Romain : On se sent bien à Montréal !

Nous rencontrons Romain dans le centre-ville de Montréal. Il prend du temps pour nous expliquer comment il en est arrivé à vivre au Canada et en profite pour donner quelques conseils aux nouveaux arrivants.

MLBT : Bonjour Romain, comment en es-tu arrivé à t’installer à Montréal ?

Romain Malenfant : Lorsque j’avais 21 ans, je suis parti au Pérou pendant 1 mois. C’était mon premier grand voyage, en 2007. J’ai rencontré une fille qui habitait à Montréal et j’ai décidé de la rejoindre. Malheureusement, je n’ai pas pu m’installer tout de suite faute de visa. Je suis simplement venu à Montréal pendant 3 semaines pour des vacances et je suis rentré en France en essayant de trouver un moyen pour  revenir au Québec. A l’époque, le PVT n’était pas encore très populaire et je n’en avais jamais entendu parler. Je n’ai pas su trouver l’information sur internet et j’ai finalement décidé de rester en France pour faire une année de licence et de mettre le « projet Montréal » de côté pendant un an.

Entre temps,  j’ai un ami qui a fait un PVT à Vancouver. Il m’a raconté son expérience au Canada. Je m’étais tellement mis dans la tête que j’allais revenir à Montréal que même si je n’étais plus en contact avec la fille, j’ai fait la demande pour le PVT. Mon projet initial était de faire 6 mois à Montréal et 6 mois à Vancouver. Je suis arrivé au Québec en mars 2009.

MLBT : Comment as-tu trouvé ton logement ?

Romain : J’ai cherché un appartement avant de partir. J’ai simplement tapé sur Google « appartements Montréal » et je me suis retrouvé sur le site de l’OFQJ, c’est-à-dire l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse. Il y avait des annonces pour des appartements et une des personnes qui avait déposé une annonce m’a répondu en disant que je pourrais dormir sur son canapé pendant quelques jours. Sauf que juste avant mon arrivée, elle a eu un empêchement. Heureusement, elle a trouvé un couple d’amis qui pouvait m’héberger pendant 3 semaines. Je me suis tellement bien entendu avec eux que je suis resté là-bas pendant 9-10 mois.

MLBT : Donc finalement tu n’es pas allé à Vancouver ?

Romain : Non, finalement j’ai décidé de rester à Montréal. Au bout de 6 mois, je me suis demandé si j’avais envie de recommencer tout ce que j’avais construit dans une nouvelle ville : appartement, travail, amis etc. La réponse fut non ! Je suis quand même allé à Vancouver plus tard, mais seulement pour les vacances.

MLBT : Comment as-tu trouvé ton travail actuel ?

Romain : Je suis allé à l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) en arrivant. J’avais pris rendez-vous avec eux avant de partir. J’ai rencontré une conseillère là-bas et on a discuté de mon projet professionnel. Elle m’a tout de suite conseillé de postuler chez Percy Miller, mon entreprise actuelle. Il se trouve qu’il y avait une fille qui était dans la même promo que moi en France et qui avait des amis qui travaillaient chez Percy Miller. Elle a envoyé mon CV, j’ai reçu un appel rapidement pour un entretien et j’ai eu le poste pour lequel je postulais : Conseiller commercial.

MLBT : Tu as donc été pris dès ton premier envoi de CV ?

Romain : Pas exactement. J’ai bossé dans une entreprise spécialisée dans les inventaires en arrivant. Ce n’est pas le boulot rêvé mais au départ,  je n’ai pas fait le difficile. Percy Miller m’a appelé pour me dire que j’avais le poste seulement une semaine après avoir démarré dans les inventaires.

MLBT : As-tu remarqué une différence culturelle dans le travail ?

Romain : En fait,  je ne suis pas réellement confronté à la culture québécoise dans le travail. Percy Miller a pour marché cible la France et pour cela nous avons besoin d’avoir des commerciaux qui connaissent le  marché français, son environnement, etc… On est une cinquantaine pour zéro québécois. C’est une entreprise assez particulière finalement.

MLBT : Tu fréquentes des Québécois en dehors du travail ?

Romain : Oui, j’ai vécu en collocation avec un Québécois pendant trois ans et demi et un autre pendant un an et demi. Sinon, mes activités extra professionnelles font que je fréquente beaucoup de Français ou de Québécois issus de l’immigration, c’est-à-dire des Québécois dont les parents sont immigrés. Mes centres d’intérêts ne favorisent pas la rencontre avec des Québécois. Par exemple je joue au foot, mais dans une équipe remplie… De Français, Mexicains, Marocains, mais pas ou très peu de Québécois.

MLBT : Selon toi, il y a-t-il des freins à l’intégration ?

Romain : Je pense qu’il peut y avoir des incompréhensions culturelles. Certaines choses peuvent te sembler normales mais être mal perçues ici. Les codes de la société française et québécoise sont complètements différents. On se laisse facilement avoir par le fait que les Québécois parlent français, il est commun de dire que ce sont nos cousins mais ce n’est pas du tout pareil.

Autre chose, il y a de grosses différences dans le relationnel. La plupart des Français trouvent que c’est agréable lorsqu’ils arrivent ici car  les gens sont sympathiques et chaleureux de prime abord. Il est vrai que quand on arrive à Montréal, la nouveauté fait que tout semble génial. Lorsque l’on parle à un Québécois à la caisse ou qu’on demande son chemin, on a tout de suite un « Allo, ça va bien? ». C’est le jour et la nuit par  rapport à la France et c’est vrai qu’au quotidien, c’est agréable. Le problème c’est que si tu veux te faire un ami de la personne super sympa que tu as rencontré en soirée, ça se complique et la distance s’établit.

