Nous rencontrons Joyce Legendre, arrivée à Montréal avec un PVT il y a un peu plus de deux ans et heureuse détentrice de la résidence permanente !
My Little Big Trip : Comment en es-tu venue à t’installer à Montréal ?
Joyce : J’ai fait mes études à Audencia Nantes et dans le cadre de ces études, j’ai beaucoup voyagé. J’ai fait un échange Erasmus au Danemark et j’ai ensuite fait mon stage de fin d’années en Espagne, où j ai également retrouvé mon conjoint. A l’origine, nous voulions rester à Madrid mais je ne trouvais pas de travail à cause de la crise qui commençait en Espagne. Nous sommes rentrés en France et y sommes restés quelques années avant de commencer à touver la vie parisienne moins agréable et d’avoir à nouveau l’envie de repartir vivre à l’étranger.
MLBT : Qu’est-ce qui vous agaçait ?
Joyce : Moi ça allait mais mon mari en avait assez de la routine. Il ne supportait plus les transports et le temps qu’il passait dans le RER chaque jour. Après réflexion, nous n’avions pas, non plus, envie d’habiter à Paris pour toujours – parce que c’est l’évidence.
MLBT : Comment avez-vous préparé votre projet d’expatriation ?
Joyce : Ça nous a pris du temps car il a fallu monter un projet de zéro. Nous avons vraiment étudié toutes les possibilités, les différents pays. Nos critères étaient les suivants : la facilité à trouver un travail, la possibilité de sortir et la qualité de vie, la nature. La langue n’était pas un frein. Nous avons même envisagé la Chine mais nous voulions aussi faire attention à l’intégration et à la culture. Finalement, notre choix s’est arrêté sur le Canada. Un des éléments déclencheurs a été la facilité d’obtention du PVT.
MLBT : Comment vous êtes-vous renseignés ?
Joyce : Nous avons consulté un grand nombre de forums. Nous voulions être dans une optique plus sereine que « challenge ». En Octobre 2010, nous ne savions toujours pas notre destination et, après avoir collecté les infos nécessaires, en Novembre, nous avons fait notre demande de PVT pour le Canada.
MLBT : Comment s’est passée votre arrivée au Canada ?
Joyce : En Avril 2011, quand nous sommes arrivés, nous n’étions jamais allé au Canada, et nous n’avions pas choisi quelle serait notre nouvelle ville. Débarqués à Toronto, nous avons parcouru le Québec durant 1 mois. Dix jours après notre arrivée, nous avons décidé d’aller à Montréal durant quelques jours. ça a été le coup de cœur! Nous nous sommes mis à chercher un appartement et en 2 jours nous avons trouvé notre nouvelle maison!
MLBT : Qu’est-ce qui vous a plu à Montréal ?
Joyce : Le vert ! (rires). Nous avons beaucoup aimé le côté nature de Montréal : les parcs, le Mont-Royal et aussi la présence de l’eau, avec le Saint Laurent. De plus, ici, c’est une ville vivante avec énormément d’activités à faire, en été comme en hiver.
MLBT : Connaissiez-vous des gens avant d’arriver ?
Joyce : Non pas du tout. Nous avons simplement fait nos devoirs avant de partir. On a recherché des gens qu’on pouvait connaitre : Le cousin d’un ami, un ami d’un ami etc.
MLBT : Comment avez-vous réussi à trouver un travail ?
Joyce : Mon mari a trouvé rapidement. Il avait parlé à son chef à Paris de sa volonté de venir à Montréal. Il lui a dit qu’il connaissait quelqu’un qui était là depuis 7 ans. Il est allé déjeuner avec cette personne et 15 jours plus tard, il avait un job.
Pour moi ça a pris plus de temps. J’ai commencé à chercher en juin en commençant par des petites missions d’intérim. J’ai fini par trouver mon job actuel en mars 2012.
MLBT : Mais ton PVT était d’un an, n’est-ce pas? Comment as-tu fait ?
Joyce : Dans mon année, il restait des permis jeunes professionnels jusqu’en mai donc j’ai décroché le travail en mars et j’ai fait la demande de permis jeune professionnel tout de suite. Il en restait une centaine quand j’ai fait ma demande.
MLBT : Tu nous as dit que tu avais reçu ta résidence permanente il y a peu de temps. Comment avez-vous procédé?
Joyce : Nous avons commencé les procédures dès que nous étions sûrs de rester quelques temps à Montréal, soit 3 mois après notre arrivée. Nous avions amené tous les papiers de France. On a reçu la résidence en juin dernier donc la procédure entière aura duré 2 ans.
MLBT : Que peux-tu nous dire au niveau des différences culturelles?
Joyce : Je pense qu’ici, la pire erreur que tu puisses faire est de penser que tu es en France. En arrivant ici, j’étais prête à rencontrer une autre culture. Montréal est à 6000 kilomètres de la France donc c’est forcément différent. Quand je rencontrais des personnes, je ne pensais pas à tous les clichés qu’on a en France.
Je pense que le plus difficile au début est de se comprendre. Le vocabulaire et les expressions sont très différents de ce qu’on connait. Rester ouvert et attentif, comme lorsque l’on apprend une nouvelle langue est une bonne attitude à adopter.
MLBT : A ton avis, quelles sont les différences dans les méthodes de travail? La façon de vivre etc?
Joyce : Dans la façon de travailler, il faut garder en tête qu’ici on est quand même en Amérique du Nord, on est beaucoup dans le dépassement de soi, l’esprit entrepreneur. Ce ne sont pas les diplômes qui attestent de tes compétences, ce sont tes expériences, même s’il y a des échecs dans le parcours. C’est l’énergie et la persévérance qui importe.
