Archive for the Category » CAMBODGE «

Tous nos témoignages au Cambodge!

Les français de l’étranger témoignent ! Vous trouverez ici une mosaïque de toutes les interviews que nous avons menées au Cambodge! Nous publierons bientôt un récapitulatif de tous les conseils donnés par les entrepreneurs pour monter son business au Cambodge. Cliquez sur l’entrepreneur de votre choix pour découvrir son interview!


Un charcutier prisé dans toute l’Asie

Nous rencontrons Dominique Boivin suite à notre rencontre avec Pascale et Michel Sebban. Il nous inviteEntreprendre en Asie - Dominique Boivin - Charcutier médaillé à participer aux mardis du foie gras dans son commerce, le terroir 69 : occasion pour quelques francophones de la ville de se retrouver chaque semaine autour d’un morceau de foie gras. Nous acceptons avec grand plaisir et commençons l’interview de bon matin avec de la baguette fraiche et du foie gras, avant d’enchainer avec son célèbre pâté maison !

My Little Big Trip : Bonjour Dominique, peux-tu nous raconter comment es-tu devenu entrepreneur en Asie? Comment as-tu été amené à ouvrir une boucherie dans la capitale du Cambodge ?

Dominique : Tout ça a commencé il y a bien longtemps ! Tout d’abord, j’ai commencé ma carrière en France. J’ai été 12 ans à mon compte. J’avais contracté un prêt sur 7 ans quej’ai fini de le payer en 1992. Malheureusement, quand j’ai eu fini de payer, le déclin commençait chez les commerçants de proximité à cause de l’arrivée des supermarchés. J’étais excentré de la ville, il n’y avait donc pas beaucoup de passage dans mon village. Il s’est peu à peu vidé et au bout de quelques temps, il ne restait plus que moi et le boulanger !

MLBT : Ça a été l’élément déclencheur pour te faire quitter le pays ?

Dominique : En partie. En plus de cela, j’ai divorcé et quand j’ai réalisé que le gouvernement ne voulait pas aider le village à protéger les commerces de proximité, j’ai décidé de partir. J’ai bien fait puisqu’en 1994, il n’y avait plus aucun commerce dans mon village. Je suis parti en Afrique, au Mali.

Entreprendre en Asie - Dominique Boivin - Charcutier médailléMLBT : En Afrique ??? Mais tu as eu une opportunité professionnelle ?

Dominique : En fait, j’ai un ami qui m’a parlé du Mali, j’y suis allé et j’y suis resté de 1995 à 2003. Je travaillais pour le plus grand supermarché du Mali et pour des succursales à travers tout le pays. Ensuite j’ai travaillé à Gao dans le Nord du Mali pendant 1 an et j’ai rencontré un homme qui avait des restaurants au Gana. Il m’a proposé de venir former son personnel. J’ai terminé mon périple en Afrique par le Burkina et ensuite j’ai eu une opportunité à Hanoï, au Vietnam.

MLBT : Hé ben ! On peut dire que tu as eu la bougeotte à partir du moment où tu es parti ! Comment as-tu eu cette opportunité à Hanoï ?

Dominique : J’étais en France à ce moment-là, je travaillais pendant l’été pour une boite d’intérim car l’été, en France, tout le monde part en vacances et il y a beaucoup de travail. J’ai répondu à une annonce internationale, on m’a rappelé. Après que l’on se soit mis d’accord sur les termes du contrat, l’entreprise m’a proposé de me payer mon billet d’avion et je suis parti pour Hanoï.

MLBT : Mais Hanoï, c’est au Vietnam… Ça ne nous explique pas ton arrivée au Cambodge…

Dominique : Pour tout vous dire, ça ne s’est pas très bien passé avec cet employeur. Il m’a payé les 2 premiers mois et ensuite il m’a demandé d’attendre car il avait un problème de trésorerie qui serait « bientôt réglé ». J’ai accepté de patienter. Sauf qu’au bout de 6 mois,Entreprendre en Asie - Dominique Boivin - Terroir 69 il m’a annoncé qu’il mettait les clefs sous la porte et que je n’aurais rien.

MLBT : Tu n’avais aucun recours pour récupérer ton argent ?

Dominique : Non. Vous savez, quand on est à l’étranger, et d’autant plus hors de l’Europe dans des pays en voie de développement, on n’a pas vraiment de protection. Il faut être vigilant pour ne pas se faire avoir. Là je me suis retrouvé sans rien. J’avais même pris sur mes économies.

MLBT : Comment t’es-tu retourné ?

Dominique : J’ai été obligé de retourner en France pour gagner de l’argent. Au bout de 6 mois, je suis revenu à Hanoï, j’avais aimé cette ville et j’avais gardé des contacts. Là-bas j’ai rencontré un homme, Gilbert, qui avait quelque chose pour moi. Je suis passé le voir à son bureau et il m’a demandé quelles étaient mes intentions. Je lui ai expliqué que si je ne trouvais pas de travail rapidement, je rentrerai en France. Gilbert avait  l’intention de monter un projet qui nécessitait mon savoir-faire en tant que boucher-charcutier. Il avait besoin de moi et m’a proposé de me payer 2000$ par mois. Le seul souci était que le commerce n’était pas encore construit.

MLBT : Tu es donc resté sans activité et sans revenu pendant le temps de la construction ?

Dominique : Non, il avait bien compris que je ne resterai pas si je n’avais pas de revenu donc il m’a proposé de payer 1000$/mois en attendant l’ouverture et j’aurai les autres 1000$ (pour arriver à 2000$ par mois comme convenu) lorsque le commerce ouvrirait. Ça a duré plus d’un an.

Entreprendre en Asie - Dominique Boivin - Terroir 69MLBT : Ça c’était une bonne affaire ! Tu n’avais donc rien à faire mais tu gagnais de l’argent ?

Dominique : Disons que j’essayais tout de même de trouver des clients et d’avoir des contrats pour l’ouverture du magasin. L’idée était d’anticiper le carnet de commandes. Néanmoins, j’avais quand même beaucoup de temps libre. Au bout d’un moment j’ai dû sortir du pays pour renouveler mon visa. J’avais un ami à Phnom Penh, je suis donc allé le voir.

Une fois sur place j’ai rencontré pas mal de personnes. Au moment de repartir à Hanoï, l’une des personnes que j’ai rencontrées, un français originaire de Dijon, m’a proposé de monter une charcuterie à Phnom Penh. Avant d’accepter, je suis allé voir mon employeur à Hanoï, je lui ai expliqué la situation et je lui ai dit qu’il pouvait arrêter de me payer pendant le temps où je travaillais à Phnom Penh.

MLBT : Donc tu as complètement abandonné son projet ?

Dominique : Pas exactement, je travaillais juste pour quelqu’un d’autre en attendant que le commerce à Hanoï puisse ouvrir et ensuite je serai retourné travailler pour Gilbert. En attendant on a ouvert le premier « Terroir ». J’ai essayé d’appeler Gilbert quelque temps plus tard pour savoir où il en était. Impossible de le joindre. Un jour, je demande à un de mes amis de passer le voir, il m’apprend que Gilbert a été retrouvé mort empoisonné !

MLBT : Ça a dû te faire un choc ! Tu es donc resté à Phnom Penh ?Entreprendre en Asie - Dominique Boivin - Terroir 69

Dominique : Tout à fait ! On a ouvert le « Terroir 69 » en 2010. Maintenant je suis donc basé à Phnom Penh, je livre et je fais de la formation. J’ai également été décoré de la Médaille du mérite !

MLBT : La médaille du mérite ? Pourquoi ?

Dominique : Il se trouve qu’on est décoré lorsqu’on représente bien la France. J’ai donc été récompensé pour la qualité de mes produits et le fait que je sois le seul charcutier en Asie. On fournit l’ambassade de France, d’Allemagne et du Japon à Phnom Penh ! Je fais toujours des formations au Vietnam et je pars travailler ponctuellement pour des restaurants qui ont des besoins spécifiques.

     Maxence Pezzetta

Franck: directeur général de Khmer Dev’

Franck Touch est un Franco-Khmer qui a renoué avec son pays d’origine il y a un peu plus de 10 ans. Il est aujourd’hui à la tête de Khmer Dev’ et dirige plus de 150 personnes. Il accepte de répondre à nos questions.Entreprendre en Asie - Franck Touch - Khmer Dev

MLBT : Bonjour Franck, pourquoi t’es-tu expatrié au Cambodge et pourquoi as-tu décidé d’entreprendre en Asie ?

Franck Touch : En ce qui me concerne, j’ai remarqué deux motifs d’expatriation chez les expatriés qui m’entourent. Le premier est celui de la fuite. Les gens fuient la France ou l’Europe, le mode de vie occidental. Ils en ont assez du stress et de la pression quotidienne et viennent chercher un nouveau mode de vie. Le second choix d’expatriation est lié plus spécifiquement au pays d’accueil. Les expatriés choisissent alors un pays pour ses valeurs, pour les personnes, pour le rythme de vie…

Dans mon cas, c’est la deuxième option qui a été décisive du fait de mon histoire personnelle.

MLBT : Peux-tu nous en dire un peu plus ?

Franck : Je suis Franco-Cambodgien, de mère française et de père cambodgien. Je n’ai jamais connu mon père car il a disparu pendant la période des Khmers Rouges. En 2001, je pars avec ma mère faire un voyage au Cambodge. Lors de ce séjour, je suis parti à la recherche de ma famille. J’ai eu la chance de la retrouver et ça m’a marqué à vie. En reprenant l’avion pour rentrer en France, je savais que je reviendrai. 3 mois plus tard, j’ai posé ma démission.

Entreprendre en Asie - Franck Touch - Khmer DevMLBT : Que faisais-tu en France à ce moment-là ?

Franck : Je vivais à Nantes. Je travaillais dans une entreprise qui faisait de la veille commerciale. On relevait dans la presse des opportunités de business et des appels d’offres. J’étais Directeur du Système Informatique dans cette entreprise. Ça a très bien marché, aujourd’hui l’entreprise représente 6000-7000 clients avec les plus grands groupes du BTP. Au fur et à mesure, mon activité a évolué vers des fonctions d’out-sourcing et j’ai travaillé avec la Tunisie et la Roumanie. Ça m’a donné une certaine expérience du business avec les pays émergents.

