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Entrepreneur sur internet en Australie!

Entreprendre en Australie - Hadrien Brassens - Reef Digital AgencyHadrien Brassens est l’un de nos interviewés qui a eu un parcours « sans encombre » en Australie : de la chance, des compétences et de la volonté l’ont conduit à être entrepreneur en Australie. Il est officiellement cofondateur de son entreprise Reef Digital Agency depuis décembre 2012. Il nous parle de l’entrepreneuriat et l’intégration en Australie.

My Little Big Trip : Bonjour Hadrien, comment en es-tu venu à t’expatrier en Australie ?

Hadrien : Au départ, j’hésitais entre le Canada et l’Australie. J’ai choisi l’Australie parce qu’un de mes meilleurs amis y était. Je suis arrivé début 2008 à Sydney. A l’époque je faisais un master 2 après avoir fait une école de commerce. Je devais faire un stage et un mémoire et j’ai décidé de faire mon stage à l’étranger. Je suis venu en Australie pour décrocher un stage mais j’ai tout de suite trouvé un temps plein dans le domaine que je voulais. Ils m’ont sponsorisé au bout de 2 mois. C’est atypique mais dans mon milieu ils sponsorisent à la pelle. Je suis spécialisé dans le référencement payant et naturel. Cela fait plusieurs années que le secteur du SEO/SEM (référencement sur internet) est en pleine expansion et que les ressources locales continuent à manquer, alors les entreprises recrutent beaucoup d’étrangers.

MLBT : Mais tu avais de l’expérience dans le référencement sur internet ? Comment ça s’est passé ?

Hadrien : J’ai toujours été intéressé par internet et par le marketing. Le référencement payant était un croisement des deux. Un recruteur m’en a parlé quand je suis arrivé en Australie et j’ai eu un job assez facilement. J’ai été recruté en tant que junior. A l’époque ça embauchait beaucoup à ce niveau et on était formés sur place. Ensuite l’expérience a pris le dessus. Entreprendre en Australie - Hadrien Brassens - Reef Digital Agency - SEO

En Australie, c’est facile de monter les échelons dans l’entreprise. Tu te retrouves vite à gérer des projets, des clients et une équipe. Dans mon industrie, tout va vite. Par exemple, le meilleur moyen d’augmenter son salaire est de changer de boîte. Les gens restent en moyenne à peine deux ans dans leur entreprise. Si tu travailles dur et que tu es bon tu vas réussir. Il faut avoir la niaque. En plus, dans ce milieu, c’est très facile d’être sponsorisé. Les agences web connaissent bien la procédure.

MLBT : Au niveau des salaires, il faut compter combien ?

Entreprendre en Australie - Hadrien Brassens - Reef Digital Agency - Evolution professionnelleHadrien : On m’a proposé 35 000$ par an quand je suis arrivé, j’ai négocié 45 000$. L’avantage ici c’est qu’ils voient les stages comme de l’expérience professionnelle. Ils ne m’ont pas vraiment demandé mes diplômes non plus. Ce qui les intéresse c’est l’expérience et la personnalité. J’ai donc commencé en tant que junior à ce salaire. En général, il y a une période d’essai de 3 mois et si ça se passe bien ils te gardent. Au bout de 2 ans j’ai changé de boite parce que je ne pouvais plus évoluer. Quatre ans plus tard, j’avais doublé mon salaire initial.

MLBT : Quel est le secret pour continuer à grimper, gagner en connaissances et en valeur dans ton milieu ?

Hadrien : Ma progression dans mes deux entreprises précédentes s’est faite par pallier. Pour vous donner une idée de mon évolution, j’ai commencé en tant que junior en optimisation de campagnes. J’ai changé de boîte et dans celle-ci j’ai demandé à avoir mon propre portefeuille clients, je faisais les relations entre les clients et l’agence. Ensuite j’ai géré une équipe qui était à Sydney puis une à l’étranger et à la fin je gérais tous le département « Paid Search » (=Référencement payant). J’ai finalement voulu monter mon propre projet et c’est ce que j’ai fait en novembre dernier.

La raison pour laquelle la demande dans ce genre de milieu continue d’augmenter, c’est que c’est une forme de marketing qui est en plein boom et qu’il y a toujours du boulot. En ce qui me concerne, je ne connaissais pas vraiment ce milieu en arrivant à Sydney. Je suis tombé au bon endroit au bon moment, comme beaucoup d’autres.Entreprendre en Australie - Hadrien Brassens - Reef Digital Agency

MLBT : Comment as-tu fais par rapport à ton visa ?

Hadrien : Au bout de deux ans avec le 457 sponsorship visa, j’avais l’option de demander ma résidence permanente via le visa 856 (employer nomination scheme). J’ai préféré rester sur le 457 pour d’autres raisons. Et comme mon premier visa 457 de quatre ans expirait en novembre dernier, j’avais donc deux choix : le renouveler avec la boîte dans laquelle je bossais ou me faire sponsoriser par ma propre start-up. Sachez que j’ai un partenaire Australien qui lui bosse pour notre boite à temps plein depuis 2 ans. Comme cette nouvelle entreprise était encore jeune, les démarches pour être accrédité sponsor étaient assez compliquées puisqu’il nous fallait un certain nombre de documents démontrant notre crédibilité.

MLBT : Comment ça se passe pour monter sa boite à Sydney ?

Hadrien : Le fait d’avoir un partenaire australien simplifie les choses. Quand on a démarré l’entreprise, on a tout mis à son nom. De toute façon c’était trop compliqué de le faire moi-même. Si j’avais eu la résidence Entreprendre en Australie - Hadrien Brassens - Reef Digital Agencypermanente, j’aurais pu monter ma boite comme un Australien mais comme mon visa dépendait de mon emploi, le seul moyen était de monter une entreprise qui me sponsorise. Le problème est que c’est compliqué quand l’entreprise en question est une start-up. Sinon, l’autre option quand on veut monter son entreprise en Australie est d’investir 200 000 ou 300 000$ et obtenir un visa investisseur (=Business Owner Visa). Bien évidemment, je ne pouvais pas investir ce montant.

On a donc monté l’entreprise au nom de mon partenaire et depuis le mois dernier je suis officiellement cofondateur. On a tout partagé entre nous deux. Au niveau de la démarche c’était très simple. Nos comptables ont tout pris en charge.

MLBT : Quelle est l’activité de l’entreprise ?Entreprendre en Australie - Hadrien Brassens - Reef Digital Agency

Hadrien :Notre spécialité est le SEO/SEM (référencement organique et payant) ainsi que le copywriting. Cependant, on a beaucoup de clients qui ont besoin d’aide avec des projets supers variés. On fait donc un peu de tout, on crée des applications mobiles, des sites internet, on a des campagnes en display, en social media, etc. Si on nous fait une demande qui n’est pas dans notre cœur de métier, on délègue la tâche et on passe par des freelancers. On a un réseau de contacts dans le monde entier qui sont d’accord pour bosser pour nous et on les fait travailler par projet. Nous ne sommes que deux à temps plein mais nous aurons prochainement une autre personne à temps partiel pour commencer, ainsi qu’une stagiaire. Notre objectif est de consolider notre base à Sydney, puis d’éventuellement nous étendre à l’international.

Si je peux donner un conseil c’est que si tu t’y connais en SEO/SEM, tu peux trouver un travail et te faire sponsoriser très rapidement à Sydney. N’hésitez pas à dire à vos lecteurs de me contacter si c’est le cas !

MLBT : Comment motivez-vous les gens qui travaillent pour vous ?

Entreprendre en Australie - Hadrien Brassens - Reef Digital Agency - Travail à domicileHadrien : Pour attirer des gens, l’argent est motivant mais le cadre est aussi important. Quand tu es une petite entreprise qui débute, tu ne peux pas vraiment embaucher des gens expérimentés car ils coûtent trop chers, alors tu trouves d’autres moyen de les motiver. Si on embauche quelqu’un et que ça marche, on lui proposera d’adapter son boulot à ses envies, comme par exemple de travailler de chez lui plusieurs jours par semaine. Moi c’est ce qui me plait en Australie, l’équilibre entre vie personnelle/vie professionnelle. Aller se baigner à la plage après le boulot et avant le coucher de soleil, ça n’a pas de prix.

MLBT : Quelle est la méthode à suivre pour quelqu’un qui voudrait travailler dans le web à Sydney ?

