Pour être francs, nous ne comptions pas faire de 3ème article sur les bus de nuit. Vous avez probablement compris comment cela fonctionnait. Nous arrivons à la gare, nous sommes déçus par la qualité du bus, nous nous demandons comment nous allons passer la nuit, la nuit passe et nous sommes arrivés. Sauf que là… nous sommes tombés sur une pseudo mafia Vietnamienne qui tenait la compagnie de bus!
Explications :
Nous arrivons comme prévu à la gare à 17h, nous récupérons nos tickets et 15 min avant le départ, nous nous apprêtons à monter dans le bus, très encadrés par les hommes de la compagnie de bus qui hurlent dès qu’une personne n’est pas bien placée dans la file… Nous montons dans le bus et là, une musique de discothèque à déchirer les tympans nous accueille. Sur la télévision du bus, des femmes dansent, à moitiés nues sur l’écran. Nous nous apprêtons à faire 24h de trajet, tout le monde autour de nous à l’air à la fois amusés et étonnés de la situation. Est-ce qu’ils pensent vraiment que c’est ce que nous voulons ? Est-ce que la compagnie de bus s’est dit qu’elle allait être « dans le coup » en proposant ça? Ça promet…
Dans ce bus de nuit, les couchettes ne se partagent pas à deux. Ce sont des sièges inclinables à 160°. Ce qui serait parfait si elles n’étaient pas conçues pour des personnes de 1m50. Même pour Eugé c’était limite alors imaginez pour un homme d’1m87 (Max). Devant nous, le groupe de Russes n’a pas l’air non plus satisfaits de l’espace disponible (ils font tous 2 mètres de haut pour 1,50 mètre de large).
Nous remarquons assez rapidement qu’il y a des espèces de couchettes sous les sièges inclinables. L’espace est d’environ 60 cm de hauteur mais assez long pour tendre les jambes (ce qui n’est pas le cas des sièges). Max tente l’expérience peu après le démarrage du bus (qui a bien entendu démarré avec 1h de retard). Max revient au bout de 30 min. Il n’y a pas d’air conditionné à cet endroit et plusieurs personnes s’étaient mises debout dans l’allée, ce qui bouchait l’entrée et donnait l’impression d’être confiné dans une boite…Nous comprenons alors qu’il s’agissait d’un espace pour mettre les bagages.
Nous nous arrangeons comme nous pouvons pour avoir un peu de place. Nous parvenons à nous endormir lorsque, soudainement, nous sommes réveillés en sursaut, par la musique de discothèque! La même musique que celle du départ (qui s’était arrêtée au bout de 30 min)… et ce, dans le but de nous réveiller ! C’est réussi ! C’est un arrêt pour nous restaurer. Nous mangeons, buvons (le strict minimum parce qu’il n’y a pas de toilettes dans le bus), sympathisons avec un groupe de 5 français d’à peu près notre âge et retournons dans le bus.
Quelques heures plus tard, en plein milieu de la nuit, les lumières s’allument et des gens entrent dans le bus. Ils se répartissent entre les places restantes et « l’ espace bagages » (ce qui signifie qu’une dizaine de personnes passera une partie du trajet, si ce n’est la totalité, allongé dans cet espace confiné, sans pouvoir se redresser.
Nous nous endormons et sommes de nouveau réveillés (sans musique cette fois) par un arrêt à 6h du matin. La plupart des personnes descendent du bus pour aller aux toilettes. Ça faisait 6h que nous ne nous étions pas arrêté. Heureusement que personne n’a eu d’envie pressante…
Nous restons arrêtés là près de deux heures. A 8h du matin, on nous demande de descendre. En fait, nous sommes à la frontière et il faut passer de l’autre côté à pied. Nous passons toutes les étapes et remontons dans le bus, il démarre. Il est 9h et nous pensons avoir fait plus de la moitié du trajet (GROSSE ERREUR).
13h : pause déjeuné et pipi. Tout se passe correctement.