MLBT : Qu’a dit ton patron quand tu as annoncé que tu partais ?

Franck : En réalité, j’ai démissionné au bout de 3 mois après mon retour du Cambodge. Pendant tout ce temps, je n’étais pas vraiment présent. J’étais hanté par le Cambodge ! Un beau jour, je suis allé trouver mon patron et j’ai démissionné. Il tombait des nues. Il m’a demandé pourquoi. Je lui ai répondu que je voulais aller vivre au Cambodge mais que je ne savais pas encore trop ce que j’allais y faire. Il m’a donné son accord.Entreprendre en Asie - Franck Touch - Khmer Dev

Le soir même, il m’a invité dans un superbe restaurant à Nantes et au bout de quelques minutes, il m’annonce qu’il refuse ma démission. Je lui explique que je lui trouverai un remplaçant et que, de toute façon, je ne demande pas d’indemnités. Il refuse de nouveau. Il finit par m’annoncer qu’il veut m’envoyer au Cambodge pour la boite. Il voulait créer une sous-traitance de programmation informatique là-bas. Il avait besoin d’une personne de confiance et, étant donné que j’étais là depuis la naissance de l’entreprise, il me connaissait et savait que je me battrais pour que ça fonctionne.

MLBT : Quelle bonne nouvelle ! Tu as dû être soulagé !

Franck : Oui c’était inespéré ! Je suis parti deux mois plus tard faire une étude de marché pour qu’on puisse s’assurer de la faisabilité du projet. En rentrant, je présente le business plan sur 3 ans et on a décidé de lancer le projet.

MLBT : Comment s’est passé le lancement une fois sur place ?

Franck : J’ai commencé avec deux informaticiens, on travaillait avec le minimum. Au début, nous n’avions même pas la climatisation !  J’ai commencé par développer le business pour le marché français et je me suis lancé sur le marché local. Nous avons les activités d’une SSII classique. Nous faisons du développement de base de données, de la création d’intranet, de la sécurité réseau, du web ranking, de la formation, de l’audit-consulting, de la numérisation…

MLBT : Est-ce que tu aurais un conseil à donner à une personne qui souhaite monter son entreprise au Cambodge ?

Entreprendre en Asie - Franck Touch - Khmer DevFranck : A mon avis, il ne faut pas créer sa société à l’arrivée. Dans un premier temps, il vaut mieux travailler pour quelqu’un et voir comment ça se passe, quels sont les us et coutumes du pays. Ça permet également de créer son propre réseau, ce qui facilitera la tâche par la suite pour avoir des clients. Ici, si tu n’as pas de réseau, tu n’auras pas de clients. Donc le mieux est de passer un ou deux ans dans une entreprise pour comprendre le business, le network, le client, les salaires, les prix, les ressources humaines etc. Pour le reste, il faut savoir faire preuve d’énormément de patience et de persévérance.

MLBT : Pourquoi venir entreprendre en Asie ?

Franck : Au Cambodge l’administration est très facile ! Beaucoup plus qu’en France et même que dans la plupart des pays voisins. C’est un très bon marché pour les PME-PMI. En effet, avec un marché de 14 millions d’habitants, les gros groupes ne sont pas très intéressés pour s’implanter au Cambodge. En plus de cela, si tu es capable de travailler et de t’investir, il est très facile de gravir les échelons.

     Maxence Pezzetta 

Conseils du directeur de la CCFC!

A tous les français qui veulent connaître les trucs et astuces pour s’installer au Cambodge, cette interview est pour vous ! Nous avons rencontré Daniel Zarba, directeur de la chambre de commerce franco-cambodgienne. Il nous explique ce qu’il faut avoir en tête Entreprendre en Asie - les conseils de Daniel Zarbapour immigrer au Cambodge.

My Little Big Trip : Bonjour, nous faisons un site web pour les personnes qui souhaitent immigrer en Asie, ou au moins se renseigner. Quels sont les choses à savoir absolument ?

Daniel Zarba : Pour commencer, il faut savoir qu’il y a de plus en plus de français qui viennent tenter leur chance au Cambodge. En effet, le Cambodge a un taux de croissance de 7% pour l’année 2011. C’est un taux comparable à celui de la Chine.

My Little Big Trip : Comment peut-on expliquer un taux de croissance aussi élevé?

D.Z : C’est très simple, le pays part de rien. Tout est à faire ! A titre d’exemple, 40% de la population au Cambodge n’a pas d’eau ni d’électricité et le revenu moyen par habitant est de l’ordre de 700$. Il est important de prendre en compte que la part de la population qui est en situation d’extrême pauvreté est composée majoritairement des habitants des zones rurales qui représentent 80% de la population. Pour ce pays, nous sommes à une période de reconstruction. Le Cambodge a énormément souffert de la guerre, des périodes d’occupation successives et des Khmers Rouge.

MLBT : Ce n’est pas un portrait très réjouissant du Cambodge. Qu’est-ce qui attire les occidentaux ? Et notamment les français ?

Entreprendre en Asie - les conseils de Daniel Zarba - Directeur de la CCFCD.Z : Pour commencer, c’est un pays où il fait bon vivre. Ici, il fait beau et chaud toute l’année et la vie ne coûte pas chère. La vie est très facile. Si on prend l’exemple d’un étudiant, il aura une bien meilleure qualité de vie ici qu’à Paris. Il dépensera au maximum 600$ par mois sans se priver ! Un autre point qui revient régulièrement est l’accueil et le sourire des khmers. Les gens sont très agréables à vivre, polis, et souriants. En plus, les Français sont très bien accueillis au Cambodge, la France n’a pas laissé de mauvais souvenirs suite au protectorat. Enfin, c’est un pays avec une certaine liberté. Le Cambodge est une monarchie constitutionnelle. Il y une famille royale qui a une forte puissance symbolique mais les gens votent et il y a un premier ministre avec un gouvernement.

Au niveau des richesses naturelles, les principaux atouts du Cambodge sont l’agriculture, l’industrie textile, le tourisme et une main d’œuvre bon marché. Des recherches sont en cours pour trouver des gisements de gaz et de pétrole.

MLBT : Et d’un point de vue business ?

D.Z : Le Cambodge offre une liberté et une facilité au niveau administratif qu’on ne retrouve pas dans la plupart des pays de la zone Asie. A titre d’exemple, j’ai régulièrement des entreprises  installées au Vietnam qui me demandent quelles sont les démarches pour s’installer au Cambodge car l’administration dans ce pays est beaucoup plus lourde.

Et comme je le disais, la main d’œuvre bon marché joue également sur leur souhait de s’implanter au Cambodge. Aujourd’hui le Cambodge est moins cher que la Chine. Même les chinois délocalisent !

Entreprendre en Asie - les conseils de Daniel Zarba - Directeur de la CCFCMLBT : Au niveau professionnel, comment peut-on trouver un travail ?

Avant toute chose, il faut se rendre compte que le Cambodge est un pays de 15 millions d’habitants pour une superficie 181 035 km2. Il y a donc énormément de possibilités ! Chez les français, il y a majoritairement 3 profils. Il y a ceux qui arrivent avec un travail, ceux qui trouvent un travail sur place et ceux qui en crée un.

Pour ceux qui veulent trouver du travail, il faut savoir qu’au Cambodge, c’est l’équivalent de la période des trente glorieuses. Par exemple, la chambre de commerce envoie deux mailing emploi tous les mois avec les offres des entreprises partenaires et les demandes de particuliers. Il y a des opportunités à saisir pour ceux qui le souhaitent et pour une grande variété de profils.

MLBT : Quelles sont les méthodes à connaître pour les personnes qui veulent trouver du travail au Cambodge ?

D.Z : Il faut faire des candidatures spontanées, il faut s’inscrire sur les sites d’emploi et se renseigner auprès de la chambre de commerce et de la mission économique.

MLBT : Quel conseil donneriez-vous à une personne qui veut monter son affaire au Cambodge ?

D.Z : Il faut bien garder en tête que le facteur clef de succès est le travail. Pour tous ceux qui veulent monter leur affaire ici, c’est facile oui. Mais il faut tout de même s’impliquer énormément. Il faut également connaître son métier. On ne s’improvise pas barman ou directeur d’une Guest House. Ce sont des métiers de service qui demandent énormément d’implication.

MLBT : Combien de français y-a-t-il au Cambodge ?

Entreprendre en Asie - les conseils de Daniel Zarba - Directeur de la CCFCD.Z : Il y a aujourd’hui 5000 français au Cambodge. Ce chiffre inclut également les franco-khmer qui ont immigré en France avant le régime de Pol Pot et qui souhaitent maintenant retourner au pays. Ce chiffre augmente de 10% par an. L’an dernier, la progression a été de 17%.

MLBT : Si vous deviez faire passer un message aux personnes qui désirent s’expatrier au Cambodge, que leurs diriez-vous ?

D.Z : Je leur dirais d’être patient et d’être ouvert. Ici tout est facile mais ça prend plus de temps qu’en France ou dans les pays développés. Si les personnes veulent brûler les étapes et aller trop vite, ça ne fonctionnera pas. Il y a énormément de personnes qui arrivent ici et qui veulent s’en mettre plein les poches en 6 mois. Il faut impérativement être patient et humble pour réussir au Cambodge.

Il faut également être ouvert car les méthodes de travail ne sont pas les mêmes. Ici la frontière entre la vie professionnelle et la vie personnelle n’existe pas. Avant de conclure un marché, il va falloir commencer par raconter des faits personnels. Il est courant d’aller au restaurant puis au karaoké. Ça crée un lien de confiance. Une fois qu’il est établit, on peut commencer à parler business.

    Maxence Pezzetta

J’ai monté ma société d’import-export

Arnaud d’Arles est arrivé au Cambodge en 1994, il a monté une entreprise d’import-export et il est aujourd’hui à la tête du groupe Thalias qui regroupe 6 différents business. Il nous explique comment il en est arrivé là et quelles sont les clefs de son succès.Entreprendre en Asie - Arnaud d'Arc - Thalias

My Little Big Trip : Bonjour Arnaud, pourquoi as-tu voulu t’expatrier entreprendre en Asie, plus particulièrement au Cambodge?