Hadrien : Si la personne a déjà de l’expérience, le plus simple est de contacter des agences spécialisées. Elles ont beaucoup d’offres et s’occupent de tout. C’est de cette manière que j’ai réussi à avoir un réseau assez large de recruteurs. En tant que candidat ça aide énormément. Quand je cherchais un nouveau job, j’ai envoyé un message à 5 ou 6 recruteurs. C’était un lundi et en fin de semaine, j’avais déjà 4 ou 5 entretiens de programmés. Tu peux aussi passer par les réseaux sociaux en disant que tu cherches un travail à Sydney.

MLBT : A part le SEO/SEM, quels sont les profils recherchés à Sydney ?Entreprendre en Australie - Hadrien Brassens - Reef Digital Agency - Webdesign

Hadrien : Je pense que dans tout ce qui est Web Design et développement, tu peux trouver très facilement. Même chose pour tout ce qui est IT, publicité en ligne et gestion de projets digitaux aussi.  C’est un secteur qui a le vent en poupe!

MLBT : Peux-tu nous parler de l’intégration franco-australienne ?

Hadrien : Les australiens sont assez cools mais c’est dur de rentrer dans un cercle d’amis. A notre âge (26-27 ans) ils auront déjà leur bande de potes. Ils te parleront pendant les soirées mais les « transformer » en amis est plutôt difficile. Mes amis ici sont d’anciens collocs, d’anciens collègues ou des gens que j’ai rencontré via d’autres activités (cours de langue, sports, etc). La plupart du temps ce sont aussi des étrangers.

MLBT : Et les Français ?

Hadrien : En 5 ans, j’en ai rencontré beaucoup même si la plupart sont repartis. Maintenant j’ai l’impression qu’il y en a de plus en plus. Ce que j’ai remarqué c’est qu’en 2008, les français venaient vraiment pour le voyage, pour l’aventure, pour un gros road trip. Depuis 2 ans j’en vois de plus en plus venir pour leur carrière professionnelle.

Entreprendre en Australie - Hadrien Brassens - Reef Digital Agency  - Accès au logementMLBT : Que peux-tu nous dire sur l’accès au logement ?

Hadrien : Moi j’étais en colocation pendant deux ans, ensuite j’ai emménagé avec ma copine et, à nouveau célibataire, j’ai pris un appart en mon nom. J’ai deux chambres donc j’ai récemment décidé de prendre un colocataire pour la seconde chambre. Ça devient de plus en plus facile avec le temps d’obtenir un logement parce que ton niveau de salaire augmente mais aussi grâce aux locations précédentes. Quand tu veux louer un appart, ils regardent ton historique et vérifient si ça s’est toujours bien passé. Les loyers augmentent chaque année mais l’option de la colocation reste abordable pour ceux qui le souhaitent ou pour ceux qui débutent.

MLBT : Est-ce que tu aurais un conseil à donner aux gens qui veulent venir ?

Hadrien : Oui, il faut se rendre compte que l’Australie coûte très cher. Par exemple, mon appartement de deux chambres à Sydney me coûte 2000$ par mois. Mais j’ai des amis qui payent autant si ce n’est plus pour un appartement avec une seule chambre. Les transports et la nourriture coûtent très chers également. J’ai aussi rencontré pas mal de gens venus avec un budget qui n’était pas suffisant. Leur budget de 12 mois s’est transformé en budget de 6 mois. Par contre, il est vrai que si je transforme mon salaire en euros, j’ai un salaire de malade même si ici ça ne représente pas un pouvoir d’achat aussi élevé que ça en a l’air.

MLBT : Quelle est ta vision de la France ?

Hadrien : Personnellement, je ne me vois pas bosser en France. J’adore la France mais j’en ai une image négative. Entreprendre en Australie - Hadrien Brassens - Reef Digital Agency - Vision de la FranceJe ne veux pas généraliser mais je trouve que les gens sont pessimistes. J’entends ceux qui travaillent dans le même secteur que moi à Paris : ils bossent de longues heures sans être forcément bien payé. J’ai des potes en agence qui finissent à 22 h et qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts alors que moi je finis à 18h en moyenne et je gagne bien ma vie. J’ai aussi l’impression qu’en France tout est gris et que les gens font la gueule. Ici le week-end on profite de l’extérieur, de la plage, on va voir des parcs nationaux, on fait des barbecues et pique-niques. L’état d’esprit et la mentalité sont totalement différents. Il y a une joie de vivre ici. Je me sens beaucoup plus à l’aise ici qu’en France, du point de vue professionnel et mode de vie. Je conseille aux gens de venir tenter le coup. C’est toujours bien de venir, de se faire sa propre opinion et de voir si ça nous convient.

MLBT : Et concernant la distance entre la France et l’Australie ?

Hadrien :  Ce n’est pas facile. La famille, les amis et la charcuterie, ça manque ! Aussi, ça coûte cher de rentrer, à la fois en temps et en argent. Il faut compter au moins 30h de voyage. En Australie, tu as 4 semaines de congés par an et généralement, si je rentre c’est pendant 2 ou 3 semaines donc ça ne laisse pas beaucoup de temps pour visiter le reste. On peut prendre des congés sans solde mais quand tu as des postes à responsabilité tu ne peux pas le faire aussi facilement. C’est aussi une des raisons pour lesquelles je voulais monter ma boîte. Dans le web c’est cool parce qu’on bosse d’où on veut. Je peux rentrer en France visiter la famille et les amis tout en bossant via Internet.

       Maxence Pezzetta

Il a monté Delux Agency à Brisbane!

Jeremy Mazeau est un jeune entrepreneur expatrié en Australie depuis un peu plus d’un an et demi. Entreprendre en Australie - Jeremy Mazeau - Delux Agency - Brisbane Il a monté Delux Agency une agence d’évènementiel et nous raconte son parcours.

My Little Big Trip : Comment en es-tu arrivé à monter ton entreprise à Brisbane ?

Jeremy : Si je suis arrivé à Brisbane, c’est un peu par hasard. Je suis venu après mon école de commerce pour travailler mon anglais. Quelques jours avant la fin de mon visa, je me suis dit que j’allais rester et m’installer en Australie.

MLBT : Comment as-tu eu l’idée de monter ton entreprise ?

Jeremy : J’ai toujours été attiré par le milieu entrepreneurial. Je voulais lancer quelque chose qui répondait à un besoin. J’ai constaté que Brisbane était une ville assez calme en semaine. Il faut savoir que lorsque j’étais en France, je m’occupais des relations publiques pour le Queen, à Paris, je connais donc bien le milieu de l’évènementiel. Je me suis rendu compte que je pouvais proposer un grand nombre d’activités aux 25-40 ans qui sont un peu délaissés en termes d’activités disponibles.

En plus de cela  je me suis également rendu compte que pour organiser un événement, les australiens appelaient un bon nombre prestataires ! J’ai donc lancé mon agence d’évènementiel qui s’appelle Delux Agency.

Entreprendre en Australie - Jeremy Mazeau - Delux Agency - BrisbaneMLBT : Quelle est ta cible ?

Jeremy : On veut toucher les particuliers et les entreprises avec des formules clefs en main, c’est-à-dire qu’on gère tout l’événement de A à Z. Nous visons aussi les clubs.  Avec mes contacts, je peux faire venir des DJ européens et organiser une tournée. Je lance aussi le concept des afterworks parce que ca n’existe pas à Brisbane. Depuis 2 mois, je rencontre des directeurs d’établissements pour leur proposer ce concept mais c’est très dur.

MLBT : Pourquoi ?

Jeremy : J’ai constaté que les australiens n’avaient pas l’habitude du changement. Ils n’ont pas forcément confiance quand on leur montre les gains potentiels avec une formule qu’ils ne connaissent pas. Globalement, en termes de clubbing et de soirées, j’ai l’impression de déplacer des montagnes pour pouvoir proposer de nouvelles choses aux locaux. J’ai aussi envie de montrer qu’il y a différentes façons de s’amuser en dehors de boire jusqu’à plus soif et d’aller se coucher à 1h.

MLBT : Comment faut-il faire pour se faire un réseau à Brisbane ?Entreprendre en Australie - Jeremy Mazeau - Delux Agency - Brisbane

Jeremy : Que ce soit pour trouver du travail ou monter son entreprise, ce n’est pas facile de se faire un réseau. A Brisbane, les gens se protègent beaucoup. Ils favorisent énormément les australiens.

Sinon, il y a certains secteurs d’activités qui sont plus ou moins « occupés » par une nationalité. Je m’explique, on retrouve beaucoup de français en restauration et d’indiens dans l’informatique. Pour tout ce qui est marketing, commercial et communication c’est vraiment bouché à Brisbane. Par contre, si tu as un métier technique, tu peux être très bien payé.