Il faut aussi garder en tête que nous n’avons pas les mêmes repères. Il est certain que tu auras plus de points communs avec un Français qu’avec un Québécois car les références sont différentes. Nous n’avons pas partagé les mêmes émissions de télé ou dessins animés quand nous étions jeunes.

Dernière chose concernant les différences culturelles ; Il faut savoir que les Québécois sont plus dans l’évitement du conflit. Les relations sont plus consensuelles. Généralement, les Français aiment le débat, ils sont habitués à ça. Ici c’est différent, certains québécois ne vont pas nécessairement te le dire si il n’est pas d’accord avec toi.

MLBT : Te sens-tu intégré ?

Romain : Ca dépend comment tu le vois. En ce qui me concerne, ça fait 4 ans et demi que je suis là. Oui je me considère intégré. J’ai un job, des amis, un appartement. Par contre, je ne fréquente pas énormément de Québecois. La plupart de mes amis sont Français.

MLBT : Sens-tu une différence de traitement parce que tu n’es pas Québécois ?

Romain : Pas vraiment mais je fais toujours attention. Je n’ai jamais senti de racisme envers moi, maintenant je sais pertinemment que nous ne sommes pas appréciés par tout le monde. En tant que Français on a une mauvaise réputation d’arrogants et j’essaye de faire en sorte de ne pas propager cette image. Je garde en tête que je ne suis pas chez moi, je ne suis pas dans mon pays. Je ne suis pas Québécois, je ne suis pas né ici etc. Je ne veux pas que les gens aient des préjugés sur moi à cause de ma nationalité.

MLBT : Pourquoi restes-tu?

Romain : Je reste à Montréal parce qu’ici c’est plus relax. Les gens sont tranquilles et accueillants et la qualité de vie est super. On s’y sent bien. Il s’y passe pleins de choses pendant l’été : festivals, concerts etc.

Quand je demande l’avis des gens autour de moi, ce qui revient souvent c’est qu’ils se sentent bien ici. Et puis, c’est vrai que le fait de ne pas être dans son pays d’origine donne un peu l’impression d’être en vacances,  même si je travaille 40h par semaine.  Il est vrai cependant que cet effet s’estompe avec le temps. Je n’ai jamais autant voyagé que la première année ou je suis arrivé. Pensant que ça ne durerait qu’un an, je profitais de chaque occasion pour sortir de Montréal. Maintenant que je suis installé, je entre dans une routine, je pars moins et la sensation d’être en vacances est moins forte. En tous cas être à Montréal rend plus accessible pas mal de destinations vacances qui seraient hors de prix en partant de la France, et ça c’est génial.

MLBT : As-tu l’impression que le fait de vivre à l’étranger te rend différent ?

Romain : C’est vrai que je me suis fait la réflexion. Je pense que si je rentrais en France,  je ferais plus de choses, par exemple, je partirais plus facilement en weekend end en Europe.

MLBT : Quelle est ta vision de la France?

Romain : Je suis en contact quotidiennement avec la France dans le cadre de mon travail. Ça me permet d’avoir une idée de la situation. J’entends tous les jours que ça va mal. Ensuite, il y a ce que je lis et ce que j’entends autour de moi. Franchement,  ça ne me fait pas rêver. Avec du recul, j’ai l’impression que c’est comme ça depuis toujours. Effectivement, il y a une crise économique mondiale mais je pense que même si ça allait mieux, on se plaindrait toujours autant et on entendrait toujours autant que ça va mal. Quand je rentre en France, je ne ressens pas la crise. Dans ma famille, personne n’a perdu son emploi etc. Je ne dis pas que je ne crois pas à la crise en France. Je pense juste qu’il y a des gens qui vivent des situations bien pires dans d’autres pays et qu’ils ne se plaignent pas autant. C’est un réflexe bien français.

MLBT : As-tu un conseil  à donner aux gens qui auraient envie de s’installer à Montréal ?

Romain : Ne confondez pas vacances et immigration. Il y a une grosse différence entre le fait d’être en vacances et celui de devoir trouver un travail et s’intégrer. Ce n’est pas si difficile mais il y a quelques pièges à éviter. Niveau travail par exemple, il faut être capable de faire des concessions, quitte à ne pas travailler dans sa branche au départ pour se faire une première expérience, très importante au Québec. Ça peut être très mal vécu si en plus la personne avait une situation solide en France et un job qui lui plaisait, dans son domaine.

Et surtout, il faut bien se rendre compte qu’il n’y a personne qui nous attend ici. Il faut bien prendre conscience que les Québécois n’accordent pas d’importance au fait que tu sois là ou pas. On est seuls et on se débrouille, c’est ça le challenge !

Category: CANADA
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3 Responses
  1. Véro says:

    Bonjour Romain et « terrapon » !

    J’ai postulé chez PercyMiller et je viens de recevoir une invitation à être recontacter.

    Je suis Française et j’ai aussi de grands enfants et l’envie de nouvelles expériences professionnelles.

    Pouvez-vous me dire où en êtes-vous ? Avez-vous des conseils ?
    Merci à vous.
    Véro.

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