Arnaud d’Arles : Pour commencer, j’ai toujours voulu avoir ma propre affaire. J’ai fait l’INSEEC, une école de commerce à Bordeaux et j’étais à la Junior Entreprise (JE) en tant que président. Cette expérience m’a donné envie de m’expatrier et de trouver un terrain fertile pour entrepreneuriat.

En troisième année, il fallait que je fasse mon service militaire. Au départ, je voulais trouver un poste au Vietnam mais je n’ai pas réussi. J’ai envoyé des CV pour un stage et j’ai obtenu un poste en tant que contrôleur de gestion chez Accord, à Phnom Penh, au Cambodge. Mon objectif à l’issue de ce stage était de négocier un contrat VSNA. Au bout de trois mois, j’ai été embauché avec un contrat d’expatrié et j’ai enchainé sur 18 mois de VSNA.

MLBT : C’était en quelle année ? Comment était le Cambodge à cette époque ?

A.d’A : Je suis arrivé en 1994 et j’ai arrêté mon contrat avec Accord en 1997. A l’époque, il n’y avait pas d’électricité au Cambodge, pas de route, pas d’aéroport. C’était l’équivalent du Myanmar actuellement.

MLBT : Ça ne devait pas être facile de vivre et de travailler dans ces conditions ! Qu’as-tu fait ensuite ?

Entreprendre en Asie - Arnaud d'Arc - MalisA.d’A : En 1997, j’ai eu l’opportunité de créer une entreprise d’import-export pour la restauration à Phnom Penh. Je faisais venir les produits de France et je fournissais tous les hôtels de Phnom Penh en produits français de toutes sortes. Ça allait du shampoing au Camembert. J’ai commencé avec peu de moyens, simplement avec ce que j’avais mis de côté pendant mes 3 premières années, soit 10 000$.

MLBT : Tu travaillais seul ? Comment as-tu réussi à te financer avec seulement 10 000$ ?

A.d’A : Non, je travaillais avec ma belle-sœur. Par rapport au financement, je m’étais fait des contacts pendant mes 3 premières années chez Accor. Ces contacts ont soutenus mon projet avec des faveurs de paiement dans un premier temps. Par exemple, je pouvais les payer une fois que mes clients me payaient ce qui me permettait de ne pas avoir de besoin en fond de roulement. Ça m’a énormément aidé. Quand on n’a pas les moyens financiers, il faut avoir des moyens humains.

Le souci c’est qu’au bout de 6 mois, il y a eu des problèmes politiques avec conflits armés. Les hôtels se sont vidés et, comme les hôtels étaient mes clients, s’ils n’avaient eux-mêmes plus de clients, ils n’avaient plus besoin de moi. L’entreprise ne faisait plus de bénéfices mais nous avons décidé de rester au Cambodge. Le pays regorgeait d’opportunités et l’aventure nous plaisait.

MLBT : Tu as donc choisi de re-monter une entreprise ?

A.d’A : Nous avons créé « Le Topaze ». C’était le premier restaurant du pays où il y avait la climatisation ! Ça a tout de suite très bien fonctionné. Nous avons ensuite créé un gourmet shop et un boutique-hôtel. Le principe était de faire un complexe de 20 chambres très luxueuses sur les quais avec un grand restaurant.

MLBT : Tu n’as pas voulu essayer de monter quelque chose dans les pays voisins ?Entreprendre en Asie - Arnaud d'Arc - Malis

A.d’A : On a voulu essayer quelque chose en Thaïlande, à Bangkok. On a monté un restaurant français qu’on a revendu 6 mois plus tard. La vie à Bangkok ne nous convenait pas, c’était infernal, le bruit, les transports… Nous avons choisi de revenir à Phnom Penh.

MLBT : Pour t’occuper de tes précédents business ?

A.d’A : Oui, entre autres. Nous avons créé « Le Malis » -restaurant dans lequel nous avons passé l’interview- en 2006, l’hôtel « La Maracuya » en 2002, nous avons déménagé « Le Topaze » dans un endroit plus grand et plus luxueux et nous avons créé une chaine de café entre 2007 et 2008 qui s’appelaient « Café Sentiment ».

MLBT : Quelles sont tes perspectives de développement aujourd’hui ?

A.d’A : Nous avons vendu l’hôtel à un fond d’investissement en 2007 et « Café Sentiment » a été revendu en 2009. Nous avons réinvesti l’argent dans le foncier. Avec la crise de 2008, nous n’avions pas pu faire tous les investissements que nous souhaitions. Nous les reprenons maintenant en construisant un coffee shop qui s’appellera « Khéma» et un service appartement qui s’appellera « Elita» . Les perspectives de développement au Cambodge sont très bonnes. On ne ressent pas du tout la crise européenne. Nous étudions également la possibilité de lancer le développement d’un resort dans le sud du pays, dans la région de Sihanoukville.

MLBT : Qu’en est-il de la société d’import-export ?

A.d’A : Je l’ai relancée avec la reprise de l’économie. Nous avons fait évolué notre manière de fonctionner car, maintenant, nous choisissons les marques que nous distribuons aux des hôtels.

MLBT : Tu n’as pas chômé ! Est-ce que tu as embauché du personnel ?

A.d’A : Bien sûr ! Au début je travaillais avec beaucoup d’expatriés et j’ai en même temps embauché des khmers que j’ai formés. Aujourd’hui, plusieurs d’entre eux sont managers.

Entreprendre en Asie - Arnaud d'Arc - Malis - Phnom PenhMLBT : Est-ce que tu aurais des conseils à donner concernant le travail et l’entrepreneuriat dans un environnement  multiculturel ?

A.d’A : Il faut aider les gens à se former et être capable de s’adapter au pays. Les khmers sont des gens qui travaillent très bien et qui sont très appliqués. Quand ils font quelque chose, ils le font avec amour et son très fiers de leur travail.

MLBT : Qu’en est-il de la limite entre la vie professionnelle et la vie privée ?

A.d’A : Tout dépend de son style de management. Chaque entrepreneur aura une manière différente de manager ses équipes. En ce qui me concerne, je fonctionne sur le paternalisme, c’est-à-dire qu’on est comme une grande famille. Lorsqu’un employé vient me voir avec un problème, même si il est d’ordre privé, je fais tout mon possible pour l’aider à résoudre son problème. Néanmoins, le Cambodge est en train d’évoluer et tend vers une organisation plus traditionnelle, d’autant plus que nous sommes de plus en plus nombreux et qu’il est difficile d’avoir du temps pour chacun des 200 employés. J’ai dû embaucher une personne qui s’occupe exclusivement des ressources humaines. Les ressources humaines au Cambodge comprennent l’embauche, le suivi professionnel, personnel et médical.

MLBT : Quel est le secret de la réussite selon toi?

A.d’A : Pour moi, il n’y a pas UN secret, c’est un ensemble de choses. La première chose c’est d’aimer travailler. Quand on est entrepreneur, on ne s’arrête jamais, l’entreprise est toujours présente même pendant les vacances et les moments de pause. Ensuite, il faut garder un esprit ouvert, ne pas essayer d’imposer notre savoir-faire, rester humble. Mais il faut tout de même garder un niveau d’exigence élevé.

MLBT : Selon toi, quelle est l’erreur classique des personnes qui ont échouées ?

A.d’A : Il y a énormément de personnes qui arrivent au Cambodge en situation d’échec. Ils viennent ici en dernier recours et ne sont donc pas dans de bonnes dispositions pour réussir ici.Entreprendre en Asie - Arnaud d'Arc - Malis - Phnom Penh

MLBT : Qu’est-ce que tu aimerais dire aux personnes qui envisagent l’expatriation ou l’entrepreneuriat en Asie, plus particulièrement au Cambodge ?

A.d’A : Il faut venir parce qu’on a envie de venir et non pas pour fuir quelque chose. L’idéal est de venir quand on est jeune parce qu’il faut beaucoup d’énergie. Il ne faut pas venir en pays conquis. Les gens ici veulent progresser et il faut prendre conscience que, de nos jours, l’énergie, l’économie, et la croissance sont de leur côté, pas du notre. Il faut être ouvert et courageux pour ne pas se décourager au 1er effort. Il faut aussi être très exigeant en termes de qualité. Enfin, pour avancer, il faut avoir une certaine éthique des affaires. Concernant l’apport financier, il est évident qu’aujourd’hui, 10 000$ ne suffiront pas à monter un business ici, le pays a énormément évolué. Une personne qui cherche la même situation qu’il y a 20 ans devrait aller au Myanmar qui est dans la même situation que la Cambodge il y a 20 ans.

     Maxence Pezzetta

Ils sauvent des vies au Cambodge!

Le Docteur Michel Sebban et sa femme, Pascale, nous reçoivent à la fin de leur journée pour nous expliquer leur vie d’expatriés au Cambodge. Très vite, ils nous expliquent comment ils sont tombés amoureux de ce pays et ont décidés de s’investir économiquement et socialement…

My Little Big Trip : Comment êtes-vous tombés amoureux du Cambodge ?

Pascale : Tout a commencé il y a un peu plus de 15 ans. Michel et moi travaillions tous les deux en France. A cette époque, il faut avouer que nous avions peu à peu basculé dans le matérialisme. Un jour, un jeune d’un lycée professionnel vient trouver Michel et lui demande de le soutenir dans son projet. Un de ses professeurs avait choisi de les emmener au Sénégal pour construire un dispensaire. Il avait besoin de médicaments et a demandé à Michel de lui en fournir. Quand il est revenu, il était transformé. L’année suivante, il nous a demandé, à Michel et à moi, de venir avec lui. Nous avons accepté.

My Little Big Trip : Qu’avez-vous pensé quand il vous a sollicité la deuxième fois ?

Pascale : Au départ, nous y allions surtout pour lui faire plaisir. Quand nous sommes revenus, nous étions, nous aussi, transformés. Néanmoins, les choses se sont faites petit à petit. Nous étions dans un cabinet que nous partagions avec plusieurs médecins. Nous avons commencé par changer de cabinet car la course à « qui sera le meilleur en fin de mois » était trop présente. Elle ne nous correspondait plus.

My Little Big Trip : Comment cela s’est-il passé ensuite ? Avez-vous senti ces différences avec vos amis également ?