Joyce : Dans la façon de vivre, les Québécois sont des gens super positifs qui se posent moins de questions que nous. Ils sont très humbles et ne portent pas de jugement ni sur toi, si sur eux. Ils profitent du moment présent. Ils sont probablement plus heureux. C’est plus difficile pour un Français d’exprimer simplement qu’ils sont heureux. Ici, ils profitent de la vie, ils s’amusent et ça fait partie de la qualité de vie d’être entouré de cette énergie positive.
MLBT : On parle beaucoup du fait qu’on peut trouver un travail facilement mais qu’on peut aussi se faire licencier facilement. Qu’en penses-tu ?
Joyce : C’est vrai que l’on embauche plus facilement. Une ou deux entrevues suffisent pour que l’on te donne ta chance. Il faut prouver que l’on vaut sa place et le droit à l’erreur est plus faible. Si tu ne corresponds pas au poste, ou bien tout autre raison, il est possible de se faire licencier. Les Français vivent cela difficilement, peuvent se remettre en question…Nous n’avons pas l’habitude de cette souplesse dans le monde du travail, cependant une coupure ne signifie pas forcément un problème de compétences. Le mieux est de prendre cela comme une occasion de trouver une nouvelle orientation à sa carrière ou de nouveaux défis. Ici, je connais beaucoup de personnes qui se sont déjà fait licencier ou qui ont quitté leur emploi. Toutes ont retrouvé du travail.
MLBT : As-tu des conseils à donner à ce sujet ?
Joyce : Mon conseil est de savoir rebondir. On m’a beaucoup dit, si la porte ne s’ouvre pas, il faut passer par la fenêtre, puis sous le paillasson! Il faut garder en tête que nous sommes les seuls à pouvoir faire quelque chose pour notre sort et trouver des solutions. Il ne faut pas se décourager. Il faut aussi réunir les bonnes conditions pour réussir son immigration.
MLBT : Quelles sont les bonnes conditions pour réussir son immigration au Canada ?
Joyce : Quand nous sommes arrivés, nous avons tout de suite trouvé un appartement, on a fait les achats qu’il fallait pour bien se préparer à l’hiver, on avait déjà tous les papiers etc. D’autres personnes arrivent ici et décident de baisser leurs coûts en choisissant un appartement loin de tout, en essayant d’économiser au maximum et de ce fait, il est difficile de rencontrer des gens. Il y a beaucoup de gens qui finissent par rentrer car ils n’ont pas trouvé ce qu’ils cherchaient. Gérer ses attentes est important pour éviter les frustrations.
MLBT : Est-ce que tu aurais un conseil à donner aux Français qui cherchent un travail au Québec ?
Joyce : Pour être accepté et intégré, il faut être respectueux et comprendre que l’attitude est importante. Le « je parle mieux », « je ne fais pas de fautes d’orthographe », « j’ai fait des meilleures études » etc. ça ne marche pas ici. Il faut apprendre comment ça fonctionne ici et rester humble.
Chercher du travail c’est comme n’importe où ailleurs, sauf que tu ne peux pas compter sur le prestige de ton école. Ce que j’ai aimé ici c’est qu’ils sont plus dans le « faire ». Les Québécois vont plus s’attarder sur tes compétences que sur ton diplôme. Ils vont regarder si tu es débrouillard, si tu as de l’expérience. Les études sont chers et tous ne peuvent pas les prolonger jusqu’à la maitrise. Pour ceux qui souhaitent poursuivre des études, plusieurs voies existent : soit plus tard en même temps que la vie professionnelle, soit cumuler études & emploi, d’autres suivent les cours du soir…. Il y a plus de diversité dans les chemins professionnels.
MLBT : Et concernant les amis?
Joyce : La majorité de nos amis sont Français de multiples origines. J’ai des amis Québécois mais ça prend plus de temps. C’est normal. En France, on n’est pas facilement amis avec des gens qui viennent de s’installer. Je pense que lorsqu’on arrive, il ne faut pas se couper des autres français pour chercher à être qu’avec des Québécois. L’important c’est de se créer un réseau d’amis.
MLBT : Pour finir, as-tu quelques mots à nous dire sur l’hiver québécois ?
Joyce : Quand tu arrives, tout le monde te fait peur en te disant qu’il fait -40C en hiver… mais ça s’est une semaine par mois ! Le conseil que j’aurais à donner est qu’il ne faut pas s’empêcher de sortir parce qu’il fait froid. Il y a plein de choses à faire : du ski, des raquettes etc. Une chose qui peut surprendre c’est que les Québécois ne sortent pas beaucoup en hiver.
MLBT : Pourquoi ? Ils doivent être habitués au froid, non ?
Joyce : Les Québécois sont moins équipés en vêtements d’hiver que nous et n’ont pas la « magie de la neige » que nous avons en tant que Français. Ils démarrent leur voiture à distance, ils arrivent au boulot, ils garent la voiture au parking souterrain, vont directement au bureau, puis rentrent chez eux. Beaucoup d’activités peuvent se faire à l’intérieur. S’il y a à sortir dehors, beaucoup préfèreront rester au chaud!
La seule chose est que l’hiver est parfois un peu long, surtout s’il y a encore des tombées de neige en avril.
ça nous donne envie de nous expatrier au Quebec….
Bravo pour ton journal et bises à toi et Jef, de Mémé et Pépé