MLBT : Est-ce qu’il y a une solidarité entre français ?

Entreprendre en Australie - Jeremy Mazeau - Delux Agency - Brisbane - Bons plans AustralieJeremy : Pour moi, il y a deux catégories de français en Australie. Il y a ceux qui sont là sur du long terme et ceux qui sont là sur du court terme. Je pense que quand tu prends la décision de t’installer pour longtemps, tu passes une étape et tu t’impliques vraiment. Ici tu te rends compte que le réseau est la priorité, tu changes donc ton comportement et tu t’ouvres beaucoup plus.

Nous on est une dizaine d’amis français à être là depuis un an et demi. Donc dès qu’on entend parler de quelque chose, on se tient au courant des bons plans.

MLBT : Quand tu dis qu’il y a beaucoup de concurrence tu penses à quelle nationalité ?

Jeremy : De ma vision je dirais que le top 3 correspond aux brésiliens, aux colombiens, et aux français. Il y a bien sûr aussi la concurrence asiatique.

MLBT : Quel est le profil des français qui viennent à Brisbane ?Entreprendre en Australie - Jeremy Mazeau - Delux Agency - Brisbane - Backpackers

Jeremy : Déjà, il y a beaucoup de backpackers. En général ils viennent pendant 1 ou 2 mois, font des petits jobs et repartent. Par contre, les français qui viennent pour monter une entreprise sont peu nombreux. Rares sont ceux qui se lancent dans l’entrepreneuriat.

MLBT : Comment as-tu fait concernant les visas ?

Jeremy: J’ai commencé par prendre un Working Holidays Visa et j’ai enchainé avec un visa étudiant. Actuellement, mon problème est de choisir mon prochain visa. Soit j’arrive à faire un visa business qui dépendra de l’évolution de mon entreprise.  Soit je peux essayer mon entreprise comme un outil de recrutement pour me faire connaître et demander un sponsorship (= demande de sponsor pour obtenir un visa via une entreprise)

Entreprendre en Australie - Jeremy Mazeau - Delux Agency - Brisbane - PVTMLBT : Comment tu vas faire à l’issue de ton visa actuel ?

Jeremy : J’ai encore 3 mois et après  je peux reprendre un visa étudiant. J’ai trouvé une école qui me permet de faire1 jour de cours par semaine. Bien sûr ça reste une situation précaire donc  il faut que je me fixe une limite. Si je ne peux pas vivre de mes revenus d’entreprise dans 1 an, j’arrête.

MLBT : Comment fais-tu pour vivre en attendant ?

Jeremy : Je travaille aussi dans la construction une partie de la journée. En fonction de ce que je gagne grâce à mon entreprise, j’ajuste mon temps de travail en construction.

MLBT : Comment te protèges-tu de la concurrence ? Aujourd’hui n’importe quel australien peut copier ton business s’il le Entreprendre en Australie - Jeremy Mazeau - Delux Agency - Brisbane - Concurrencesouhaite.

Jeremy : En gardant mes petits secrets (rires). Je me protège de la concurrence en ne dévoilant pas tout à mes prospects. Aujourd’hui, quand j’aborde un client potentiel, je lui fais comprendre qu’il y a plein de choses à faire auxquelles il n’a pas pensé mais je ne lui donne pas le détail. Ils ont donc toujours besoin de moi.

MLBT : Quelles sont les procédures à faire pour monter son entreprise en Australie ?

Jeremy : Pour le moment mon entreprise c’est un ABN, je compte la faire migrer par la suite si ça marche.

MLBT : Mais tu as un visa étudiant actuellement, ça ne pose pas de problèmes ?

Jeremy : Créer un ABN est tout à fait légal. Je me suis fait accompagner à l’aide d’un site qui s’appelle ABN registration. Ça m’a pris seulement ¼ d’heure. Ensuite, il faut déposer ton nom d’entreprise et voilà. Moi j’ai tout fait moi-même, du site web au business plan.

MLBT : Le fait que tu sois étranger ne pose pas de problème aux banques ou à tes futurs clients ?

Entreprendre en Australie - Jeremy Mazeau - Delux Agency - Brisbane - NegociationJeremy : J’ai toujours pris les devants par rapport à cela en privilégiant les rencontres en face à face. Finalement, tu te rends compte que les gens te comprennent très rapidement quand il est question d’argent. J’ai beaucoup travaillé sur mon discours et je voyais que les gens devant moi étaient conquis. Le but était surtout de leur montrer je ne suis pas un simple étudiant mais un jeune professionnel qui sait où il va.

MLBT : Depuis que nous sommes arrivés, nous avons l’impression que les australiens ne sont pas vraiment à fond sur la recherche de nouvelles opportunités…

Jeremy : C’est vrai. Dans la société de construction dont je parlais, je vois qu’ils pourraient faire pleins d’autres choses pour grandir. Mais ils ne voient pas l’intérêt parce qu’ils n’en n’ont pas besoin. Ils ont déjà 2 maisons et plusieurs voitures et ils ont tout ce qu’il leur faut.

C’est quelque chose que j’ai aussi ressenti auprès de mes clients potentiels.Entreprendre en Australie - Jeremy Mazeau - Delux Agency - Brisbane

MLBT : As-tu as un exemple ?

Jeremy : Par exemple, ici, le patron d’un club préfèrera laisser son club fermé un jeudi soir que d’ouvrir pour tenter de nouvelles et augmenter son chiffre d’affaires. La dernière fois, je suis allé voir un bar qui a une capacité de 1500 personnes. On était jeudi soir, il y avait seulement 10 couples qui prenaient un verre. Je lui ai montré tout ce qu’il pourrait faire pour ramener plus de personnes. Il était intéressé mais sans plus. En France, on m’aurait rappelé dans la soirée.

MLBT : Comment peux-tu les motiver si l’argent ne les motive pas ?

Entreprendre en Australie - Jeremy Mazeau - Delux Agency - Brisbane Jeremy : Ils fonctionnent à la fierté. Si je veux les motiver, je leur dis qu’ils seront les premiers à faire tel ou tel évènement et que ça leur donnera un côté exceptionnel. Ils aiment aussi le challenge.  Ça dépend bien sûr à qui tu parles. Mais il ne faut pas oublier que Brisbane est une petite ville. C’est très différent  de Sydney et Melbourne où il y a vraiment une énergie.

MLBT : Pourquoi Brisbane alors ?

Jeremy : Au début, je ne pensais pas particulièrement rester. J’aime cette ville parce qu’elle est petite et parce qu’on peut tout faire à pied. En plus, c’est une ville qui connaît boom économique, ça construit de partout! Je suis resté parce que mon pari est que ça va vraiment évoluer et j’ai envie d’être là dès le début.

MLBT : As-tu eu des désillusions lorsque tu es arrivé ? On a l’impression que les gens ont une image faussée de l’Australie…

Jeremy: Je suis complétement d’accord. J’ai un ami qui est venu. Il n’avait pas beaucoup d’économies. Je l’ai prévenu que l’argent partait trèsEntreprendre en Australie - Jeremy Mazeau - Delux Agency - Brisbane - Budget vite ici. Il m’a dit : « ne t’inquiètes pas, je vais trouver un travail très facilement ». Au bout de deux semaines il est rentré, il n’avait plus un sou. Ce n’est pas un eldorado l’Australie. Si tu arrives seul et que tu n’as pas de réseau ce n’est pas facile. Il y a des milliers de personnes qui arrivent comme toi et qui postulent comme toi.

MLBT : Quelle image ont les gens de l’Australie quand ils arrivent ?

Jeremy : Il y a beaucoup de personnes qui viennent pour s’amuser, faire la fête, sortir. En général ils ont entre 18 et 25 ans. Ils alternent entre le travail et le voyage. J’ai aussi rencontré quelques personnes qui avaient 30 ans et qui ont tout plaqué pour commencer une nouvelle vie en Australie.

MLBT : Ont-ils réussi à s’expatrier définitivement en Austraie?

Jeremy : Le facteur chance joue beaucoup. Je connais un mec qui a parlé pendant 2h avec un australien quand il était au spa. Quand il est sorti, l’australien lui a donné rendez-vous dans son bureau le lundi matin pour un job. Là, il a peut-être un sponsorship.