Pascale : Le comportement a été différent en fonction des amis. Nous avons réussi à en emmener certains en mission avec nous. Pour les autres, nous nous sommes éloignés au fur et à mesure du temps. On ne se sentait plus en phase.

Michel : Globalement tout s’est fait très naturellement. Avec le temps, nous répondions de moins en moins aux invitations qui ne nous intéressaient plus. C’est à ce moment-là que nous avons choisi de créer une association avec les amis qui partageaient notre envie d’aider les autres.

My Little Big Trip : De quoi s’agissait-il ?

Pascale : Nous voulions créer une association humanitaire. Le but premier était de construire des dispensaires dans les pays sous-développés ou en voie de développement et de pouvoir ensuite passer la main aux locaux pour qu’ils le gèrent par eux-mêmes et soient autonomes. L’association s’appelle « Santé 5 continents ». Autre principe important, nous voulions être une association sans frais de fonctionnement.

My Little Big Trip : Comment fonctionne une association sans frais de fonctionnement ? Combien étiez-vous dans l’association ?

Michel : Nous étions une cinquantaine avec 10 membres actifs. Nous sommes partis du principe que nous étions privilégiés de par notre situation professionnelle et sociale. Nous prenions donc en charge tous les frais de l’association. Il n’était donc pas question de payer un salarié, un local ou de dépenser des fortunes en événements.

My Little Big Trip : Vous n’êtes partis qu’au bout de 15 ans. Pourquoi ? Et pourquoi au Cambodge?

Pascale : Nous avions des enfants et à l’époque, ils étaient encore scolarisés en France. Pendant ces 15 ans nous nous sommes énormément impliqués dans l’association. Nous avons menés nos premières missions en Afrique. Une opportunité pour le Cambodge s’est présentée très rapidement lorsque l’association « Pour un sourire d’enfant » nous a sollicitée. Nous avons passé 3 semaines en immersion. A cette époque, nous pensions venir nous installer au Cambodge à l’âge de la retraite. Finalement, nous avons tenté l’aventure quand nos enfants ont terminés leurs études. Au cours de ces 15 années, nous partions environ deux fois par ans au Cambodge, pendant toutes nos vacances. Les enfants venaient avec nous et nous aidaient.

My Little Big Trip : Vous ne touchez pas encore de retraite, comment faites-vous pour vivre ?

Michel: Comme vous le voyez, nous travaillons, nous avons monté un cabinet. Il fallait qu’on trouve un moyen de gagner de l’argent donc nos avons décidé d’ouvrir un cabinet ici et nous partageons notre temps entre notre activité professionnelle et notre activité humanitaire.

My Little Big Trip : Comment répartissez-vous votre temps ?

Michel : On ne le répartit pas ! Notre mode de vie et nos actions sont devenus une philosophie de vie. Tout est mélangé et c’est ce que nous voulions. Nous vivons constamment dans l’échange avec peu de frontière entre la vie professionnelle et la vie privée.

My Little Big Trip : Et quelles sont vos actions humanitaires maintenant que vous vivez ici ?

Pascale : Nous travaillons toujours en partenariat avec « Un sourire d’enfant », « Osmoze » et deux autres associations plus petites. Nous allons consulter dans les villages et essayons de favoriser l’accès aux soins. Également, Michel prends un groupe d’étudiants boursiers en 6 ème année de médecine tous les samedis  pour les préparer au concours d’internat et afin d’augmenter leur pratique, nous les emmenons dans les villages pour consulter 2 dimanches par mois

My Little Big Trip : Dans le cadre de votre vie professionnelle, comment est repartie la clientèle ?

Michel : Nous avons 50% d’occidentaux et 50% de Khmers.

My Little Big Trip : Quel conseil donneriez-vous à une personne qui désire faire une mission humanitaire ici  au Cambodge ?

Michel : La première chose à faire est de s’impliquer bien avant son départ dans le pays. A titre d’exemple, lorsque l’on forme une mission médicale, elle est préparée pendant 8 à 9 mois avant d’arriver. Les gens connaissent exactement leur rôle et ce qu’on attend d’eux. Il est aussi très important de trouver une association qui correspond à sa propre philosophie. Veut-on travailler dans une grosse ou une petite structure ? Sur quels thèmes veut-on travailler et s’impliquer ?

My Little Big Trip : Et quel conseil vous donneriez à une personne qui s’est reconnue dans cette interview et qui décide de s’implanter ici au Cambodge ?

Michel : La première chose est de s’organiser, de ne pas venir n’importe comment.

Pascale : Il faut aussi venir pour transmettre. C’est dommage de venir ici et de ne pas aider à la formation, quel que soit le domaine d’activité. Quand je parle de formation, ça s’adresse aussi bien au milieu professionnel que personnel. C’est trop facile de virer la femme de ménage parce qu’elle ne fait pas bien son travail. Il est important de savoir expliquer ce qu’on attend de la personne. Il faut donner aux gens la possibilité de s’intégrer dans les différents milieux et garder à l’esprit qu’une femme de ménage à autant de choses à nous apprendre, si ce n’est plus, que ce que nous avons à lui apprendre

Michel : Il faut venir avec l’idée du « laisser-faire ». Il faut être ouvert, à l’écoute, regarder ce qu’il se passe, essayer de comprendre la culture qui est différente de la nôtre. Il ne faut pas venir avec des certitudes, ne pas juger. L’idée est de venir en sachant qu’on trouvera quelque chose de différent ici.

Pascale : Il faut aussi être capable d’instaurer un climat de confiance. Souvent, on passe à côté de beaucoup de choses parce que le climat de confiance n’est pas établit. Les français arrivent souvent ici avec leurs gros sabots alors que les gens sont plus réservés et timides que chez nous.

My Little Big Trip : Comment peut-on se préparer au mieux à ce changement culturel ?

Pascale et Michel : La première chose est de ne pas quitter la France pour fuir quelque chose. Il faut partir parce que l’ « autre » nous attire. La fuite créée souvent des gens fragiles qui ne trouvent pas de solution à leurs problèmes une fois ici. Plus vous êtes sereins, plus vous êtes ouverts. Si les gens sont dans la fuite, une fois que les illusions sont tombées, ils n’osent pas rentrer en France parce que l’argent manque et parce qu’ils auraient un sentiment d’échec. La deuxième chose est de ne pas abandonner ce qu’on a déjà pour aller construire ailleurs. Enfin, il faut prendre le temps de réfléchir et se ménager une solution de retour. Par exemple, se dire qu’on se donne un an et que si ça ne fonctionne pas, on rentre en France.

My Little Big Trip : Quelles sont les erreurs classiques faites par les immigrés ?

Pascale et Michel : Les erreurs qu’on voit souvent sont le fait de ne pas écouter les locaux, les gens qui se lancent dans un business mais n’ont pas les compétences ou un manque de chance, des mauvais choix.

     Maxence Pezzetta

Alexis : Il monte son empire hôtelier!

Nous appelons Alexis De Suremain le matin, il nous fait une place dans son emploi du temps pour l’après-midi. Rendez-vous à La Plantation (nous apprendrons plus tard qu’il s’agit du dernier hôtel acheté en date), un peu intimidés par la modernité et le chic de l’endroit, nous attendons Entreprendre en Asie - Alexis De Suremain - Hôtels - Cambodgequ’il arrive. Après quelques minutes de présentation, il commence à nous raconter son parcours :

My Little Big Trip : Qu’est-ce qui t’as poussé à venir vivre et entreprendre au Cambodge ?

Alexis : J’ai toujours voyagé. Je suis fils d’expatriés donc j’ai commencé à vivre à l’étranger à l’âge de 1 ans. Je bougeais tous les 3-4 ans jusqu’à mes 25 ans environ. A cet âge, j’ai choisi d’aller travailler en Russie. J’avais déjà vécu là-bas étant petit et je parlais russe. J’ai monté une agence de voyage et un bureau de représentation pour conseiller les français qui veulent venir en Russie

MLBT : En quoi cela consistait-il ?

Alexis : A l’époque, en 1992, la Russie vivait ses premières années post-communistes. Il y avait une méconnaissance de la Russie. Avant l’implosion de l’URSS, les centrales d’achat de l’Union géraient tous les flux de marchandises. Quand l’URSS est tombée, plus rien ne régulait les flux, les stocks etc. C’était le chaos. Ça a duré entre 2 et 3 ans. Je m’occupais de faire connaitre la Russie et son fonctionnement auprès de la France. Nous avons également développé le centre culturel français. C’était une période très enthousiasmante. Je l’ai fait pendant 3,5 ans.

MLBT : Quelle a été la seconde étape ?

Alexis : Suite à un concours de circonstances, je sympathise avec l’ami d’un de mes cousins éloignés qui travaillait pour Pharmaciens Sans Entreprendre en Asie - Alexis De Suremain - La Plantation - CambodgeFrontière. Il m’explique qu’il travaille en Asie Centrale et je trouvais ça génial. Il m’a dit qu’ils cherchaient un logisticien pour l’Asie Centrale et il se trouve que je correspondais parfaitement au poste. Je parlais russe, je connaissais le système de comptabilité en Russie, je connaissais l’Asie Centrale puisque j’y avais fait un trip de plusieurs mois. Ils m’ont engagé tout de suite.

MLBT : Incroyable, tu as travaillé combien de temps pour eux ?

Alexis : Près de 8 ans. J’ai commencé par des missions vraiment terrain où on livrait des médicaments dans des coins ultra reculés. On faisait des formations. Ensuite j’ai participé à l’ouverture de bureaux où il y avait énormément de travail administratif. J’ai été chef de mission également. J’ai travaillé pour eux au Tadjikistan, au Kirghizstan, en Moldavie et j’ai terminé au Cambodge. Ça s’est terminé suite à un changement de direction que je n’approuvais pas et qui changeait les valeurs de Pharmaciens Sans Frontière.

MLBT : C’est à ce moment que tu as décidé de t’installer au Cambodge ?

Alexis : J’ai d’abord travaillé un an pour Médecin Du Monde. Ça a été un grand honneur pour moi de travailler pour eux. Ensuite, j’ai voulu me rapprocher de ma femme et de mes enfants qui étaient restés au Cambodge. Entre temps, je m’étais marié et j’avais eu des enfants.

