Patrick vit en Australie depuis près de 3 ans et connait bien la vie d’expatrié. Il avait déjà vécu 6 ans en Irlande avant d’aller s’installer en Australie. Il accepte de nous raconter son arrivée, les difficultés, les avantages et de donner des conseils sur l’expatriation en Australie.
My Little Big Trip : Bonjour Patrick, comment en es-tu arrivé à t’expatrier en Australie ?
Patrick : Je suis venu vivre en Australie il y a environ 3 ans et demi. Ça faisait longtemps que j’y pensais. J’avais vu pas mal d’émissions et pour moi c’était vraiment l’autre bout du monde. Je voyais la faune, la flore, les grands paysages, ça me faisait vraiment envie. Mon problème était que je ne parlais pas anglais et je ne voulais pas partir à l’autre bout du monde, dans un pays que je ne connaissais pas, sans maîtriser la langue. Je suis donc parti en Irlande avec pour projet d’enchainer avec l’Australie une fois que je maitriserais l’anglais. Je devais rester 1 an et je suis finalement resté 6 ans et demi. J’ai trouvé un travail sur place et l’économie irlandaise se portait plus que bien donc je ne voyais pas l’intérêt de partir. Quand la crise de 2008 est arrivée, je suis parti en Australie avec ma copine Irlandaise.
MLBT : Vous êtes arrivés directement à Perth?
Patrick : Non, nous sommes d’abord arrivés à Sydney. C’était il y 4 ans. Avant d’arriver, on est passés par le Japon et la Nouvelle Calédonie. On a atterrit à Sydney avec un Working Holydays Visa (Visa Vacances Travail). On s’est tout de suite dit qu’au lieu de voyager on allait trouver du travail tout de suite en arrivant. Ça nous donnait un an pour trouver un travail et pour être sûrs de pouvoir rester. Notre projet était de s’expatrier en Australie. Finalement nous ne sommes restés que deux semaines à Sydney.
MLBT : Que s’est-il passé ?
Patrick : Je suis dessinateur industriel en bâtiment et ma copine est dans l’environnement. On ne trouvait rien à Sydney, on avait des appels et on passait les entretiens mais rien ne se concrétisait. De mon côté j’avais quand même une expérience de 6 ans dans un pays anglophone et le génie civil c’est pareil partout dans le monde. Ma copine ne trouvait rien non plus alors qu’elle est irlandaise. On ne comprenait pas trop pourquoi on ne trouvait pas.
MLBT : Pourquoi était-ce si difficile d’après toi ?
Patrick : C’était le début de la crise mondiale et les australiens avaient un peu peur d’embaucher des étrangers. On a eu de la chance parce que le père de ma copine travaillait dans l’économie en Irlande et il connaissait la personne qui gère l’entreprise dans laquelle elle est actuellement. Elle l’a contacté et il lui a proposé un contrat d’un mois à Perth. On s’est dit que c’était mieux que rien et on s’est envolé pour la côte Est.
MLBT : C’est un gros changement de passer de Sydney à Perth !
Patrick : Au début on avait un peu peur parce qu’on avait lu que Perth était la ville la plus isolée du monde. Mais tout est allé très vite dès qu’on est arrivés. Ma copine a commencé à bosser tout de suite et on a trouvé notre colocation au bout de 3 jours.
Pour mon boulot j’ai un peu plus galéré puisque j’ai mis 6-7 mois à le trouver. En attendant, je m’étais inscrit dans une équipe de rugby. En plus de faire du sport, ça m’a permis de me créer un réseau. Dans le club, il y avait un gars qui avait une entreprise de charpenterie. Il avait besoin de personnes pour l’aider donc j’ai travaillé pour lui pendant 6 mois. C’est un autre membre du club de rugby qui a trouvé mon travail actuel dans ma branche.
MLBT : Est-ce qu’il y a un message que tu aimerais faire passer sur l’Australie ?
Patrick : Pour commencer, il n y a pas du soleil partout et tout le temps (rires), même à Perth ! Quand je suis arrivé,c’était en hiver. Il ne faisait pas froid, il faisait environ 15 degrés mais il pleuvait beaucoup. Sachant que le matin il faisait 1 ou 2 degrés.
MLBT : Qu’est-ce que tu t’es dit quand tu es arrivé en Australie ?
Patrick : Déjà, il ne faut pas oublier que je suis arrivé à Sydney donc quand je suis arrivé à Perth, il y avait une différence entre la grosse ville de Sydney et la ville de Perth. Globalement, j’étais super content lorsque je suis arrivé à Sydney. Ça m’a pris 7 ans et je finissais par croire que je n’y arriverais jamais. C’est vrai qu’au début je n’avais pas trop envie de venir m’installer à Perth parce que j’ai un ami en Nouvelle-Calédonie et c’est beaucoup plus proche de la côte Est. Il y avait aussi le fait qu’il n’y ait pas d’autres villes autour de Perth.