Entreprendre en Australie - Jeremy Mazeau - Delux Agency - Brisbane Après je connais aussi des gens qui s’en sortent bien mais ils travaillent beaucoup. Ce sont des boulangers, ils bossent 60h par semaine et gagnent 900 à 1000 $ par semaine. D’autres sont en marketing et gagnent environ 2300 $ par mois. Par rapport à l’échelle des salaires, j’ai constaté qu’en dessous de 1000 $ tu survis, entre 1000 et 2000$ tu vis et au-dessus de 2000$ c’est confortable.

MLBT : Quel conseil donnerais-tu à nos lecteurs ?

Jeremy : Je pense qu’il faut impérativement avoir des économies de côté. Il faut pouvoir vivre au moins 1 mois en Australie sans travailler. Pour cela il faut compter 3000 et 4000 euros le temps de trouver un emploi. Les premières dépenses sont le logement, le téléphone, le transport et la nourriture. Avec cette somme tu seras tranquille pour vivre 1 mois et demi environ. Si tu n’as pas un très bon niveau d’anglais, il FAUT prendre des cours ! Tout le monde le fait. En plus, les entretiens d’embauche se font maintenant en groupe donc si ton niveau d’anglais est faible tu ne peux pas te différencier. Ça te permet aussi de commencer à te faire un réseau.

      Maxence Pezzetta

Cyndie a monté Europe in a Box!

Cyndie est française et vit en Australie. Elle a monté Europe in a Box, une start-up Entreprendre en Australie - Temoignage - Sydney - Europe in a Boxqui propose de souscrire à un abonnement de coffrets culinaires surprises !

My Little Big Trip : Bonjour Cyndie, comment en es-tu venue à t’expatrier en Australie ?

Cyndie : Pour être honnête j’ai beaucoup voyagé et vécu à l’étranger avant d’arriver en Australie. La première fois, je suis partie vivre au Maroc pendant 4 mois en 2005 dans le cadre de mes études. A l’époque, j’étais à Sup de Co Montpellier. J’étais un peu anxieuse au début mais ça s’est super bien passé et j’ai eu envie de repartir. J’ai donc cherché mon stage de fin d’études à l’étranger. J’ai eu une opportunité à Londres et je suis restée là-bas 3 ans.

Quelques mois après mon arrivée j’ai rencontré Chris, mon copain actuel qui est australien. D’où le lien avec l’Australie. Après 3 ans à Londres, la crise financière a commencé et on a décidé d’aller vivre en Australie. Nous sommes d’abord passés par le Japon, à Tokyo, durant 7 mois. Vivre en Asie me tenait à cœur, j’avais toujours rêvé d’y travailler et c’était le moment de le faire. Le Japon était le pays où on pouvait tous les deux avoir un visa vacances-travail. J’ai enseigné le français pendant presque toute la durée du séjour et en octobre 2009 on est allés en Australie pour s’installer à Sydney.

Entreprendre en Australie - Temoignage - Sydney - Europe in a BoxMLBT : Quel genre de travail recherchais-tu ?

Cyndie : Lorsque je suis arrivée, je ne savais pas trop quoi faire, je voulais changer de branche. En Angleterre je travaillais dans un cabinet de recrutement. Ça ne m’a pas du tout plu. Ensuite, au Japon, j’ai enseigné le français, ce qui n’avait rien à voir. Quand je suis arrivée en Australie c’était le moment pour moi de changer de voie. J’ai eu beaucoup de chance parce que j’ai trouvé mon job au bout de 3 semaines. Je faisais de la gestion de projet et des risques dans le conseil et j’ai adoré ça.

MLBT : Quelles sont les différences culturelles que tu retrouves au travail ?

Cyndie : Il y a de grosses différences! C’est vrai que je suis très habituée à la culture australienne et j’aurais du mal à travailler en France pour plusieurs raisons. Déjà, je n’ai pas beaucoup d’expérience en France en dehors de mes stages donc je manquerais de vocabulaire professionnel. En plus, le style de communication est différent. Dans les cultures anglophones il n’y a pas de vouvoiement, on appelle les gens par leur prénom mais, attention, on ne se fait pas la bise (rires) ! Je trouve que les gens sont beaucoup plus abordables et les rapports sont simplifiés.

Au début lorsque j’ai commencé à travailler en Angleterre et en Australie, ça me faisait bizarre parce que j’avais l’impression de leur manquer de respect. Mais si j’avais écrit « Cher Mr Martin » je serais passée pour une idiote. Globalement c’est plus relax, moins formel. Ici les gens sont plus optimistes qu’en France.

MLBT : Nous avons cru comprendre que tu avais monté ton entreprise, peux-tu nous en Entreprendre en Australie - Temoignage - Sydney - Europe in a Boxparler ?

Cyndie : En parallèle à mon emploi, j’ai lancé une start-up qui s’appelle Europe in a Box. C’est un coffret surprise basé sur le principe d’un abonnement. C’est comme un abonnement pour un magazine sauf qu’à la place d’un magazine on reçoit un coffret surprise. C’est une tendance très répandue aux États-Unis et ça commence en France depuis septembre 2012. En Australie, ça n’existait pas du tout avant que je me lance et je me suis dit qu’il y avait un créneau à prendre.

MLBT : A quelle fréquence livres-tu tes coffrets et à quel prix ?

Cyndie : Tous les mois j’envoie à mes abonnés des coffrets culinaires européens. On a choisi de se situer sur du haut de gamme. La cible est constituée de personnes qui veulent découvrir la culture européenne ou qui veulent voyager par le biais de la nourriture. On veut proposer une expérience culturelle et culinaire en même temps parce que les australiens sont très portés sur la cuisine. Il y a énormément d’émissions de cuisine en Australie.

Entreprendre en Australie - Temoignage - Sydney - Europe in a BoxL’abonnement est à 50$ par mois. Ça peut sembler cher pour des français mais ça ne l’est pas vraiment pour l’Australie quand on connait les salaires.

MLBT : Est-ce que l’abonnement est obligatoirement?

Cyndie : Non, ils peuvent choisir de se faire livrer juste une boîte pour tester. Dans ce cas, ils recevront le coffret du mois, sinon ils peuvent s’abonner pendant 3 mois ou 6 mois. Et tous les mois la boîte est différente.

MLBT : Combien as-tu de clients ?

Cyndie : La société à 1 mois et demi donc je ne suis qu’au deuxième coffret. Pour le moment j’ai eu 25 abonnés pour la 1ère boite. Parmi ces abonnés, il y en a qui ont souscrit pour 3 mois ou 6 mois. C’est un gros avantage pour moi car ça me permet de prévoir mes ventes et mes livraisons. En plus, comme ils paient à l’avance ça me permet de ne pas devoir avancer les frais. Ça limite les risques.Entreprendre en Australie - Temoignage - Sydney - Europe in a Box

MLBT : Qu’en est-il des démarches administratives quand on veut entreprendre en Australie?

Cyndie : Déjà, il faut savoir que j’ai la résidence permanente grâce à mon copain donc j’ai le droit de m’enregistrer en tant que société. L’avantage de la résidence permanente est qu’elle te donne les mêmes droits que les australiens, la seul différence est qu’on ne peut pas voter.

Globalement, c’est assez simple de monter une entreprise en Australie. Bien entendu, il existe plusieurs structures juridiques donc il faut faire des recherches pour savoir ce qui est le plus adapté à son projet. Tout se fait sur internet et il faut compter 1 ou 2 jours pour l’enregistrement. C’est difficile de donner des délais exacts Entreprendre en Australie - Temoignage - Sydney - Europe in a Boxparce que tout dépend de ton business plan, site internet etc. En ce qui me concerne, j’ai commencé les démarches en novembre, mois où je me suis enregistrée et j’ai fait une étude de marché. La société a été lancée le 6 février 2013.

MLBT : As-tu gardé ton travail précédent ?

Cyndie : Je travaille à temps plein dans ma société et je considère plutôt Europe in a Box comme un passe-temps. Si ça marche je pourrai envisager de me mettre à plein temps mais j’hésite. Ces six/sept dernières années ont été très difficiles pour moi  car il m’a fallu acquérir une expérience dans un milieu anglophone. Aujourd’hui j’ai un travail à responsabilités et une bonne position dans l’entreprise. Pour le moment je n’ai pas envie d’abandonner cette stabilité durement acquise.

MLBT : As-tu fait beaucoup d’efforts d’intégration ?