MLBT : Et comment es-tu passé de missions pour Pharmaciens sans Frontière ou Médecins sans frontière à un business lucratif comme monter des hôtels ?Entreprendre en Asie - Alexis De Suremain - La Plantation - Cambodge

Alexis : Ma femme avait monté une marque de vêtements appelée Elsewhere. Au fur et à mesure, le magasin s’est transformé en café, restaurant et bar. Ma femme avait lancé un nouveau concept, le First Friday Party qui, comme son nom l’indique, était une grosse soirée organisée tous les premiers vendredi du mois. C’était devenu une institution. Ensuite, nous avons eu l’opportunité de monter un hôtel. Notre premier hôtel a été Le Pavillon, on avait 10 chambres. La maison d’à côté s’est libérée et on a agrandi. Et ça s’est passé comme ça pour tous les hôtels. Aujourd’hui je gère 150 chambres et il y en aura probablement 200 en janvier 2013.

MLBT : Tu es tout seul à chaque fois sur les affaires ?

Alexis : Non j’ai des associés.

MLBT : Ça semble très facile de monter son hôtel quand tu l’expliques.

Entreprendre en Asie - Alexis De Suremain - La Plantation - CambodgeAlexis : Oui c’est facile. Maintenant ça demande quand même de bosser, de chercher le local, le meilleur emplacement, faire les travaux etc. On voit pleins de personnes qui arrivent ici en ce disant que c’est un jeu d’enfants et qui sont étonnés lorsqu’il y a un minimum d’efforts à fournir. Il faut tout de même trouver un concept, un lieu. Il n’y a pas d’approximation possible. D’autant plus que, lorsque nous sommes arrivés et que avons lancé le premier hôtel de charme, nous étions les premiers à faire ça. Aujourd’hui, la concurrence est rude. Il faut trouver l’idée originale et étudier le marché, son évolution, ses concurrents. L’emplacement est la clef. Nos hôtels s’adressent aux touristes. Ils sont donc situés à côté du Palais Royal. Le Cambodge se stabilise, ça attire beaucoup de monde et même des grosses chaînes comme par exemple le Sofitel.

MLBT : Donc la clef est de trouver une idée originale, ne pas avoir l’illusion de la facilité et surveiller son marché ?

Alexis : Exactement. L’idéal est aussi de se diversifier pour ne pas avoir tous ses œufs dans le même panier.

      Maxence Pezzetta

Théodore: Boxeur professionnel en Asie

Théodore est boxeur professionnel. De nationalité française, il a 5 ans lorsqu’il arrive au Cambodge. Il est maintenant complètement intégré et nous raconte son expérience.

My Little Big Trip: Bonjour Théodore, comment est-tu arrivé au Cambodge ?

Théodore : Je suis arrivé à 4-5 ans parce que mes parents ont décidé de venir vivre au Cambodge.

MLBT : Et comment se passe l’intégration d’un enfant de 5 ans au Cambodge ?

Théodore : Assez bien en réalité. Peut-être mieux que pour les parents. Je n’ai pas énormément de souvenirs car j’étais vraiment petit. Je me souviens qu’il y avait beaucoup de jeunes au bord du Mékong et que les vendeurs ambulants avaient des enfants. De ce fait, moi et ma sœur jouions avec eux et c’est comme ça qu’on a appris le khmer. Tout le monde parlait khmer alors c’était très facile. On parle avec la nounou, les copains, l’école, les voisins, dans la vie en générale tout était khmer.

MLBT : Tu te considères Khmer ou Français?

Théodore : Moi je me considère khmer quand je suis avec les khmers et quand je suis avec les français je pense français. J’ai assimilé les deux logiques.

MLBT : C’est quoi la logique khmer ?

Théodore : Je trouve qu’ils sont beaucoup plus débrouillards que nous. Les français réfléchissent plus mais n’arriveront pas nécessairement à trouver la solution, notamment au niveau technique. Si on prend un problème de voiture, ils vont plutôt faire faire. Les khmers trouveront la solution par eux-mêmes. Ils peuvent même fabriquer la pièce eux-mêmes par exemple.

Une autre chose est que les khmers sont fiers. Par exemple, un français ne sera pas énervé si on lui tapote la tête, alors qu’un khmer le sera car c’est l’humilier. Autre exemple, quand un khmer a fait une bêtise, il rigole, il ne va pas dire qu’il est désolé. S’ il rigole c’est parce qu’il est gêné. Et s’ il est vraiment coupable, il peut carrément aller jusqu’à pleurer.

MLBT : Ah ok . Et comment as-tu commencé la boxe ?

Théodore : j’ai commencé la boxe à 16 ans. A l’école, le CPE ne m’aimait pas trop.Il avait une mauvaise image de moi et je n’étais pas très fort à l’école. Dans l’école française dans laquelle j’étais, il y a 100% de réussite au bac donc si ça ne file pas droit, ils ne nous font pas de cadeau. Je suis rentré en France de 15 à 16 ans et je suis allé à l’école là-bas. En revenant de France,  l’école Française à Phnom Penh ne voulait plus me reprendre.

MLBT : Tu savais déjà que tu voulais faire de la boxe ?

Théodore : Non pas vraiment. Au début je voulais trouver du travail dans l’immobilier pour gagner de l’argent. J’ai commencé la boxe en plus des petits boulots. Quand j’ai commencé à m’investir vraiment, j’ai changé de club. J’en ai trouvé un à ½ heure de Phnom Penh, donc je dormais là-bas. On était une vingtaine avec seulement 2 ou 3 boxeurs professionnels.

MLBT : Tu voulais devenir boxeur professionnel ?

Théordore : Il faut savoir qu’ici, il n’y a pas vraiment de boxeurs professionnels, la plupart ont untravail à côté. On ne peut pas gagner sa vie au Cambodge en étant boxeur professionnel, il vaut mieux aller en Amérique ou au Japon. Je m’entraine dur pour essayer d’y arriver. Je m’entraine 1h30 le matin ou l’après-midi et j’entraine aussi des gens. Je peux faire 6h d’entrainement par jour. C’est très intensif. Mon entraineurs est français, il a été champion d’Europe de MM1 (free-fight) et il a fait 31 combats par KO en boxe thaïe.

MLBT : Et toi tu arrives à gagner ta vie avec la boxe ?

Théodore : Oui j’arrive à gagner de l’argent en entrainant d’autres personnes. J’adore vraiment ce que je fais. Si je ne m’entraine pas, je ne me sens pas bien. C’est devenu une hygiène de vie. Je mange sainement, je ne bois pas d’alcool et je fais du sport. Mon seul regret est de manquer de culture générale, j’essaye de me rattraper en regardant des chaines comme Discovery Channel par exemple.

MLBT : Tu n’as jamais eu envie de revenir en France définitivement ?

Théodore : Non pas du tout. J’aime la France pour les vacances, il y a de belles choses, surtout dans la campagne, mais je n’aime pas et ne veux pas de la routine française. Ici la routine est plus agréable, tu peux faire ce que tu veux, tu te sens plus libre. En plus ici, c’est beaucoup plus simple de se déplacer, pas comme à Paris. Je trouve que les français sont gentils mais moins accueillants que les khmers.

MLBT : Est-ce que tu aurais un conseil à donner à une personne qui souhaite vraiment s’intégrer ici ?

Théodore : Pour bien s’intégrer, la première chose à faire est d’apprendre la langue et d’essayer de bien comprendre la culture, l’histoire du pays. Mais le mieux est de tomber amoureux du Cambodge. Il ne faut pas être simplement là pour en profiter. Encore aujourd’hui, même pour moi c’est dur de ne pas juste passer pour un blanc. C’est aussi pour cette raison que je fais de la boxe. C’est pour avoir la reconnaissance. Aujourd’hui, je suis connu pour boxer même mieux que les khmers. J’ai des supers supporters qui m’encouragent encore plus que si j’étais khmer, parce qu’ils savent que j’ai fait des efforts d’intégration.

Je pense aussi que tu ne peux pas t’intégrer si tu restes que 3-4 ans. C’est seulement si tu veux faire ta vie ici que tu fais vraiment des efforts d’intégration.

  Maxence Pezzetta

Jonathan : De barman à webmarketeur!

Jonathan Polakowski, de nationalité Belge, a monté Social Media Plus. Une entreprise de Web-Marketing qui consiste à faire de la communication sur les réseaux sociaux. Avant, il était propriétaire d’un bar en Belgique. Comment a-t-il était amené à travailler dans le web ? Il nous raconte son parcours.Entreprendre en Asie - Cambodge - Jonathan Polakowski - Social Media Plus

My Little Big Trip : Bonjour Jonathan, pourquoi as-tu décidé de partir pour le Cambodge ?

Jonathan Polakowski : Le meilleur ami de mon frère vivait à Phnom Penh. Ça faisait 27 ans que j’habitais à Bruxelles et je gérais un resto-bar dans le vieux Bruxelles. Ça a très bien marché les premières années mais, avec la concurrence qui augmentait, la crise et les taxes, ce n’était plus possible. En plus de cela, je travaillais énormément et je n’avais pas un gros salaire. Je travaillais 12h à 14h par jour. On avait une activité de restauration midi et soir puis nous étions bar. J’ai décidé d’arrêter ce business et je suis allé faire un tour en Asie en 2005.

MLBT : Tu voulais faire un tour d’Asie ou simplement apprendre à connaître le Cambodge ?

Jonathan : Au départ j’étais venu pour faire un tour d’Asie du Sud-Est. Mon premier stop était chez le meilleur ami de mon frère et j’ai finalement décidé d’acheter une moto et de visiter le Cambodge de long en large. Au départ, ce voyage était une pause de 4 mois. Au bout de 4 mois, j’avais utilisé le budget que j’avais prévu pour le voyage et je suis rentré à Bruxelles… Je n’ai pas tenu plus de 3 semaines. C’est à ce moment que j’ai tout vendu et que je suis revenu au Cambodge mais cette fois-ci, pour vraiment faire quelque chose.

Entreprendre en Asie - Cambodge - Jonathan Polakowski - Social Media PlusMLBT : Tu avais prévu combien pour t’installer ici et trouver un travail ?