Lorsque nous sommes arrivés, nous avons pris une guest-house à 15 min du centre-ville. On s’est dit que c’était un bon emplacement et qu’il y aurait de l’animation. En fait il n’y avait rien, c’était complètement mort! En plus il pleuvait des cordes, on s’est demandé ce qu’on faisait là. Honnêtement, il m’a fallu du temps pour aimer Perth. Il y a pleins de choses à faire mais il faut connaître, il faut savoir où se renseigner. Le problème est qu’il n y a pas de communication sur les événements organisés dans la ville. Il y a aussi plein de choses que tu ne peux pas faire en France et auxquels tu ne penses pas trop comme par exemple les cinémas plein air. Et avec le temps, tu t’habitues au rythme de vie ici.
MLBT : Qu’entends-tu par « le rythme de vie ici »?
Patrick : C’est tranquille! C’est très famille et ça se ressent dans le rythme de vie. Le boulot n’est pas la priorité, c’est la famille la priorité. C’est aussi pour ça que le centre-ville est fermé après 17h. Tout le monde rentre chez soi pour s’occuper de sa famille.
MLBT : Ton projet de vie est de rester ici?
Patrick : Non pas forcément. L’Australie est quand même loin de la famille. Moi j’aime bien le train de vie et le climat mais c’est trop loin pour moi. Si c’était à 5h de la France ça serait le pays idéal. Rentrer en France prend du temps et de l’argent. Tu ne peux pas rentrer juste pour une semaine parce que le décalage horaire est très important. Globalement, la France ne me manque pas trop mais ma famille oui. Et ils ne viennent pas ici parce que c’est trop loin. Mais je pense que c’est aussi la culture française. Dans notre pays on peut aller à la mer, en ville ou à la montagne. On peut tout faire en restant en France, les gens n’ont pas toujours l’habitude de faire de grandes distances pour partir en vacances.
MLBT : La nourriture ne te manque pas?
Patrick : Non ça va, j’ai réussi à trouver un français qui me fournit saucisson et ici il y a du bon vin !
MLBT : Quelle est ton image de la France?
Patrick : J’ai l’impression que ça n’a pas changé depuis que je suis parti. J’ai l’impression que les choses n’évoluent pas. C’est toujours pareil. Moi je ne suis plus trop en France, je m’informe mais je ne me sens plus directement concerné. Je me rends compte de tout cela surtout quand je rentre. Quand je regarde les informations, j’ai l’impression que rien ne va, tout est négatif. Je ne sais pas si c’est vrai parce que j’ai plein d’amis qui sont restés en France et ils ont l’air de très bien s’en sortir.
MLBT : Peux-tu nous parler de l’accès au logement en Australie? On a l’impression que c’est très compliqué de ne pas être en colocation.
Patrick : Moi je voulais être en colocation depuis le début. En France je vivais chez mes parents et c’est seulement quand j’étais en Irlande que j’ai commencé à avoir mon indépendance. Dans les pays anglo-saxons ça se fait beaucoup de partager son logement parce que les loyers sont chers. Et acheter est vraiment très cher aussi. Ce n’est pas forcément le loyer mais le terrain qui est cher. Notre maison actuelle vaut 800 000 Dollars alors qu’elle est vielle et en mauvais état. Je trouve tout de même que c‘est moins cher qu’en Irlande et que c’est plus abordable de prendre un loyer seul ici.
MLBT : Est-ce que tu aurais un conseil à donner aux gens qui aimeraient s’expatrier en Australie?
Patrick : Je pense qu’il n y a pas d’endroit parfait dans le monde et que ça dépend de ce que tu recherches. Quand je suis parti de France c’est parce que j’en avais ras le bol. Malgré tout, à chaque fois que je rentre je trouve que c’est vraiment un super pays. Il n’y a pas de pays parfait, il faut garder en tête qu’il y a toujours du bon et du mauvais.
Pour partir à l’étranger, il ne faut pas avoir peur. Tu prends un billet d’avion aller-retour et si ça se passe mal tu rentres. En plus l’Australie est un pays avec une culture occidentale donc ça ressemble à la France, c’est juste la langue qui change. Il faut simplement prévoir un budget et avoir mis un peu d’argent de côté parce que ça coûte très cher de vivre en ici. Surtout si tu veux venir ici pour te balader et pour voyager.
Si tu veux venir pour travailler, il faut essayer de trouver du travail avant de venir. Il ne faut pas avoir peur de faire un petit boulot en attendant de trouver quelque chose de mieux.
Quand tu es français c’est quand même facile de voyager, tu peux aller partout dans le monde. Après si tu vas à l’étranger, la langue est un point important. Si tu ne parles pas bien anglais, ça sera plus difficile donc il faut quand même se préparer.