Cyndie : Pour moi les années les plus difficiles ont été celles passées à Londres. Mon niveau d’anglais était un niveau scolaire et j’ai vraiment eu du mal tant au niveau professionnel que social. Heureusement, Entreprendre en Australie - Temoignage - Sydney - Europe in a Boxj’avais mon copain qui est australien et qui m’a vraiment aidé à progresser. Je travaillais dans une entreprise française à Londres et j’étais en charge du marché français. Il y avait donc beaucoup de français autour de moi et je n’ai pas progressé aussi vite que j’aurais voulu. J’ai eu beaucoup de difficultés à m’intégrer. Comme mon copain était australien, ses amis étaient australiens aussi. Du coup, ils avaient du mal à me comprendre à cause de mon accent ou je ne comprenais pas leur sens de l’humour. Les références culturelles ne sont pas les mêmes et on n’apprend pas le langage familier à l’école. Il est très facile se sentir exclu. Ça prend du temps de réussir à se dire que si les gens comprennent tant mieux, s’ils ne comprennent pas, ce n’est pas grave.

Donc quand je suis arrivée en Australie, le gros du travail était déjà fait. En plus mon entreprise actuelle est très multiculturelle, ça m’a vraiment aidé à prendre confiance en moi. Je me suis rendue compte qu’on me comprenait et qu’il n’y avait pas de problème (rires).

MLBT : Comment gères-tu l’éloignement familial ?

Cyndie : Je pense que plus tu passes de temps à l’étranger, plus c’est facile. En ce qui me concerne , je me suis éloignée petit à petit avec mes différentes expériences et j’ai des parents très compréhensifs. Il faut garder en tête qu’on n’a rien sans rien et que lorsqu’on veut quelque chose, il faut savoir faire des sacrifices. Je trouve que la qualité de vie ici est vraiment exceptionnelle. On n’a pas de problèmes de criminalité, de crise ou de chômage et j’ai des opportunités professionnelles que je n’aurais pas eues ailleurs.

MLBT CEntreprendre en Australie - Temoignage - Sydney - Europe in a Boxomment vois-tu la situation en France ?

Cyndie : Quand je vois la situation en France ça ne me donne pas envie de revenir et je ne me vois pas revenir avant au moins 10 ans. La France me manque beaucoup, la culture, l’histoire, la gastronomie… Je pense que j’en profite beaucoup plus lorsque j’y suis. Ce sont des choses qui nous semblent acquises lorsque l’on vit en France. C’est triste mais on les apprécie beaucoup plus quand on ne les a plus.

En plus de tout ça, je ne pense plus de la même façon. J’ai l’impression que les gens ne font que se plaindre en France, que tout va mal, que la vie est pourrie mais ils ne font rien pour changer. Les gens me disent que j’ai trop de chance mais ce n’est pas arrivé tout seul ! J’ai fait beaucoup d’efforts pour en arriver là où je suis. Moi aussi j’avais peur de partir et de tout quitter. Un moment donné j’ai fait un choix, j’ai décidé de me bouger et de prendre ma vie en main. C’est un choix qui m’a demandé beaucoup de travail et beaucoup de sacrifices. Ça ne tient qu’à eux d’aller de l’avant.

Cyndie : Quel conseil pourrais-tu donner aux gens qui envisagent de s’expatrier en Australie en famille ?Entreprendre en Australie - Temoignage - Sydney - Europe in a Box

Cyndie : Je pense qu’avant d’envisager une expatriation en Australie il y a deux choses : premièrement le visa et deuxièmement la langue. Ce n’est pas simple d’obtenir un visa surtout quand on a une famille.  Et si on ne parle pas anglais c’est très difficile. Il faut être réaliste et bien se renseigner avant de quitter son pays.

Les gens veulent trouver du travail en Australie depuis la France mais ça ne fonctionne pas de la même façon. Ici les choses bougent très vite. Quand tu réponds à une offre d’emploi, tu peux avoir l’entretien le lendemain et commencer la semaine suivante ! C’est une grosse différence culturelle. Je pense qu’il y a peu de chance de trouver de la France et que ça ne sert qu’à perdre son temps et à se décourager. L’employeur n’appellera pas en France. Tu as peut-être une chance si ton entreprise française te propose un poste à l’étranger. Avec une famille, je pense que j’envisagerais une expatriation plus proche.

Entreprendre en Australie - Temoignage - Sydney - Europe in a BoxMLBT : Pourquoi les gens veulent venir s’installer en Australie à ton avis ?

Cyndie : Je pense que l’image véhiculée par la France est assez idyllique, les surfeurs, le soleil, la plage etc. Et c’est vrai que le cadre de vie est super. J’estime que j’ai eu de la chance et je suis reconnaissante à la vie de m’avoir donné les opportunités que j’ai eues. Attention, ce n’est pas parfait non plus.

MLBT : Qu’entends-tu par-là ?

Cyndie : L’Australie est très isolée. J’adore voyager et c’est une chose à laquelle j’ai dû renoncer parce que j’ai 4 semaines de congés par an et je les garde pour revenir en France. Je pourrais prendre des jours de congés sans solde. C’est quelque chose de toléré mais les gens ne le font pas beaucoup sauf s’ils veulent faire un long voyage. Partir 3 mois en Europe par exemple. Dans mon entreprise je peux « acheter » 2 semaines de congés par an. Ça veut simplement dire que je ne suis pas payée pendant 2 semaines.

MLBT : Et concernant les horaires ?Entreprendre en Australie - Temoignage - Sydney - Europe in a Box - Horaires de Travail

Cyndie : On travaille un peu plus car on fait de 37 à 40h par semaine et pas 35h. Mais ici je trouve souvent que c’est plus flexible, quand tu as fini tu peux partir car ça veut dire que tu es efficace. J’ai l’impression que les gens sont plus tolérants et ouverts d’esprit. C’est moins formel, en réalité les gens ne comptent pas vraiment les heures. L’avantage c’est que le taux de chômage est bas donc si tu en as marre tu peux partir. Pour vous donner une idée, le préavis est d’une semaine et ça va jusqu’à un mois maximum en fonction du poste et des responsabilités.

MLBT : Aurais-tu un conseil à donner aux gens qui pensent à l’expatriation en Australie ?

Cyndie : Je pense que le visa est ce qu’il y de plus important. Si on parle à une personne qui a moins de 31 ans, je lui dirais de prendre le WHV et de foncer. Le WHV est une contrainte au niveau du temps de mission mais 6 mois ça te laisse le temps de faire tes preuves. J’en ai été témoin plusieurs fois. J’ai connu des gens qui ont travaillé deux mois et l’entreprise a voulu les sponsoriser. Le mieux est de trouver un poste en CDD et généralement le poste se transforme en CDI. Au bout de 6 mois, si tu as bien bossé on te garde parce que l’Australie manque de main d’œuvre qualifiée. L’employeur ne voudra donc pas perdre quelqu’un qui a de la valeur. Si tu as réussi à mettre un pied dans l’entreprise, tu as de grandes chances de rester.

Entreprendre en Australie - Temoignage - Sydney - Europe in a BoxMLBT : Quelles sont les qualités de recherchées ?

Cyndie : Je trouve qu’en Australie, les gens ne s’intéressent pas vraiment au diplôme mais plutôt à la personnalité. Ici, ça fonctionne beaucoup sur la méritocratie. Si tu es motivé, que tu as de la personnalité, une expérience et un diplôme, l’opportunité se présentera. Il y a beaucoup d’opportunités! Si tu as un bon niveau d’anglais et un visa, tu auras un boulot dans les deux mois. Bien sûr, plus tu as d’expérience plus tu auras d’opportunités. La personne qui a juste un stage de 6 mois aura plus de mal. Mais on peut monter très vite ici donc ce n’est pas gênant de commencer bas.

MLBT : Est-ce que si on fait un projet personnel ça peut être considéré une expérience professionnelle ?

Cyndie : Je pense que oui, ça susciterait beaucoup d’intérêt de la part des entreprises, surtout si tu arrives à le mettre en valeur en entretien. Il faut être capable de montrer ce que tu en as retiré, tes compétences etc. Ici, on met vraiment en valeur l’esprit d’initiative, surtout pour les passionnés. Les gens créatifs sont très bien vus. Je pense qu’il faut savoir se différencier des autres, sinon pourquoi on te choisirait toi ? Créer un projet, et être capable de le vendre ça ne peut être que positif!

      Maxence Pezzetta

Fondatrice du petitjournal.com à Perth

S'expatrier et Entreprendre en Australie - Témoignage - Fondatrice du Petitjournal.comJulia est arrivée en Australie il y a environ 1 an. Après avoir recherché un emploi pendant quelques temps sans succès, elle s’est lancée dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Elle a choisi de monter une édition petitjournal.com à Perth.