Jonathan : Je suis parti avec 5000 euros en poche. J’ai trouvé un appartement à 160$ par mois en arrivant et j’ai commencé à rencontrer pas mal de gens en fréquentant les bars d’expatriés. Au bout de 6 mois j’ouvrais un bar avec un français avec lequel j’étais devenu ami.

MLBT : Tu t’es bien débrouillé. Que s’est-il passé ensuite ?

Jonathan : Le bar n’a pas duré et trois mois plus tard je montais un restaurant qui s’appelait « The Kitchen ». Le concept était de manger occidental le midi avec sandwich, salade et pâtes. Le soir je faisais du khmer exotique avec par exemple du crocodile, du kangourou, ou de l’autruche. Je me fournissais en Australie et à Siem Reap dans le nord du Cambodge. Ça marchait très bien.

MLBT : Tu as fait ça combien de temps ?

Jonathan : Pendant 1 an. Ensuite j’ai eu une offre intéressante pour racheter l’endroit. Ça marchait bien mais pas assez à mEntreprendre en Asie - Cambodge - Jonathan Polakowski - Social Media Pluson goût. En plus il n’y avait que 22 places donc je ne pouvais pas vraiment gagner beaucoup plus d’argent. Ensuite j’ai été engagé chez S&A. C’est une entreprise qui, aujourd’hui, possède 5 restaurants, 1 club et 2 bars. A l’époque ce n’était pas aussi abouti. En trois ans et demi on a ouvert 2 restaurants. J’y ai travaillé 3 ans et demi en tout sachant qu’en 6 mois je suis passé « Managing Director ». Je suis ensuite parti travailler chez RMA qui est le 2ème ou 3ème plus gros groupe du Cambodge.

MLBT : Qu’est-ce que tu faisais chez RMA?

Jonathan : J’étais consultant food and beverage en tant que chef de produit. Ce qui les intéressait était d’avoir l’approche occidentale sur leurs produits. On avait 1000 employés et 27 points de ventes. J’ai arrêté RMA en Novembre 2011 pour monter Social Media Plus en juillet 2012.

MLBT : Comment as-tu eu l’idée de monter Social Media Plus?

Jonathan : J’étais très intéressé par les médias sociaux, j’ai beaucoup lu à ce sujet ces dernières années. J’ai tout de suite vu le côté business. Un jour, j’ai lu un article d’un certain Anthony dans le Phnom Penh Post qui correspondait exactement à la vision que j’avais des réseaux sociaux. On s’est rencontrés par le biais de mon ancien manager et au bout du deuxième rendez-vous, nous décidions de nous associer.

Entreprendre en Asie - Cambodge - Jonathan Polakowski - Social Media PlusMLBT : Quel est l’objectif de cette société ?

Jonathan : Le but est d’avoir une présence sur les réseaux sociaux au Cambodge. On a constaté que le réseau de référence ici était Facebook. Twitter et Linkedin ne sont pas trop utilisés. Facebook a été une révolution au Cambodge. Les gens connaissent les actualités en regardant Facebook avant de regarder les infos !

MLBT : C’est vrai que c’est impressionnant! Vous avez déjà des clients ?

Jonathan : Oui, on travaille avec Vespa, Corona, Ezecom, Heineken et Johnnie Walker. On leur anime une page Facebook et on fait également de la publicité sur Facebook pour eux. Avec le temps on devient une agence de publicité sur les réseaux sociaux et on fait du conseil en stratégie Marketing. Pour la suite, on va essayer de s’internationaliser et de travailler sur les applications.

MLBT : Au niveau administratif, ça se passe comment ?

Jonathan : Il faut avoir un associé Cambodgien qui a 50% du capital. Mais à part ça, c’est très facile et ça va très vite au niveau administratif.

MLBT : Comment vis-tu ce changement de statut et d’habitudes de travail ?

Jonathan : Très bien ! Je me lève tous les matins avec « la banane » comme on dit. Je n’ai jamais été aussi content d’aller travailler. Les employés sont très motivés également, on teste de nouvelles méthodes de travail. C’est génial !

    Maxence Pezzetta

Gaël : directeur du stade de Phnom Penh

Qu’est-ce qui amène un Directeur Général d’une grande entreprise de Telecom à devenir un membre du directoire d’un stade et à y organiser des événements ? Nous avons rencontré Gaël dans cet immense établissement. Arrivés dans les locaux, deux équipes s’affrontent au basket sur le terrain et un événement est organisé à l’étage dans le cadre de Halloween.Entreprendre en Asie - Cambodge - Gael J Campan

My Little Big Trip : Bonjour Gaël, en quoi consiste cette affaire? Est-ce un stade ou un lieu d’organisation d’évènements ?

Gaël  J. Campan: Les deux. Le concept est l’organisation d’événements dans le stade. Nous avons aménagé l’établissement de manière à ce qu’il y ait un espace VIP à l’étage. Toute la stratégie est basée sur les événements, même si elle a évolué entre le lancement et maintenant.

My Little Big Trip : Mais, avant toute chose, peux-tu nous expliquer comment tu en es arrivé là ? Comment as-tu été amené à t’intéresser à un stade ?

Gaël : Un concours de circonstances en réalité. Je n’ai pas eu, pour ainsi dire, une vie toute tracée. Certaines personnes ont une vocation et exercent le même métier toute leur vie. Ça n’a pas été mon cas. Quand j’avais 16 ans, j’aurai pu être footballeur professionnel. J’ai arrêté rapidement parce que le milieu ne me convenait pas. J’ai également décidé de poursuivre mes études.

Entreprendre en Asie - Cambodge - BeelineMy Little Big Trip : Quelle orientation as-tu choisie ?

Gaël : J’ai fait la fac de droit d’ Aix-Marseille. C’est un système qui me convenait très bien car je suis très indépendant. Je vais toujours à fond dans ce que je fais, j’aime les challenges, c’était parfait pour moi. Je suis allé jusqu’au doctorat et je suis devenu économiste. Un jour, j’ai eu une opportunité dans le Consulting. C’était au moment de la fusion entre Bossard et Gemini Consulting, à la naissance de ce qui est ensuite devenu Capgemini. C’était une période très intéressante car les deux boites n’avaient pas le même mode de fonctionnement et deux visions du conseil s’affrontaient.

My Little Big Trip : Combien de temps es-tu resté chez Capgemini ?

Gaël : J’y suis resté 3 ans. Au bout de 3 ans, je voulais être entrepreneur. J’ai donc monté ma propre boite de conseil avec plusieurs collègues. C’est à ce moment qu’un de nos anciens clients dans les télécoms est venu nous trouver, mon équipe et moi, pour l’aider à prendre le contrôle et à gérer 12 sociétés en Afrique subsaharienne. Cette mission a duré deux ans. Ensuite, j’ai vendu mes parts et immigré en Israël pour des raisons personnelles. J’y étais consultant indépendant pendant deux ans. Plus tard, une entreprise de télécoms m’a demandé de la rejoindre et de travailler en Sierra Leone comme directeur général, puis encore au Congo Kinshasa.

My Little Big Trip : Et quand est-ce que tu es arrivé au Cambodge ?Entreprendre en Asie - Cambodge - Beeline Arena

Gaël : Avec mon expertise des télécoms et des marchés émergents, un chasseur de tête m’a proposé de rejoindre Vimpelcom pour monter une filiale au Cambodge pour eux. J’étais CEO c’est-à-dire Directeur Général. J’ai travaillé trois ans et demi pour eux et j’ai arrêté en mai 2012. L’opportunité du stade est venue quelques semaines plus tard, quand ses actionnaires m’ont demandé si je voulais les aider à en superviser le développement.

My Little Big Trip : Est-ce que ce n’est pas angoissant d’aller dans les pays en voie de développement, voir sous-développés pour monter des business ? Rien n’est fait et ça peut être dangereux n’est-ce pas ?

Gaël : Il y a des bons et des mauvais côtés c’est sûr. Il est important de se connaître. Moi j’aime le challenge, j’aime les situations complexes qui demandent de la réflexion. Je n’ai pas d’appréhension à aller dans des pays hostiles. J’ai vécu 2 guerres civiles à Kinshasa. Il faut avoir un certain état d’esprit, une certaine manière de fonctionner. L’environnement est certes souvent hostile mais les conditions de travail sont exceptionnelles. C’est ce qui permet d’y réussir.

En plus, l’évolution n’est pas la même dans les pays émergents. Je n’aurais jamais pu devenir DG d’un opérateur télécoms si j’étais resté en France.

My Little Big Trip : Pour le stade, le concept est donc l’organisation d’événements. Comment te rémunères-tu ?

Entreprendre en Asie - Cambodge - Beeline ArenaGaël : Pour le moment, le but est de se faire connaître. On organise une petite dizaine d’évènements par mois. Nous proposons des événements liés au sport : boxe, volleyball (sport national au Cambodge), basket etc. mais aussi des événements liés aux loisirs : cirque, soirées, réceptions. Nous proposons un forfait à 19$ pour un mois où il est possible d’assister à tous les. Pour le lancement, si le porteur de la carte vient avec un invité, c’est gratuit pour l’invité.

My Little Big Trip : Quel conseil donnerais-tu à une personne qui décide d’aller s’implanter à l’étranger ?

Gaël : Il faut être capable de s’adapter au pays dans lequel on choisit de vivre. Pour ma part, je ne ressens pas le besoin de rester auprès de la communauté française. Je suis bien intégré ici, au Cambodge. Il ne faut pas avoir peur de sortir de sa zone de confort et croire en sa propre faculté d’adaptation.

  Maxence Pezzetta

Le fondateur de Cambodia Pocket Guide

Nous sommes à « La Patate » à Phnom Penh, repaire des francophones de la ville. Philippe Janowski, accepte de nous raconter comment il a monté son entreprise « Cambodia Pocket Guide », qui comme son nom l’indique consiste à créer et à distribuer des guides de poches sur le Cambodge. Mais l’histoire de Philippe commence bien avant… Replongeons nous en 1986…Entreprendre en Asie - Cambodge - Philippe Janowski - Cambodia Pocket Guide

Philippe : Tout a commencé en 1986. J’étais étudiant à l’université, j’étudiais le portugais pour devenir traducteur interprète. Et comme on n’apprend jamais mieux qu’en allant dans le pays, je suis parti pour le Portugal, ma moto et moi. J’avais 20 ans et je vous garantit qu’à l’époque, c’était la grande aventure! Ce voyage m’a ouvert les yeux sur le voyage en solitaire, j’étais transformé et je n’avais qu’une envie c’était de repartir. Je m’étais fixé l’objectif de repartir quand j’aurais du temps et de l’argent.

