Pierre-Alexandre Goyette est un entrepreneur en série. Après avoir monté sa première entreprise à 20 ans, il a décidé de développer tout un éco-système d’organisations autour de cette première entreprise qui est… Une école de musique ! Il nous raconte son histoire…
MLBT : Bonjour Pierre-Alexandre, nous avons vu inscrit sur ton profil Linkedin « entrepreneur en série », peux-tu nous raconter ce que cela signifie et comment?
Pierre-Alexandre Goyette : C’est une longue histoire (rires) ! A l’origine je suis musicien. J’ai commencé à jouer des instruments de musique quand j’avais 6 ans. A 13 ans j’ai participé à un concours de musique avec mon groupe et nous l’avons gagné. Le prix était un enregistrement d’un CD en studio. J’avais 14 ans. J’ai continué d’aller à l’école et après le bac j’ai continué mes études dans la musique. Mon but était de travailler dans ce domaine. Je voulais vivre de ma passion. Après les deux premières années d’études, j’ai choisi un programme d’étude de la musique pendant 3 ans. J’ai tout arrêté au bout d’un an pour monter ma propre école musicale !
MLBT : Tu l’as monté tout seul ?
Pierre-Alexandre : J’ai rencontré mon associé, Jonathan, pendant mes études et mon frère s’est joint au projet. Jonathan voulait aussi monter un studio d’enregistrement et une école de musique. Il y a 10 ans, nous avons décidé de nous associer et de mettre en commun notre vision du projet. On a lancé l’entreprise en 2004. L’année 2003 a été consacrée à la rédaction du plan d’affaires, trouver des financements, des locaux etc.
MLBT : Mais comment avez-vous trouvé les financements ? Vous étiez jeunes, non ?
Pierre-Alexandre : Oui nous étions jeunes et ça ne nous a pas aidé (rires )! Nos parents nous ont soutenus pour l’apport et les banques nous ont fait confiance. En 2004 nous étions en lancement à temps plein, on ne faisait que ça. On était dans une phase de pré-démarrage, c’est-à-dire qu’on cherchait les clients, on embauchait du personnel, on faisait de la publicité etc.
On a aussi rénové tous les locaux nous-mêmes. Nous avons fait approuver les plans par un architecte et par un ingénieur et on a fait les travaux de juillet 2004 à avril 2005 !
MLBT : Comment faisiez-vous pour vivre ?
Pierre-Alexandre : Honnêtement, la première année on ne se versait pas de salaire, on vivait tous ensemble, 7 jours sur 7 et 24h sur 24. On avait aussi un groupe de musique ensemble, ça créé des liens. Et on était jeunes donc c’était fun.
MLBT : A ton avis, quelle est la clef du succès ?
Pierre-Alexandre : Pour moi, ce n’était pas une option de se planter. Ça devait forcément réussir. L’échec n’était pas envisageable du tout. Je pense que c’est ça qui a fait notre force pour toujours continuer malgré les difficultés.
Nous avons donc monté l’école qui est devenue le point de départ et le point central de toute la structure de l’entreprise que nous avons créée.
MLBT : Comment ça ?
Pierre-Alexandre : En fait, nous avons continué notre projet en en développant d’autres. On avait l’école pour tout ce qui concernait l’enseignement et on a créé le studio pour l’enregistrement.
MLBT : Dans quel état d’esprit étiez-vous ?
Pierre-Alexandre : On ressentait une liberté totale avec l’impression de pouvoir monter n’importe quel projet. Donner naissance à une organisation signifie créer des emplois et dans notre cas c’était aussi une communauté de personnes qui se réunissent pour un but commun. Notre mission est de faire passer la culture et la musique dans la vie des gens.
MLBT : Qu’est-ce qu’il s’est passé par la suite ?
Pierre-Alexandre : En 2008-2009, j’ai fait des conférences sur l’entrepreneuriat et j’ai rencontré une amie qui travaillait en tant que consultante en réinsertion professionnelle. J’ai donc oeuvré entre 2009 et 2011 comme consultant en développement d’entreprise et j’ai aussi repris des études d’école de commerce parce que je sentais que j’avais des lacunes.
En 2009 j’avais énormément de projets en même temps et imbriqués les uns dans les autres. J’ai commencé par monter le groupe Lithium qui est une entreprise de gestion.
En parallèle, en 2010, on a vendu le studio d’enregistrement à une coopérative qu’on a co-fondé avec des musiciens du studio. Cela signifie que l’organisation est la propriété de tous ses membres. La coopérative est basée sur 3 missions. Il y a une partie formation en studio, une partie enregistrement et une partie accompagnement et production de spectacles et d’artistes.
En 2011, j’ai terminé la mission avec mon amie dans le développement d’entreprises. Avec mon frère et des associés du groupe Lithium nous avons développé une société qui s’appelle WT Communication. A l’origine, c’est une entreprise que nous avons aidé à se développer car nous étions partenaires à 30%. Avec cette entreprise, nous en avons acheté une autre qui s’appelle le « Guide du Quartier » qui est un équivalent de Pages Jaunes mais à petite échelle.
En 2009, on a aussi fondé un organisme à but non lucratif qui s’appelle la SOBAM. C’est un organisme à vocation philanthropique. Il est toujours en activité aujourd’hui et il est partenaire avec la coopérative et l’école. Le but de la SOBAM est de permettre aux gens à faible revenu d’avoir accès aux bienfaits de l’apprentissage de la musique.
MLBT : C’est impressionnant, combien de personnes sont impliquées ?
Pierre-Alexandre : Nous sommes une quarantaine de personnes en tout.
MLBT : Tu as bientôt 30 ans, quels sont tes objectifs après avoir déjà fait tout cela ?
Pierre-Alexandre : Je suis en train de passer un certificat de leadership organisationnel à HEC Montréal. Je voudrais terminer ça et faire un MBA. Je voudrais me rapprocher davantage du marketing et de la publicité et faire quelque chose de vraiment créatif.
MLBT : Que penses-tu de la main d’œuvre française ?
Pierre-Alexandre : Je pense que c’est une main d’œuvre qualifiée avec un niveau d’éducation très élevé. Les Français ont le goût de l’effort, ce qui est plus rare chez les Québécois qui n’ont pas été habitués à l’autorité et qui sont plutôt épicuriens.
MLBT : A ton avis, est-ce que le PVT serait un frein pour l’embauche d’un candidat ?
Pierre-Alexandre : Je ne pense pas. Pour ma part, j’ai déjà embauché plusieurs PVTistes et j’en ai même aidé certains à obtenir un permis de travail.
MLBT : On a entendu dire qu’au Québec, on pouvait être licencié du jour au lendemain, est-ce vrai ?
Pierre-Alexandre : Généralement il y a une période d’essai de 3 mois. Ici il n’y a pas de CDD ou de CDI, l’équivalent d’un CDI serait un contrat permanent. Si certains sont victimes de licenciement abusif, ils peuvent aller voir la commission des normes du travail.
MLBT : On a aussi entendu que tout se faisait grâce au réseau. Est-ce que tu aurais un conseil à donner par rapport à ça ?
Pierre-Alexandre : Je pense qu’il faut fréquenter les cocktails de réseautages et les 5 à 7 (équivalent en France des afterworks). Je pense notamment à ceux de l’entremetteuse ou de la Jeune Chambre de Commerce de Montréal. Il faut aussi utiliser les réseaux sociaux et ne pas hésiter à se faire référer par quelqu’un d’autre.