My Little Big Trip : Bonjour Julia, on nous a dit que tu avais monté une édition du petitjournal.com à Perth?

Julia : Oui, en fait le petitjournal.com, c’est un système de franchise. Pour la petite histoire, mon mari a eu une opportunité de travail ici et il se trouve que mon meilleur ami est ami avec le responsable commercial du petitjournal.com en France. J’ai donc rencontré un des fondateurs du Petit Journal avant mon départ, il m’en a expliqué le principe et il m’a suggéré de nous installer tranquillement puis d’étudier le marché.

On est arrivés il y a un an et on s’est installés. Dans un premier temps je cherchais dans le marketing direct pour me rassurer. En France, je travaillais pour Psychologie magazine. J’ai toujours été intéressée par l’écriture. J’ai envoyé plusieurs candidatures qui n’ont pas abouties. Pour être tout à fait franche, mon anglais n’était pas au top quand je suis arrivée.

My Little Big Trip : C’est donc à ce moment-là que tu t’es lancée ?

Juila : J’ai fait une petite étude de marché pour voir si il y avait du potentiel pour une édition du petitjournal.com. J’ai contacté un certain nombre de personnes.S'expatrier et Entreprendre en Australie - Témoignage - Fondatrice du Petitjournal.com Elles m’ont confirmé qu’il y avait de plus en plus de français qui arrivaient à Perth et j’ai remarqué que la communauté française était en construction. La chambre de commerce franco-australienne (FACCI) a été créée très récemment et à part la Maison De France il y a peu d’endroits d’échanges pour les français. Ça me semblait donc être le bon moment de lancer lepetitjournal.com. C’est intéressant de créer du lien au sein des communautés francophones et francophiles et j’ai toujours été intéressée par l’écriture.

MLBT : Quel est le concept du petitjournal.com ?

Julia : Le concept est de donner de l’information locale aux francophones. Il y a bien sûr des sujets sur tout ce qui concerne les francophones mais aussi sur la communauté internationale. On retrouve trois niveaux de contenu : le contenu local, le contenu « France » et le contenu « Monde ». Il y a aussi une newsletter qui est parue tous les jours. En tout, on a 175 000 abonnés dans le monde.

MLBT : Quelle est ta mission en tant que représentante et franchisée à Perth?

Julia : En tant que franchisée, il faut écrire des articles, promouvoir le Petit Journal, s’occuper de la gestion de la publicité sur le site et sur la newsletter. En effet, la seule source de revenus est celle de la vente des espaces publicitaires. J’essaye vraiment d’accéder à tous les profils francophones à Perth. Ça peut être des étudiants, des permanents, des backpackers etc. D’après le consul, il y a 5000 familles et 5000 backpackers à Perth. De plus, le français est la première langue étudiée en Australie Occidentale! J’établis également des partenariats.

S'expatrier et Entreprendre en Australie - Témoignage - Fondatrice du Petitjournal.comMLBT : Quel genre de partenariats?

Julia : Par exemple, j’ai un partenariat avec Le Forum qui est une librairie française. Le gérant m’écrit un article toutes les semaines sur leur coup de coeur littéraire et il est publié sur lepetitjournal.com. Je communique aussi sur les événements, par exemple, si la FACCI ou la Maison de France fait un événement j’en parle, je fais des flyers, je les distribue etc.

MLBT : Que penses-tu du marché de l’emploi en Australie ?

Julia : Pour les petits jobs tu peux trouver très vite. Pour un travail qualifié c’est plus compliqué. Le problème  de Perth c’est que ça reste comme un « village » dans la façon de penser des employeurs. Ils ne savent pas qui tu es et ils ont besoin de références pour te faire confiance. Une astuce pour se faire connaître est de commencer en tant que bénévole.

Après, je ne sais pas si mon expérience est représentative. Un grand nombre des Français que j’ai rencontrés sS'expatrier et Entreprendre en Australie - Témoignage - Fondatrice du Petitjournal.comont là depuis plus de 10 ans. Certains sont venus parce que l’époux ou l’épouse était australien/ne. D’autres ont monté leur boîte ou ont fait du bénévolat d’abord afin de trouver un emploi. Une chose est sûre, il faut faire beaucoup de réseau.

MLBT : Donc, trouver un travail en Australie, ce n’est pas si simple ?

Julia : Non. Je ne sais pas pourquoi en France tout le monde dit qu’il faut venir ici pour trouver du travail. Il ne faut surtout pas arriver comme ça en se disant qu’on trouvera autre chose que des petits boulots. Ici ils raisonnent en termes de réseaux, ils ne savent pas qui tu es, ils ont besoin de « garanties » et ça prend du temps.

Malgré tout, c’est quand même un pays où on sent que tout est possible. Il y a beaucoup d’énergie. A l’inverse de la France, les gens sont très optimistes. Du coup, c’est plus tentant pour monter sa structure. Dans mon cas, c’est quelque chose que je n’avais jamais envisagé avant d’arriver en Australie.

S'expatrier et Entreprendre en Australie - Témoignage - Fondatrice du Petitjournal.comMLBT : Quelles sont les raisons d’une venue en Australie ?

 Julia : Nous sommes venus à Perth pour que nos filles soient bilingues et que j’en profite aussi pour améliorer mon anglais. On a eu l’opportunité de venir ici et on l’a saisie. En plus, ça permet une certaine ouverture d’esprit pour les enfants.

MLBT : Est-ce que tu aurais un conseil à donner à nos lecteurs?

Julia : On dit que l’Australie c’est paradisiaque donc les gens viennent comme ça avec un visa temporaire et ils pensent qu’ils vont trouver un travail rapidement. Ce n’est pas vrai ! Je connais des gens qui ont envoyé une centaine de CV et qui n’ont même pas eu un seul entretien. Mon conseil ce serait de trouver un travail depuis  la France ou de venir voir comment ça se passe et de repartir ensuite. Je déconseillerais de tout lâcher et arriver ici en se disant qu’en un ou deux mois on aura un super job.

Autre chose, les Australiens cherchent une expérience australienne en priorité, d’où l’intérêt du bénévolat. Il faut aussi gaS'expatrier et Entreprendre en Australie - Témoignage - Fondatrice du Petitjournal.comrder à l’esprit que les étrangers passent après les australiens. Après si tu veux faire du tourisme et améliorer ton anglais, tu pourras trouver des petits jobs sans trop de difficultés.

MLBT : Qu’est-ce que tu penses de l’image que donne la France de l’Australie ?

Julia : Moi je trouve que ce qu’on dit en France est biaisé. Je ne sais pas pourquoi les médias font ça. J’ai rencontré une fille, elle cumulait 3 jobs pour s’en sortir !  Nous, depuis qu’on est ici, on a perdu en qualité de vie à cause du fait que je ne gagne pas encore d’argent. En plus, je dois arrêter le travail à 15h pour aller chercher mes filles à l’école. C’est très compliqué de s’offrir une garderie après l’école parce que c’est facilement 50 dollars par enfant. Une baby-sitter c’est entre 15 et 25$ de l’heure.

MLBT : On entend souvent dire qu’il n’y a pas grand-chose à faire ici à par la plage.

S'expatrier et Entreprendre en Australie - Témoignage - Fondatrice du Petitjournal.com - Activités PerthJulia : Je ne suis pas du tout d’accord avec ça. Il y a tout de même pas mal d’activités qui sont proposées. À la différence de Paris, tu peux faire des activités sans être noyé dans la foule. Il y a des concerts, des manifestations sportives, des festivals et des activités pour les enfants. La seule chose, c’est que l’information est difficile à trouver donc, tous les vendredis, je publie un article sur ce qu’il se passe le weekend.

MLBT : Quel est ton ressenti sur la vie en Australie ?

Julia :L’Australie c’est surtout la faune  et la flore, la plage, les paysages qui sont d’une très grande beauté… On peut aller à la mer tous les jours et on a beaucoup d’espace pour vivre. Par contre, pour moi qui aime Paris et les villes européennes, j’ai eu du mal à m’habituer au centre-ville qui n’est qu’un Business Center et qui est relativement mort le soir et le week-end mais ça évolue. Et il me manque la richesse de l’architecture des villes européennes…

Globalement, la vie ici me fait penser à des vacances. Il y a la plage juste à côté, il fait beau toute l’année, on finit sa journée de travail vers 17h, c’est très confortable surtout en famille. Après ça dépend de ce que tu attends dans ta vie.