My Little Big Trip : Beaucoup de personnes se le disent aujourd’hui et ne le font jamais. De toute évidence tu y es arrivé. Que s’est-il passé ensuite ?

Philippe : J’ai fait mon service militaire et en revenant j’ai acheté une moto et je suis parti faire le tour du Brésil pendant 1 an. Toujours dans l’objectif d’améliorer mon portugais. Au bout d’un an je suis rentré en Belgique, je m’étais engagé auprès de ma copine à revenir au bout d’un an et j’ai tenu parole. Mais j’étais resté sur ma faim. De nouveau, je savais que j’allais repartir.

My Little Big Trip : En couple cette fois ?  :smile:

Entreprendre en Asie - Cambodge - Philippe Janowski - Cambodia Pocket GuidePhilippe : Non, le couple n’a pas duré, elle n’avait pas les mêmes ambitions que moi. Moins d’un an et demi après mon retour, je suis reparti au Brésil et j’ai enchainé par un tour d’Amérique du Sud pendant 1 an. Je suis rentré au bout d’un an parce que j’ai eu une opportunité professionnelle. Sans cela je ne serais pas rentré. J’ai travaillé pendant 1 an et je suis reparti.

My Little Big Trip : Waow, quel parcours! Tu es allé où?

Philippe : J’ai racheté une moto pour aller en Inde. J’avais prévu 2 ans. Puisque les 2×1 an n’avaient pas été suffisantes, ça me semblait juste. Cette fois-ci, je n’avais plus de limite. Rien ne m’attendait, ni job, ni personne.

My Little Big Trip : Et finalement ton voyage a duré combien de temps ?Entreprendre en Asie - Cambodge - Philippe Janowski - Cambodia Pocket Guide

Philippe : Il a duré 7 ans ! Quatre ans après mon départ, je me suis décidé à rentrer. Sauf qu’en 2001, à cause des attentats du 11 septembre, la situation était dégradée au Pakistan et en Iran. Impossible de traverser ces pays. Or, c’était ma route… Je me suis dit que si je ne pouvais pas traverser, je ne rentrais pas. Je suis donc reparti pour la Mongolie et j’ai continué mon périple pendant 3 ans.

My Little Big Trip : En fait tu n’es jamais retourné en Belgique ?

Philippe : (rire) Non jamais. Je suis arrivé au Cambodge, je me suis associé et j’ai lancé une ligne de guides de poche et de plans de poche. C’était il y a 9 ans. Les guides de poches n’existaient pas, on les distribue gratuitement et nous nous finançons grâce à la publicité. Aujourd’hui, nous sommes présents à Phnom Penh, Siem Reap et Battambang.

My Little Big Trip : Tes guides s’adressent à quel genre de public ?

Philippe : Les expatriés et les voyageurs en général. Il y en a pour tous les goûts avec des gammes de prix pour satisfaire les backpackers Entreprendre en Asie - Cambodge - Philippe Janowski - Cambodia Pocket Guidecomme les diplomates (dit-il en nous tendant un de ses guides). J’ai également lancé une revue qui s’appelle « Elite » et qui est destinée à un public plus aisé.

My Little Big Trip : Tes guides sont vraiment de bonne qualité ! Du coup, une fois que tu en as fait un tu es tranquille n’est-ce pas ?

Philippe : Non ce n’est pas si simple ! Nous les rafraichissons tous les 3 mois et il y a une dizaine de produits donc ça demande beaucoup de rigueur. Il y a également des annonceurs et des réductions disponibles dans les guides donc il faut sans cesse entretenir de bonnes relations avec nos partenaires.

My Little Big Trip : Finalement, quel est le secret pour réussir en entreprenant à l’étranger comme tu l’as fait ?

Philippe : La première chose est d’avoir un peu de chance et la seconde est de s’investir à fond. Monter une entreprise, que ce soit en France ou à l’étranger demande beaucoup de travail et de rigueur. Il y a toujours des obstacles (les clients, le gouvernement, les fournisseurs…). Il faut toujours relativiser et s’engager dans le travail sans jamais lâcher le morceau. Il faut s’investir dans la qualité et ne pas faire de concession.Entreprendre en Asie - Cambodge - Philippe Janowski - Cambodia Pocket Guide

My Little Big Trip : Et quelle a été ta chance ?

Philippe : J’ai eu beaucoup de chance avec mes associés et partenaires qui s’investissent dans la qualité et qui ne se laissent pas distraire. Ils sont très rigoureux.

My Little Big Trip : Donc tu es bien implanté au Cambodge, tu comptes y finir ta vie ?

Philippe : Oui. J’ai une femme qui est Cambodgienne et on a un bébé de 5 mois  :lol: Ma vie est ici maintenant.

    Maxence Pezzetta

Olivier: DG Asie de Poema Assurance

Nous rencontrons Olivier durant sa pause entre midi et deux. Voilà maintenant plusieurs années qu’il est arrivé au Cambodge. Il est aujourd’hui à la tête de plusieurs entreprises. Il est également Directeur Général Asie de Poema assurance.

My Little Big Trip : Bonjour Olivier, quand as-tu souhaité partir pour le Cambodge ?Entreprendre en Asie - Olivier Valeix Galman - Poema Assurance

Olivier Valeix Galman : Mon histoire avec le Cambodge a commencé il y a très longtemps. J’avais 12 ans lorsque mes parents ont décidé de recueillir un enfant qui fuyait le Cambodge pendant la période des khmers rouges. Il avait 20 ans quand il est arrivé chez nous. Depuis, je me suis toujours dis que je viendrais au Cambodge. L’installation s’est faite progressivement. Je suis venu plusieurs fois en vacances et j’ai décidé de m’installer ici en 2007.

MLBT : Tu avais déjà quitté la France pour vivre dans un autre pays ?

Olivier : Oui, déjà je suis Israélien d’origine. J’ai vécu 5-6 ans en France et j’ai ensuite décidé d’aller vivre en Polynésie Française, à Tahiti. J’ai fait mon service militaire là-bas, je suis retourné en France pendant 2 ans et en Polynésie par la suite.

MLBT : Comment en es-tu arrivé à avoir ta propre compagnie d’assurance ?

Olivier : J’ai fait des études de médecine à l’origine. Pendant mes années d’internat, j’ai fait de l’informatique médical et de fil en aiguille, cette opportunité m’a permis d’avoir une opportunité chez Poema. J’y ai travaillé quelque temps et on m’a proposé de monter une annexe du groupe en Asie. J’ai ouvert des bureaux en Thaïlande, Laos, Cambodge et au Myanmar (depuis 2 mois).

MLBT : Tu emploies donc des khmers, la différence culturelle ne pose pas de problème ?

Entreprendre en Asie - Olivier Valeix Galman - Poema AssuranceOlivier : Tous mes associés sont franco-khmer. J’ai monté toutes mes sociétés avec mon frère. Il y a des différences culturelles mais c’est ça qui est intéressant, c’est ça que je suis venu chercher et je m’y attendais en venant habiter ici. Il faut savoir s’adapter à la culture étrangère autant dans la vie que dans le travail. Au Cambodge, les gens sont très ouverts et favorisent l’échange et l’intégration. C’est dû à leur histoire.

MLBT : Est-ce que tu as connu des gens qui sont venus s’implanter ici et qui se sont plantés ?

Olivier : Oui. J’ai vu plein de personnes arriver pleines de bonne volonté et qui se sont planté au bout de 6 mois. Les gens tombent dans le piège de la facilité. Ils ne connaissent pas le business qu’ils doivent monter, ne comprennent rien à la culture ou montent des business qui ne sont pas originaux et où la concurrence est rude. J’ai racheté deux affaires comme ça.

MLBT : Est-ce que tu aurais un conseil a donner à une personne qui veut s’implanter au Cambodge et y monter son entreprise ?

Olivier : Il faut être vigilant et ouvert. Il faut avoir la tête sur les épaules, être bien organisé et ne pas se faire avoir.Entreprendre en Asie - Cambodge - Olivier Valeix Galman - Poema Assurance Il est très important de comprendre la façon de vivre du pays et ne pas essayer de la changer. Moi c’est quelque chose que j’adore, m’adapter au pays en remettant en cause mes acquis. Au niveau business, j’ai eu la chance d’avoir mon frère. C’est mon point de sécurité. Il est khmer et je suis français, à nous deux, toutes les portes nous sont ouvertes dans ce pays. Il faut savoir que tout peut changer du jour au lendemain ici au Cambodge. Il faut savoir être en alerte et surveiller ses arrières. Également, il est très important de rester discret, il vaut mieux monter plusieurs petits business qu’un seul gros. De cette manière, on n’attire pas l’attention sur notre business et on évite d’attiser les mauvaises intentions.

Il faut aussi ben se rendre compte que l’environnement politique et économique peut changer très rapidement. A titre d’exemple, j’ai rencontré un couple qui avait décidé de monter un casino. Ils ont fait toutes les démarches administratives et ont dépensé beaucoup d’argent pour l’installation. Trois jours après l’ouverture, un décret passait qui interdisait les casinos. Ils ont tout perdu.

MLBT : Mais ils ne pouvaient pas le prévoir n’est-ce pas ?

Olivier : Non, c’est pour ça qu’il est très important de TOUT sécuriser, essayer de s’assurer contre le risque politique. Pour ma part, je ne serais pas là si je n’avais pas eu un frère khmer. Je n’aurais jamais rien monté au Cambodge. Aujourd’hui ,je ne travaille et ne m’associe qu’avec des franco-khmer.

     Maxence Pezzetta

Marie Laure : Non pas 1 mais 3 business !

Nous rencontrons Marie-Laure qui a monté 3 business différents depuis qu’elle est arrivée au Cambodge en 1994. Elle travaille aujourd’hui pour Didier que nous avions rencontré précédemment (interview disponible ICI). Marie-Laure a accepté de nous raconter sa vie riche en rebondissements !

MLBT : Bonjour Marie-Laure, peux-tu nous expliquer comment tu es arrivée au Cambodge ?

