter pour qu’on vous redirige. On essaye vraiment de répondre à tous les besoins et c’est pour cela qu’on a créé un site d’emploi qui est disponible sur le site de la FACCI. Ne pas oublier que notre but est d’aider les Français implantés en Australie. On veut favoriser l’expatriation, on veut vendre le savoir-faire et la technologie française. Mais pour que tout cela soit bien fait, il faut se préparer.

               Maxence Pezzetta         Eugenie Delhaye

Category: AUSTRALIE
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4 Responses
  1. Olivier says:

    Concernant la recherche d’emploi qualifie, je pens que la demarche conseille n’est pas du tout realiste. Personellement, de la France, impossible pour moi de decrocher un seul entretien (y compris avec Polyglote) et ce malgre une forte demande dans mon domaine. En revanche, en etant sur place j’ai eu de nombreux entretiens et propositions et finalement un sponsor.
    A part si vous avez une qualification extrrement rare, les gens prefereront vous rencontrer en personne. Reflechissez y: vous etes sur place, pret a commencer, on peut vous appeler aux horaires de bureau etc…
    En revanche d’accord sur le reste: arrive prepare, travailler son anglais, se renseigner sur le marche, avoir de l’experience, se rappeler que les australiens n’attendent pas specialement qu’on arrive, on doit se faire sa place et ses preuves.

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