         Maxence Pezzetta 

J-C : De financier à sommelier!

Jean-Charles Mahé, alias J-C, est sommelier dans un grand établissement,  le « Print Hall« , au cœur du centre ville. Il nous raconte comment il est passé de financier dans la bourse à Londres à sommelier à Perth. Il est accompagné de 2 autres amis qui ont également accepté de répondre à nos questions.

MLBT : Pouvez-vous nous expliquer comment se passe la vie en Australie?

J-C, Rynae et Islam : Pour comprendre comment ça se passe en Australie, le mieux est d’intégrer le monde du travail. Si vous travaillez dans le service ou la restauration, cela vous permettra de comprendre comment les gens fonctionnent dans le travail mais également en tant que consommateurs.

Par exemple, si on fait la comparaison avec les français, on constate que les australiens ont moins de culture mais sont beaucoup plus respectueux. Ils sont plus tranquilles à l’inverse des français qui passent beaucoup de temps à critiquer. Pour les australiens, c’est toujours « no worries » (= pas d’inquiétude).

Ce sont des clients très agréables. Ils le sont également dans le travail mais ils sont très difficiles à motiver. Dans la restauration, on ne peut pas être tout le temps relax, c’est pour cette raison qu’à Perth et à Fremantle, tous les commerces, bars et restaurants sont tenus par des européens. Les européens viennent en Australie pour travailler et gagner de l’argent parce qu’il y a du potentiel.

Les australiens ne fonctionnent pas de la même manière, ils n’ont pas la culture du travail comme en Europe. Perth est l’une des villes les plus riches du monde et beaucoup de jeunes ne travaillent pas parce que les parents sont multimillionnaires. Il y a également beaucoup d’australiens qui ne veulent pas travailler pour ne pas avoir à se « salir les mains ».

MLBT : Ça doit être très dur de les motiver, comment faites-vous?

Rynae : Oui, c’est très compliqué. Il faut être très gentils avec eux, sinon ils ne sont pas contents et partent.

MLBT : Combien peut-on gagner en travaillant en tant que serveur ?

Islam : On peut gagner énormément d’argent parce qu’on peut travailler autant qu’on le souhaite. Attention, ce n’est pas le même salaire si tu es permanent ou si tu es backpacker. Quand tu es backpacker (=routard), tu es payé entre 20 et 25$ de l’heure. Mais quand tu es permanent, tu peux gagner environ 65000$ par an.

Rynae : Ici, tu peux te faire beaucoup d’argent parce que tu as l’opportunité de beaucoup travailler. Les européens viennent ici pour ça et ils enchainent les jobs. La différence avec l’Europe, c’est que tu peux avoir 3 ou 4 jobs en même temps.

MLBT : Pourtant, on nous dit sans arrêt que c’est compliqué de trouver du travail…

Islam : Effectivement, il y a pas mal de backpackers qui ont du mal à trouver du travail. Par exemple, j’ai rencontré un gars qui s’y connaissait en mécanique et qui voulait travailler dans ce domaine. A chaque fois qu’il postulait, il avait des refus. Il a fini par démarcher au porte à porte et à demander à voir les managers directement en leur expliquant qu’il s’y connaissait un peu, qu’il avait un cerveau qui marchait et qu’il pouvait travailler. Le patron a été séduit par son discours et l’a embauché. Ici, il faut saisir les opportunités ! Il faut même les provoquer !

Autre exemple, j’ai un pote qui voulait bosser comme barman, il a eu plusieurs essais mais il ne parlait pas bien anglais. Il a fini par trouver un job dans une boîte pour être « glasser », c’est lui qui ramasse les verres dans les discothèques. Il a prouvé qu’il voulait travailler et maintenant on l’appelle tout le temps, il travaille tous les jours. Ici c’est simple, plus tu bosses et tu te donnes, plus tu gagnes d’argent.

Le problème c’est que les backpackers n’ont pas envie travailler. Dans la restauration, il y a beaucoup de demandes. Tu pourras trouver un travail très facilement mais il faut aimer ce secteur. En plus, ce qui est cool c’est que les australiens sont faciles à vivre. Ils aiment passer du bon temps et dépenser leur argent, surtout à Perth. Sydney et Melbourne sont des villes beaucoup plus européennes.

De toute façon, ici, il y a de l’argent, le Western Australia (WA) soutient toute l’économie du pays. A titre d’exemple, ici, un travail a plein temps peut rémunérer 65000$ par an alors qu’ à Melbourne et Sydney, pour le même job, on gagne 45000$ par an. La différence c’est que là-bas il y a des pourboires, pas à Perth.

Une autre bonne chose à savoir, quand tu es sponsorisé avec le visa 457, tu ne peux pas avoir plusieurs employeurs alors qu’avec le Working Holidays Visa c’est possible.

MLBT : Et toi, J-C, pourquoi as-tu choisi l’Australie ?

J-C : J’ai de la famille en Australie, je voulais connaître ce pays. Au moment où j’ai voulu quitter la France, j’ai appelé un oncle que je ne connaissais pas du tout. Il m’a dit de venir. J’ai pris un aller simple et je suis venu. Aujourd’hui ça fait 3 ans je suis là.

MLBT : Qu’est-ce que tu as fait en arrivant en Australie ?

J-C : Quand je suis arrivé ici, j’ai commencé à travailler directement. J’ai travaillé 3 mois dans un restaurant et ensuite je suis parti visiter l’Australie.

Quand je suis revenu, j’ai travaillé en tant que serveur au Print Hall et maintenant je suis assistant du responsable boissons. J’ai une activité qui se rapproche davantage du sommelier et en plus je donne des formations. Mon boss est l’un des meilleurs sommeliers en Australie. Aujourd’hui, je me spécialise dans le vin, j’en suis passionné et je lance aussi mon entreprise. Pour me spécialiser de plus en plus, je suis en train de passer des diplômes pour être reconnu dans l’industrie du vin.

MLBT : Comment ça se passe si tu veux monter ta boite ici ?

Islem : Pour monter sa boîte il faut un ABN (Australian Business Number). D’ailleurs, il y a énormément de backpackers qui le font. Ils ouvrent un ABN et ils deviennent, ce qu’on appelle des « contacteurs ». Dans ce cas, tu fais un contrat, tu n’es pas payé à l’heure, tu es payé à la mission. Il y en a pas mal qui font du porte-à-porte et qui proposent leurs services, comme des électriciens par exemple.

MLBT : Tu nous as dit, J-C, que tu montais ton entreprise. Tu peux nous en dire plus?

J-C : En ce qui me concerne, je suis associé à un australien. Il est « owner », il possède l’entreprise, et je travaille avec lui en tant qu’associé. On importe du vin de France. On envoie des échantillons de vin à Perth et le but est d’avoir le maximum de ventes pour pouvoir importer par containers. Il faut savoir qu’ici, tout est cher parce que tout vient de loin. C’est plus facile d’aller dans un pays étranger que dans la capitale de son propre pays.

En Australie, si tu veux une bouteille de vin, tu as 4 intermédiaires qui se prennent une marge ce qui donne un produit à un prix très élevé. Notre concept, c’est d’éviter les intermédiaires. Importer du vin immobilise beaucoup de fonds. On a réussi à construire un business model différent pour éviter les investissements trop lourds. On ne fait pas de stockage. Nous voulons faciliter la partie administrative de l’importation. Nous sommes l’intermédiaire qui facilite les procédures On ne dépense rien pour faire transférer le vin. On a négocié des délais de paiement avantageux pour sécuriser les risques de défaut de paiement des clients.

MBLT : Qui sont vos clients ?

J-C : On vend dans les bars à vins et les restaurants. La croissance dans le WA est très forte et les gens sont très riches. C’est la ville avec la concentration de millionnaires la plus importante au monde. Ce sont des personnes qui veulent le meilleur du meilleur. Ils veulent montrer qu’ils ont de la culture et ça passe aussi par le vin.

MLBT : Quels sont les secteurs porteurs?

Islam : La construction, la plomberie, l’électricité… Perth est une ville qui se développe, ils ont un énorme besoin de tous ces métiers manuels.

MLBT : Encore une fois, ce n’est pas si facile de trouver un travail dans ces secteurs…

Islam : Ici, pour trouver un job, il faut être au bon endroit au bon moment. C’est une question de timing, de rencontres et de chance. Perth est une toute petite ville, c’est un petit village. Les coins de rencontre sont toujours les mêmes en fonction du niveau de vie et des centres d’intérêts.

Ismaël doit partir, nous continuons donc l’interview avec J-C.