Marie-Laure : Bonjour, je suis arrivée au Cambodge en 1994. A l’époque, mon mari et moi avions un centre équestre. Je faisais moi-même de la voltige-équestre en compétition et nous gérions soixante chevaux. Nous étions débordés à cette époque et ne partions jamais en vacances. Nos meilleurs amis étaient franco-khmer et nous conseillaient sans cesse de partir. Un jour mon mari est arrivé avec des billets pour le Cambodge pour un mois.

MLBT : Quel a été l’élément déclencheur ? Etes-vous retournés plusieurs fois au Cambodge avant de prendre la décision d’y emménager ?

Marie-Laure : Non, une fois a suffi ! Il faut dire qu’à peine arrivée là-bas, j’ai eu le coup de foudre ! J’étais complètement fascinée par leur manière de vivre ! Ils sont complètement déstressés de tout, ultra relax. C’est quelque chose que je ne trouvais pas en France. En trois jours ma décision était prise, je voulais quitter la France pour m’installer au Cambodge. Mon mari était d’accord et nous avons fait en sorte de partir le plus rapidement possible.

MLBT : Comment s’est passée l’installation ? Saviez-vous ce que vous alliez faire pour gagner votre vie ?

Marie-Laure : On voulait retravailler avec les chevaux. Nous avions  commandé toute une sellerie et d’autres matériels d’équitation en quittant la France. L’idée était de les recevoir directement au Cambodge. Sauf qu’avant d’arriver au Cambodge, nous sommes allés en Nouvelle Calédonie. Un jeune que nous employions avait de la famille là-bas et nous a vivement conseillé d’aller y passer quelques temps. Nous y avons passé 6 mois.

MLBT : Ca a dû être de belles vacances !

Marie-Laure : En réalité nous voulions passer moins de temps mais nous n’avions pas imaginé une seule seconde devoir attendre 6 mois pour recevoir nos cartes bleues ! Lorsque nous sommes arrivés au Cambodge, tout notre matériel avait disparu ! Il y a eu un changement de gouvernement entre temps et l’entreprise par laquelle on avait commandé le matériel avait disparue.

MLBT : Qu’avez-vous fait ?

Marie-Laure : Il fallait qu’on réagisse vite. Nous avons choisi d’acheter un emplacement pour monter un restaurant. Ça nous a coûté beaucoup d’argent et pris du temps, notamment au niveau de la rénovation des locaux. On est restés là pendant 7 ans. Au bout de 7 ans, mon mari a proposé qu’on change de vie et qu’on achète un bateau. Nous y avons monté un restaurant également. Ça marchait très bien, ma fille faisait le marketing. Nous y sommes restés deux ans.

MLBT : Pourquoi si peu si ça marchait si bien ?

Marie-Laure : Le bateau a brulé.

GROS SILENCE……

MLBT : Que s’est-il passé ?

Marie-Laure : Il y a eu un accident. Ce soir-là il y avait 26 personnes sur le bateau alors qu’on en attendait que 16. J’ai demandé à un des employés de changer le gaz. Il semble qu’au lieu de fermer l’arrivée de gaz, il l’est ouverte… Avec la pression, le tuyau nous a échappé et bougeait dans tous les sens dans la cuisine. Le feu a pris très vite. Les extincteurs ne fonctionnaient pas car les enfants avaient joué avec. Tout fondait et on ne parvenait plus à diriger le bateau. Heureusement, des pêcheurs nous ont aidés à évacuer le bateau et il n’y a pas eu de blessés.  En ce qui nous concerne, nous n’avions plus rien car nous vivions et travaillions sur le bateau.

MLBT : Comment avez-vous fait ?

Marie-Laure : Une collecte a été organisée auprès des expatriés pour nous aider et ça nous a permis de nous racheter une villa avec chambres et restaurant. Nous y avons travaillé pendant 7 ans. A la fin, j’ai eu des soucis avec ma bâilleuse. Elle voulait doubler le loyer or mon bail était signé pour 10 ans. S’en est suivi une bataille judiciaire pendant plusieurs mois. J’ai fini par gagner et j’ai vendu le commerce. Maintenant je travaille ici chez Didier.

MLBT : Ca n’a pas été facile pour toi !! Est-ce que tu aurais un conseil aux personnes qui souhaiteraient  venir s’installer au Cambodge ?

Marie-Laure : Je leur dirai que c’est une très bonne idée mais qu’il faut une idée originale. Il ne s’agit pas de venir ici et de monter un restaurant, un bistrot ou un bar à filles. Il faut avoir les reins solides financièrement. Le top du top, selon moi, est de partir avec une entreprise ou une administration pour avoir la sécurité de l’emploi (ou en tant que retraité).

     Maxence Pezzetta

Didier : la 1ère friterie du Cambodge!

Nous avons rencontré Didier à Phnom Penh.  Nous nous baladions dans les rues lorsque nous avons vu un marchand ambulant ayant pour slogan « La première friterie belge au Cambodge » ! L’homme nous a expliqué qu’il travaillait pour Didier et que nous le trouverions probablement à « La Patate », son restaurant, quelques rues plus loin. Nous nous mettons en route et trouvons sans difficulté un établissement marqué « La Patate » avec un menu alléchant ! Didier était dans le commerce d’en face « La Bodega ». Travailler à l'étranger - Asie - Cambodge -  Friterie BelgeNous avons appris en allant à sa rencontre qu’il lui appartenait également. Et c’est parti pour une nouvelle interview, celle d’un bon vivant Belge qui a monté un commerce devenu le repaire des francophones à Phnom Pen :

My Little Big Trip : Bonjour Didier, comment es-tu arrivé à monter ton/tes commerce(s) dans la capitale du Cambodge ?

Didier : Avant d’arriver au Cambodge, j’ai vécu 15 en Thaïlande ! J’avais déjà trouvé plusieurs sources de revenu sur place. D’abord la pêche au gros, ensuite j’alimentais l’armée américaine pendant la guerre du golfe. J’ai monté un journal, « l’Echo du Siam » et ensuite « l’Echo de Phuket ».

MLBT : Ça avait l’air de bien marcher pour toi, pourquoi être parti ?

Didier : Je me suis planté sur un de mes business en Thaïlande. Les démarches et contraintes administratives en Thaïlande sont beaucoup plus importantes qu’au Cambodge. Je suis venu au Cambodge et j’ai monté l’Echo du Cambodge. La revue était surtout adressée aux francophones et anglophones. Elle regroupait des informations d’actualités, des sorties, des bonnes adresses… A l’époque j’écrivais les articles et je m’occupais de trouver des annonceurs car le but était de distribuer la revue gratuitement.

Travailler à l'étranger - Asie - Cambodge - La patate - Friterie BelgeMLBT : Et tu la publies toujours ?

Didier : Oui toujours, (dit-il en allant nous en chercher un exemplaire), mais ce n’est plus moi qui m’en occupe. Elle a bien évoluée car, suite à des problèmes de santé, mon associé et moi avons dû arrêter de travailler dessus pendant un temps. C’est donc le commercial qui a repris la revue et il y a maintenant beaucoup plus d’annonceurs dans la revue.

MLBT : Et c’est là que tu as décidé de changer d’activité ?

Didier : Oui tout à fait, j’ai monté le journal en 2006 et « La Patate » en 2007. La Bodega (qui se trouve juste en face) est encore en travaux, j’ai acheté le local en juin 2012. Je vais lancer un concept de friterie ambulante avant la fin d’année.

MLBT : Tu racontes cela comme si tu achetais des vêtements, est-ce aussi simple que ça de monter un commerce ici ?

Didier : Sincèrement oui, il n’y a pas de démarches administratives. L’investissement est moindre par rapport à ce qu’on peut trouver en Europe. A titre d’exemple, l’achat d’un commerce en triplex coute 80 000 euros. Et pour couronner le tout, les taxes sont inexistantes. Pour s’en sortir, il faut monter son affaire et sortir de l’ordinaire. En plus, ici, il faut bien se rendre compte qu’il n’y a rien, il y a tout à construire. Par exemple, on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas de remorques sur les marchés. On va donc se lancer là-dedans.Travailler à l'étranger - Asie - Cambodge - La patate - Friterie Belge

MLBT : Et concernant le management des Cambodgiens ?

Didier : C’est vrai que ce n’est pas tous les jours facile.  Ils ne fonctionnent pas comme nous. En ce qui me concerne, j’ai beaucoup d’orphelins, de gosses des rues. Ils ont entre 18 et 30 ans. Ma méthode c’est d’avoir la patience de leur expliquer, ne pas gueuler sur eux. Ils n’ont pas la même culture que nous et n’ont pas les mêmes « acquis ». Par exemple, je leur explique régulièrement qu’il faut fermer la porte du frigo. Il faut se rappeler que ça ne fait pas si longtemps qu’ils y ont accès. Ils n’ont pas les mêmes automatismes que nous.

MLBT : Tu embauches combien de personnes ?

Didier : Actuellement, j’ai 27 employés. J’ai parfois de l’absentéisme. Je me suis rendu compte qu’une fois qu’ils ont passé les 6 mois, c’est qu’ils veulent rester. Là, j’ai une cambodgienne qui est responsable du café. En deux ans, elle parle couramment l’anglais, c’est la meilleure de la salle (avec Pierre) et elle sait même torréfier le café ! Pierre, quant à lui, bosse avec moi depuis 4 ans maintenant. Il travaillait dans la rue. Il est très responsable et fiable, il s’est marié avec la cuisinière. C’est comme une famille.

MLBT : Quelle est ton ambition pour la suite ?

Didier : Donner dTravailler à l'étranger - Asie - Cambodge - La patate - Friterie Belgeu boulot aux gosses des rues. Pour le reste, j’adore bosser. Mon travail est mon hobby !

MLBT : Est-ce que tu as un conseil à donner à des personnes qui voudraient monter leur affaire au Cambodge ?

Didier : Qu’ils fassent attention à ce qu’ils montent. Ici, il y a pleins d’expatriés qui viennent et qui montent un hôtel, un restaurant ou un bistrot. Sauf qu’ils ne connaissent pas le métier. Ils n’ont jamais travaillé dans un restaurant, et ils finissent par se planter.

    Maxence Pezzetta