A 15h30 le bus s’arrête de nouveau, plusieurs personnes s’apprêtent à descendre, notamment pour aller aux toilettes. Les hommes du bus leur interdisent (alors qu’eux-mêmes se sont permis d’utiliser les toilettes à ce moment). Nous constatons qu’ils sont en train de faire une livraison de marchandises à d’autres personnes et supposons qu’on s’arrêtera incessamment sous peu pour faire une pause (nouvelle GROSSE ERREUR).
La pause suivante a eu lieu près de 4h plus tard (19h30)! Entre temps, le bus s’était arrêté plusieurs fois pour faire de nouvelles livraisons. Cette fois-ci, le bus s’est arrêté à une station essence et tout le monde s’est levé pour manifester son envie de sortir. Pas question de ne prendre que de l’essence et de ne pas faire de pause. Voilà maintenant 6h30 que nous étions sagement assis à nos places. Au bout de 5 min, le petit chef de la bande klaxonne (ce qui signifie : « on remonte dans le bus »)! Pas le temps pour tout le monde d’aller aux toilettes, et encore moins de temps pour les fumeurs de terminer leurs cigarettes !
C’en est trop ! Nous sommes à plus de 24h de trajet. Nous nous sommes arrêtés qu’une seule fois depuis 9h pour acheter à manger et utiliser les toilettes et ils ne nous laissent pas plus de 5 minutes ! Alors que tout le monde, scandalisés, remonte docilement dans le bus, les Français, leur font comprendre qu’il n’est pas question qu’ils repartent sans avoir terminé leur cigarette et sans… Eugénie (qui était encore aux toilettes) ! Pour une fois, nous sommes fiers de notre esprit contestataire qui nous permet de ne pas accepter l’inacceptable.
Nous retournons dans le bus, les livraisons en tout genre continuent (bambous, matériels électronique, cartons…). Nous faisons une pause à 21h pour manger (deuxième pause depuis la veille pour nous restaurer). Tout ce qu’on peut acheter là vaut plus de 2 fois le prix. Nous arrivons à trouver des choses raisonnables dans un petit commerce plus loin. Le trajet continue. A 22h (28h que nous sommes dans ce bus), un des hommes demandent à nos 5 nouveaux copains Français (qui étaient tout au fond du bus près de nous) de descendre. A peine descendus, trois hommes arrivent et commencent à démonter le fond du bus ! En dessous se trouvait des kilos de bois, qu’ils ont sortis pour les livrer dans une sorte d’entrepôt. D’autres hommes les attendaient.
C’est à ce moment que nous avons vraiment pris conscience que
- … le conducteur de bus et ses acolytes étaient très probablement de la mafia Vietnamienne
- … les acolytes, n’étaient probablement pas des personnes travaillant pour la compagnie de bus mais qu’ils étaient engagés par le chauffeur pour faire leur petit business
- … les touristes qui avaient passés plus de 20h dans « l’espace bagage » y étaient uniquement parce que les acolytes étaient à bord du bus et que EUX avaient pris les sièges
Un scandale ! Nous sommes finalement arrivés à minuit soit 30h après notre départ. Comme il était trop tard, nous avons dû prendre le taxi proposé par la compagnie de bus. Ou peut-être que ce n’était simplement qu’un ami/collègue des hommes de la compagnie de bus. Toujours est-il que nous n’avons pas vraiment eu le choix. Une fois arrivés à notre hôtel, le réceptionniste nous dit qu’il a dû donner notre chambre à un de ses amis malades ( ??? – nous n’avons pas très bien compris).
Il nous dit que l’hôtel est répartit dans deux bâtiments et qu’un de ses collègues va venir nous chercher en taxi pour nous amener dans cet autre hôtel. Nous n’avons pas le courage de lutter. Nous arrivons dans le deuxième hôtel, qui ne paye pas de mine. Le second réceptionniste nous donne les clefs. Nous montons dans nos chambres, exténués, en se demandant dans quel état va être la chambre dans laquelle on nous demande de dormir. Nous ouvrons la porte et là, à notre grand étonnement, nous arrivons dans une chambre ultra luxueuse. Il semble que nous ayons été surclassés !
Une première impression catastrophique de ce pays… Nous nous endormons finalement sur nos deux oreilles !
Maxence Pezzetta