J-C : Par rapport à mon parcours et à mon activité actuelle, ce qu’il faut savoir c’est que je suis passionné par le vin ! C’est pour ça que je me lance dans ce nouveau projet. Au début ça a été très dur de changer de statut social. Je l’ai fait parce que la finance ne me plaisait pas même si ça m’a apporté beaucoup de choses notamment en termes de compréhension de l’économie et des différentes crises qu’il y a eu ces dernières années. Ça m’a aussi apporté un peu d’argent.

MLBT : Comment as-tu eu l’idée de monter ton entreprise ?

J-C : J’ai toujours eu une âme d’entrepreneur. Par exemple, quand j’étais en césure, j’ai travaillé chez HSBC et en parallèle, j’ai monté une boîte de nuit à Orléans. J’ai toujours voulu monter un business. Je cherchais l’opportunité. C’est en partie pour ça que je suis resté ici.

Aujourd’hui, je cherche  à être le meilleur dans mon domaine et je passe des diplômes spécifiques pour comprendre le vin. C’est un métier très difficile mais passionnant. Quand j’ai pris le job au Print Hall, j’avais juste le rôle de sommelier et ensuite mon boss m’a suggéré de plus m’impliquer. Aujourd’hui, je bosse 6 jours sur 7 et 70 heures par semaines. Mais c’est mon choix et ça me permet de progresser dans mon activité.

MLBT : On entend souvent que l’Australie est un eldorado, qu’est-ce que tu en penses?

J-C : Il faut garder en tête qu’en Australie c’est compliqué pour les visas et pour l’intégration. Mais il est tout de même possible de s’intégrer. Par exemple, je n’ai que des amis australiens.

MLBT : Tu les as rencontrés comment?

J-C : La plupart par le travail mais aussi par mon ex partenaire. Vous savez, ici, ce n’est pas mieux qu’en France. C’est juste différent. Il y a du bon et du mauvais. Le bon ce sont les opportunités. Et elles n’existent pas uniquement grâce à l’économie. C’est la mentalité des australiens qui permet de provoquer les opportunités.

MLBT : Les français peuvent-il trouver du travail facilement en Australie ?

J-C : Ici, les gens préfèrent privilégier les australiens. Il est très dur pour un français de réussir en Australie. D’autant plus que nous sommes considérés comme des personnes arrogantes, qui travaillent beaucoup et qui sont plus efficaces que les locaux. Nous représentons donc une concurrence forte. Mais ça n’empêchera pas d’avoir des opportunités.

Je pense que le problème des français c’est qu’ils se plaignent beaucoup. Bien sûr, certaines personnes aiment aussi les français parce qu’il y a la culture, parce que c’est une belle mentalité de travail etc.

MLBT : Quels sont les facteurs de réussite ?

J-C : Moi je me donne à fond dans mon travail avec l’objectif d’être dans les meilleurs. Je pense qu’il faut avoir confiance, se fixer des objectifs et suivre sa ligne.

MLBT : Tout à l’heure tu parlais des points négatifs de l’Australie. De quoi s’agit-il ?

J-C : Comme dans tous les pays occidentaux, on parle beaucoup de réseau. C’est toujours la même chose, si tu n’as pas de réseau, c’est compliqué.

MLBT : Comment tu fais pour te faire un réseau?

J-C : Il faut beaucoup parler et aller vers les gens. Il faut avoir de la chance et se donner toutes les possibilités pour réussir. Par exemple, je suis toujours en avance au travail et je passe des diplômes pour avoir des compétences supplémentaires.

MLBT : Est-ce que tu as un conseil à donner à des gens qui se posent la question de partir en Australie ?

J-C : Si tu viens en Australie pour retrouver la même chose que ce que tu as en Europe, reste en Europe. Melbourne est très européanisée, c’est comme Londres mais tu es loin de Paris et de Barcelone. Si tu vas à Sydney, Perth, et Brisbane, c’est vraiment l’Australie.

Il ne faut pas se mettre de barrière. Ici, ils ne se mettent pas dans un projet en se disant que ce n’est pas possible. Il faut croire en toi. Il faut être convaincu de ton projet. Comment peux-tu réclamer de l’argent à des investisseurs si tu n’es pas sûr de toi? On peut réussir partout. En France, en Australie, partout! Il faut croire en son projet. Moi j’ai appris ça ici. Les australiens se mettent beaucoup moins de barrières que nous. Ils ne commencent pas leur journée en se disant que ça va être une mauvaise journée.

Je pense qu’il faut cadrer sa vie et organiser ses journées et ça ira mieux. S’il y a un mur en face de toi, escalade-le. La vie ce n’est pas facile, c’est comme ça. L’australien, quand il se lève le matin, il se dit : aujourd’hui  je vais tout défoncer. Il faut penser comme un australien.

              Maxence Pezzetta 

Jean-Paul : Des tartes en Australie!

My Little Big Trip : Bonjour Jean-Paul, est-ce que tu peux nous expliquer comment es-tu arrivé en Australie ?

Jean-Paul Signoret : Bonjour, en fait j’ai commencé par traverser l’Inde à vélo quand j’avais 19 ans. J’y ai vécu deux ans. Après je suis allé en Australie parce que je connaissais quelqu’un là-bas. Arrivé là-bas, je ne parlais pas un mot d’anglais. J’ai enchainé les petits boulots, les cuisines de restaurants, et j’ai fait du fruit picking.

MLBT : Et comment en es-tu arrivé à monter ta boîte ?

Jean-Paul : Je suis pâtissier de formation. Quand j’avais 27 ans, j’ai décidé de monter ma propre pâtisserie. Elle n’a pas duré très longtemps car un pub a brulé juste à côté et ça a beaucoup diminué la côté de popularité de l’endroit. J’ai néanmoins réussi à revendre ce business et je n’ai pas perdu d’argent pour cette affaire. Du coup je suis allé bosser dans des marchés, je faisais des gaufres françaises.

MLBT : Et tu as essayé de monter une nouvelle structure?

Jean-Paul : Dans un premier temps je suis allé travailler à Sydney pour un boulanger français. C’était un professeur exceptionnel ! J’ai appris énormément de choses ! Je suis ensuite allé à Byron Bay pour rejoindre des amis. C’était il y a un peu moins de 18 ans, j’ai alors décidé de monté de nouveau ma propre entreprise.

MLBT : Quelle était l’activité de cette entreprise ?

Jean-Paul : C’était de la fabrication et de la livraison de pâtisserie française. Je faisais du commerce de gros. On a commencé à livrer le Club Med, l’activité a continué à évoluer, les clients ont continué a affluer et j’ai dû faire un choix dans mes activités. Je ne pouvais pas tout faire tout seul et c’était vraiment compliqué de trouver quelqu’un de compétent en tant que boulanger en Australie. On a donc arrêté tout ce qui était pâtisserie française pour faire uniquement des tartes. L’entreprise s’appelait Byron Gourmet Pies. Ça marchait très bien et ce d’autant plus lorsque j’ai décidé d’investir dans mon site internet pour optimiser le référencement.

MLBT : Et pourquoi as-tu arrêté cette entreprise ?

Jean-Paul : Honnêtement, après 30 ans en Australie et 17 ans à bosser 18 heures par jour tout en dirigeant des personnes, j’en ai eu marre. J’avais besoin de faire une pause, de changer. Du coup j’ai décidé de vendre et  j’en ai tiré un bon prix.

MLBT : Et quels conseils tu donnerais à quelqu’un qui souhaite lancer son business à l’étranger?

Jean-Paul : Qu’il réfléchisse bien à ce qu’il veut faire de la vie. Gérer son entreprise n’est pas de tout repos, et bien y réfléchir, le salaire horaire n’est pas si intéressant. Si c’était à refaire,  je travaillerais pour quelqu’un. J’ai compris aujourd’hui que si tu veux faire ce que tu aimes, en ce qui me concerne, la pâtisserie, il faut travailler pour quelqu’un. Si tu veux faire du business, gérer, compter, manager, monte ta boite, il faudra que tu oublies tes loisirs pour te consacrer essentiellement à ça. Ensuite, si tu as toujours envie de le faire, il faut que tu étudies ton marché, que tu collectes un maximum d’informations. N’oublies pas que tu n’es pas ton pays. Il faut donc que tu fasses appel à un avocat qui pourra te protéger. Tu prends énormément de risques quand il s’agit de ton entreprise. Que ce soit au niveau de l’argent que tu investis que de tes employés !

    Maxence Pezzetta